Thierry Lespiaucq, directeur Volkswagen France

...Journal de l'Automobile. Vous gagnez quelques milliers d'unités en 2007 avec un total VP de 142 593, cependant votre pénétration passe sous les 7 %. Quel bilan tirez-vous ?
Thierry Lespiaucq. L'année 2007 a globalement répondu à nos attentes. Il faut se souvenir qu'en septembre-octobre tout le monde tablait sur un marché sous les 2 millions. Nous, nous sommes restés sur notre prévision de 2 030 000. Finalement, le marché a été boosté à 2 060 000 par le phénomène des malus et des anticipations d'immatriculations. Cela a faussé les choses avec des hausses considérables d'immatriculations réseaux et constructeurs les derniers jours de décembre. Le chiffre atteint n'est probablement pas le reflet du véritable marché. Nous payerons une partie de la facture en janvier. Les premiers indicateurs semblent le confirmer.

JA. En ce qui à trait aux produits, quelles ont été les satisfactions de l'année ?
tl. La Golf, qui sera pourtant remplacée l'automne prochain, enregistre de très bons résultats. Elle demeure la première voiture importée avec 39 959 immatriculations. Son repositionnement en début d'année a donné les résultats espérés. Le Touran enregistre également de très bons résultats tout comme la Passat même s'il y a eu un léger tassement des ventes sur la deuxième partie de l'année suite au lancement des nouveaux modèles de la concurrence. Le Touareg est resté en ligne avec les chiffres 2006 malgré un léger ralentissement des ventes à particuliers toutefois compensé en fin d'année par les anticipations de livraisons. D'une manière générale les grosses cylindrées ont été immatriculées par les réseaux afin d'éviter un malus.

JA. Que s'est-il passé pour le Tiguan qui totalise seulement 962 immatriculations en 2007 ?
tl. Nous devions en immatriculer près de 2 000. C'est vrai. Nous avons bien reçu les quantités allouées mais pas suffisamment en finition haute, Carat, qui a été la plus vendue avec près de 55 % du mix. Cela a fait naître une très grosse tension sur les approvisionnements et parallèlement un très gros portefeuille qui va être livré sur les premiers mois de l'année 2008. Depuis le lancement, en seulement deux mois, nous avons pris 4 571 commandes. Les immatriculations 2007 du Tiguan ne reflètent donc pas le succès réel du véhicule. Nous aurions d'ailleurs atteint 7 % de pénétration sans ce contretemps.

JA. Quelles sont vos ambitions pour 2008 ?
tl. Déjà, ce sera la première année pleine du Tiguan. Nous allons travailler d'arrache-pied pour obtenir plus de voitures et satisfaire nos clients, par ailleurs très patients, car actuellement les délais de livraison varient entre 2 et 6 mois selon le niveau de finitions. Quoiqu'il arrive, et je le répète, nous visons toujours le podium de la catégorie cette année. Puis ce sera une année de changement sur la Golf et une année de transition sur la Polo. D'ailleurs, cette dernière nécessitera plus de soins, même si elle a encore progressé encore de 2 %. De plus, la Fox, toujours dans ce segment, ne sera pas la plus favorisée par le phénomène Grenelle. Ici, nous allons mettre en place une stratégie différente. Puis nous pouvons nous attendre à une érosion naturelle sur la Passat ou le Touran, ce qui fait que pour 2008 nous nous sommes fixés un minimum de pénétration de 7 %, soit 146 500 immatriculations.

JA. Comment allez-vous gérer la fin de vie de la Golf ?
tl. La Golf vit toujours très bien ses fins de cycle, sans phénomène d'attente. A part peut-être pour les sociétés en raison des valeurs résiduelles. La nouvelle devrait arriver courant octobre. J'ai donc fait un pari sur les volumes de l'ancienne sans être certain d'avoir ceux de la nouvelle. En cas de contretemps, les conséquences pourraient être similaires à celles du Tiguan en 2007 sauf qu'ici, avec la Golf qui représente 3 000 à 3 500 unités par mois, nous pourrions vite perdre le bénéfice d'autres modèles. 2008 sera une année de transition.

JA. Qu'espérez-vous de la Passat Coupé et du Scirocco ?
tl. Certes ces produits représentent des niches en termes de volumes mais ceux-ci n'ont rien de négligeables. Si avec le Scirocco nous avons déjà des informations, voire des certitudes, ce n'est pas le cas avec la Passat Coupé. Nous avons du mal à maîtriser le taux de cannibalisation sur la Passat berline par exemple. Le Scirocco pourrait représenter 2 000 à 2 500 immatriculations par an et la Passat Coupé 3 000 à 4 000. Mais ces deux voitures ne seront réellement disponibles qu'à la rentrée de septembre limitant ainsi leur impact sur cette année. Toutefois, on peut s'attendre à ce qu'elles totalisent 2 000 à 2 500 unités dès 2008. La poussée de Volkswagen devrait être plus visible à partir de 2009 avec entre autre le plein effet du plan Winterkorn. Le temps pour nous d'adapter le réseau et de modifier sa façon de travailler en renforçant notamment les structures commerciales mais aussi sa capillarité en points de service.

JA. Quel nombre de points de services souhaitez-vous atteindre ?
tl. Aujourd'hui, nous nous appuyons sur 555 réparateurs agréés Volkswagen. Mais parmi eux, seulement 400 ont une activité majoritairement liée à notre marque. Nous voulons ainsi ajouter, dans un délai très court, 25 à 30 points services. Nous devons sécuriser notre représentation dans ce domaine pour vendre davantage. De plus, nous avons également identifié une quinzaine de zones où nous manquons de points de distribution.

JA. Quelles pourraient être les conséquences du Grenelle sur votre activité ?
tl. Aujourd'hui, nous avons beaucoup plus de questions que de réponses ! La seule certitude est que nous proposons des produits pour répondre à ces incitations mises en place par le gouvernement. Nous sommes tout à fait en accord avec ce qui a été décidé sur le fond même si nous ne sommes pas satisfaits des atermoiements et des incertitudes qui planent sur certains aspects. Plus généralement, Volkswagen travaillait déjà sur l'environnement donc dès aujourd'hui, nous sommes capables d'offrir un nombre non négligeable de véhicules éligibles à un bonus dans les gammes Polo, Golf et ses dérivés. De plus, l'arrivée de nouvelles technologies va nous permettre d'améliorer et d'élargir encore notre offre. La boîte DSG 7 fait partie de ces technologies.

JA. Comment le réseau perçoit-il ces changements liés au Grenelle ?
tl. Nous avons tenu le réseau informé chaque fois que nous avions des certitudes. Aujourd'hui, les distributeurs attendent d'en savoir plus sur la gestion du bonus, sachant que le malus se réglera avec la carte grise. Qui va payer ? Combien de temps va prendre le retour de cet argent avancé ? On constate aujourd'hui, toutes marques confondues, que les distributeurs ont de réelles craintes. Il y a peu, j'étais encore en contact avec le Cnasea, l'établissement public qui doit notamment assurer le paiement des aides découlant du Grenelle de l'Environnement, qui ne connaît pas davantage les procédures à suivre. Aucuns formulaires n'existent, nous ne savons pas comment passer un accord avec lui, etc. Nous sommes dans le flou. Il faut que le gouvernement accouche très vite de solutions.