Volkswagen fait connaissance avec le conflit social
...de fer.
L'image du groupe Volkswagen comme véritable vitrine sociale en Allemagne pourrait bien voler en éclat. En milieu de semaine dernière, plus de 30 000 salariés du premier constructeur européen ont momentanément cessé le travail afin de faire pression sur la direction avant que ne débute une série de négociations sur le plan de réduction des coûts voulu par la direction. Pour le syndicat IG Metall, l'enjeu est de taille. Plusieurs dizaines de milliers d'emplois sont en jeu.
"Si nous ne parvenons pas à imposer nos idées en termes de réduction des coûts, nos effectifs en Allemagne seront réduits de façon spectaculaire dans les prochaines années", a prévenu le directeur des ressources humaines du géant de Wolfsburg, Peter Hartz. Un autre dirigeant du groupe, le directeur financier Hans Dieter Poetsch, avait averti en septembre que 30 000 emplois étaient menacés faute d'accord sur une réduction des coûts.
Très concrètement, le groupe Volkswagen veut imposer un gel des salaires sur deux ans et réduire la masse salariale de 30 %, soit l'équivalent de 2 milliards d'euros d'ici 2011. De son côté, le syndicat IG Metall, qui représente plus de 90 % des salariés, souhaite une augmentation salariale de 4 % et surtout des garanties sur dix ans du maintien de l'emploi en Allemagne de l'Ouest. Les positions des deux parties sont pour le moins opposées. Fait inhabituel dans un pays où les relations patronat/syndicats se passent sur un mode consensuel, une partie de bras de fer paraît bien être engagée. Faute d'accord, IG Metall menace d'organiser des grèves d'avertissement à partir du mois de novembre.
Le principe de cogestion remis en cause
IG Metall s'est récemment dit prêt à revoir ses revendications salariales en baisse en échange d'un "résultat acceptable" sur la garantie des emplois. Mais la direction a refusé, jugeant ces demandes trop coûteuses pour l'entreprise. Une entreprise qui a vu fondre de 35 % son bénéfice net sur le premier semestre de l'année. Cette réduction de la masse salariale est sans doute cruciale pour le groupe allemand qui estime que ses coûts en personnel sont supérieurs de 11 % à ceux d'autres constructeurs germaniques comme Mercedes ou BMW. Rappelons également que le coût horaire dans la branche automobile en Allemagne est plus de quatre fois plus élevé qu'en Europe de l'Est.
Plus généralement, c'est le principe même de la cogestion qui commence à être remis en cause outre-Rhin. Symbole du consensus social à l'allemande, la cogestion donne au comité d'entreprise un droit de regard sur les embauches et les licenciements ainsi que sur la politique de rémunération. "La question est de savoir si nous pouvons nous permettre que des sociétés européennes n'implantent pas leur siège en Allemagne en raison du coût élevé de la cogestion", s'est récemment interrogé Martin Kannegiesser, le président de la Fédération allemande de l'industrie métallurgique.
Cyril André
Voir aussi :
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.