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Constructeurs

Volkswagen : Le joyau de l’Elbe

Publié le 16 janvier 2004

Par Alexandre Guillet
7 min de lecture
Pour assembler son modèle haut de gamme, Volkswagen n'a pas hésité à mettre les petits plats dans les grands : il a fait bâtir en plein centre de Dresde un véritable monument de verre tenant lieu d'usine et de showroom pour la Phaeton. Cette somptueuse vitrine, d'où ne sont sortis que 6 000...
Pour assembler son modèle haut de gamme, Volkswagen n'a pas hésité à mettre les petits plats dans les grands : il a fait bâtir en plein centre de Dresde un véritable monument de verre tenant lieu d'usine et de showroom pour la Phaeton. Cette somptueuse vitrine, d'où ne sont sortis que 6 000...

...modèles en 2003, affirme haut et fort les ambitions de la marque dans le segment des véhicules de luxe.


Est-ce vraiment une usine ? Assemble-t-on vraiment des véhicules à l'intérieur de ce bâtiment de 70 000 m2 presque entièrement fait de verre ? Difficile, à première vue, de croire que cet édifice à l'architecture recherchée soit véritablement un site de production automobile, d'où sont sorties les 6 000 Phaeton vendues cette année. D'autant plus que Volkswagen a choisi d'implanter son usine pratiquement dans le centre de Dresde, la "Florence de l'Elbe", l'une des villes les plus visitées par les touristes d'Allemagne et qui, bien que détruite à 60 % pendant la deuxième guerre mondiale, reste réputée pour son aura culturelle et pour la beauté de son centre-ville. Usine ? Pas tout à fait. Le constructeur allemand préfère parler de manufacture transparente et évoquer à la fois le côté fait main de son modèle de luxe et le fait que la ligne d'assemblage, entièrement entourée de parois vitrées, est visible de l'extérieur comme de l'intérieur du bâtiment.

Usine d'apparat, elle ouvre largement ses portes aux clients

Il s'agit en effet d'une véritable vitrine, au sens propre comme au sens figuré, pour la marque qui n'a pas lésiné sur les moyens pour se bâtir une nouvelle réputation dans les segments luxueux.




DETAILS

Bulle de loisir

Au milieu du hall d'entrée de l'usine s'élève une gigantesque sphère sous laquelle se trouve un espace dédié au loisir. En effet, les visiteurs de la manufacture de Dresde peuvent essayer virtuellement la Phaeton grâce à un simulateur de conduite. De même, sous la sphère, est placé un écran tactile de deux mètres de long et un mètre de haut grâce auquel le client peut définir la configuration de sa future Phaeton en grandeur nature.
L'usine de Dresde n'a pas pour unique vocation d'assembler les Phaeton, mais se positionne également comme un lieu de réception de la clientèle, un lieu où celle-ci peut venir voir comment sa voiture est construite avant de repartir avec.
Les clients, mais aussi parfois de simples visiteurs, entrent ainsi dans un gigantesque hall d'accueil et ont le choix d'aller dans le restaurant chic intégré dans l'usine, s'ils ont seulement décidé de venir manger, ou bien de se diriger vers le hall de présentation de la Phaeton où ils pourront découvrir différents modèles aux équipements variés. En gravissant quelques marches, les futurs acquéreurs sont ensuite emmenés dans un salon divisé en plusieurs ateliers où ils pourront, aidés d'un conseiller clientèle, concevoir eux-mêmes l'agencement intérieur de leur voiture. De la couleur du cuir ou du tissu pour les sièges, des garnitures de portes, du tableau de bord, en passant par l'équipement électronique embarqué, jusqu'aux accessoires badgés Phaeton tels que les bagages et même la porcelaine, tout est fait pour que le client puisse personnaliser son achat au maximum, le tout dans une ambiance chaude et cossue, assis dans des fauteuils moelleux et avec vue sur la ville.

Une chaîne de montage de luxe

Une fois la Phaeton accommodée au bon vouloir du client, la visite peut se poursuivre au fil des chaînes de montage du véhicule. Une passerelle au-dessus de la chaîne mène à une plate-forme centrale d'où l'on peut voir la quasi-totalité de l'assemblage de la voiture. Il est vrai que les usines actuelles ne ressemblent plus à celles d'antan, les méthodes de production en flux ultra tendu ont amené avec elles des principes de propreté et de clarté bien plus importants qu'avant. Mais la




EN CHIFFRES

  • 2001
    Date de création

  • 186,62
    L'investissement en millions d'euros

  • 55 000
    La surface de production en m2

  • 15 000
    La surface de halls de présentation en m2

  • 150
    Phaeton par jour c'est la capacité maximum de production

  • 30
    Phaeton par jour c'est la production actuelle
  • manufacture de Dresde semble avoir porté le principe à son paroxysme, le constructeur ayant décidé de construire son modèle de luxe dans des conditions luxueuses. Il n'a ainsi pas cherché à exploiter l'espace à son maximum, au contraire : les différents postes d'assemblage sont très spacieux et les ouvriers, tout de blanc vêtus, sont largement à l'aise pour se mouvoir autour de la carrosserie. La luminosité des lignes d'assemblage, qui se trouvent au milieu d'immenses baies vitrées, et le parquet recouvrant le sol renforcent cette impression de luxe. Chaque voiture est montée sur un vérin hydraulique permettant à l'opérateur de la manœuvrer pour accéder plus facilement aux éléments qu'il doit assembler. Une armoire dédiée à chaque carrosserie contient toutes les pièces nécessaires au montage du véhicule et le suit automatiquement tout au long du processus de fabrication, grâce aux capteurs, placés sous le parquet, qui permettent de télécommander les armoires. Tout au long du trajet de la carrosserie sur la première ligne, le câblage, la climatisation, le tableau de bord, les garnitures d'intérieur, le toit ouvrant sont montés à la main sur la caisse. Une fois le tour effectué, la carrosserie est dirigée par la voie des airs vers la deuxième ligne d'assemblage. C'est là qu'interviennent les trois seuls robots de la manufacture qui ont pour fonction de faire le logement de la roue de secours, de monter les roues et de poser le pare-brise. C'est également sur cette deuxième ligne qu'a lieu le mariage entre la carrosserie et le moteur : la Phaeton est alors terminée. Il aura fallu en tout près de trois jours et demi pour compléter l'assemblage d'un véhicule. Après une batterie de tests de qualité et de vérification, chaque véhicule est alors emmené dans la tour de 40 mètres de haut où ils sont stockés avant de partir chez les clients.

    Volkswagen s'ouvre à un nouveau segment

    Cette monumentale usine qui marque l'arrivée en grande pompe de Volkswagen dans les segments du très haut de gamme, où le constructeur de la "voiture du peuple" se frotte désormais aux valeurs sûres que sont les Mercedes Classe S, BMW Série 7 ou encore Audi A8, ne tourne pas encore à plein régime. Dimensionnée pour une capacité quotidienne de 150 unités, l'usine de Dresde ne produit pour le moment que 30 Phaeton par jour. En 2003, la marque allemande a vendu environ 6 000 unités de son modèle de luxe dans le monde, mais le constructeur espère voir augmenter ses chiffres en 2004, grâce au lancement de la Phaeton sur les marchés américain et asiatique. Sur le marché français, environ 200 exemplaires de la Phaeton ont été immatriculés en 2003, soit près de 7 % du segment des voitures de luxe, selon Volkswagen. L'arrivée du V6 TDI a, semble-t-il, conquis la clientèle puisque, dès son lancement, cette motorisation a représenté entre 70 et 80 % des ventes françaises.


    Arnaud Dumas





    FOCUS

    Logistique inédite

    L'usine de Dresde est uniquement chargée de l'assemblage de la caisse déjà peinte avec les différents modules. Le traitement de surface, la cataphorèse, la mise en peinture et la tôlerie, qui sont des activités plus lourdes, plus difficiles à montrer et, souvent, plus polluantes, sont réalisés sur le site de Mosel. Les carrosseries sont convoyées par camion jusqu'à Dresde et entreposées dans l'usine. En revanche, les différents modules sont stockés dans le centre logistique de Friedriechstadt, à environ 5 km de l'usine, et sont transportés par tramway. En effet, vu la situation en centre-ville de l'usine et dans un souci de respect de l'environnement, Volkswagen a voulu limiter le flux de camion. Il s'est alors équipé de deux tramways spécifiques, parés aux couleurs de Volkswagen, capables de transporter jusqu'à 60 tonnes de marchandises et d'acheminer les pièces sur le réseau ferré de la ville. Original !

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