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Constructeurs

Thierry Hesse, Commissaire Général du Mondial de l’Automobile et Président de la Fédération des Foires, Salons, Congrès et Evénements de France

Publié le 18 décembre 2009

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
"Le Mondial 2010 s'annonce comme le Salon de la relance"Les dossiers d'inscription sont à peine partis que Thierry Hesse se projette déjà avec confiance et ambition vers octobre 2010, "son" Mondial se...
...tenant du 2 au 17. Il nous livre aussi sa vision des Salons face aux nouvelles donnes économiques, environnementales et numériques.

Journal de l'Automobile. En ces temps troublés, mêlant récession et croissance assistée dans l'Hexagone, comment se présente l'édition 2010 du Mondial ?
Thierry Hesse. Le Salon s'annonce sous de bons auspices. Au premier chef, il convient de rappeler que nous avons eu de la chance en 2008, car l'événement s'est tenu quand la crise n'avait pas encore fait ses gros ravages. Ainsi, Francfort n'a pas bénéficié de ces circonstances calendaires favorables et cela s'est ressenti. Entendons-nous bien, je ne m'en réjouis nullement, car la concurrence est une bonne chose. Bref, le Mondial 2010 ne fait donc pas suite à une édition difficile et les perspectives sont réjouissantes, principalement au niveau de l'adhésion des constructeurs. D'après les premiers échanges, le Mondial s'annonce comme le Salon de la relance pour les constructeurs. Il sera donc riche en avant premières mondiales et en nouveautés et soutenu par des investissements importants, de nombreux constructeurs demandant des m2 supplémentaires.

JA. Ne craignez-vous tout de même pas un contrecoup eu égard aux grosses difficultés rencontrées par d'autres grands Salons internationaux ?
TH. Non, pas spécialement. Certains Salons ont fait face à de gros problèmes, mais ce n'est pas forcément imputable à la seule crise. Ainsi, le rendez-vous de Tokyo a sans doute aussi payé pour la politique commerciale protectionniste du pays. En fait, le Big Five devient un Big Four avec Francfort et Paris, qui jouent intelligemment la carte de l'alternance, et Detroit et Genève qui sont des rendez-vous importants mais plus spécifiques. Tokyo a dérapé et Londres ne fait plus partie de gotha depuis plusieurs années déjà. Un mot sur Barcelone qui représente à n'en pas douter ce qu'il ne faut absolument pas faire : un Salon sous respiration artificielle où la Région prend tous les frais à sa charge, cela n'a plus aucun sens…

JA. La réelle menace pour ce Big Four en général et le Mondial en particulier ne viendra-t-elle pas des Salons qui se développent sur les nouveaux marchés, en Chine notamment ?
TH. J'ignore si on peut vraiment parler de menace… Les rendez-vous de Shanghai et de Pékin ont déjà de l'envergure et ils ont été eux aussi avisés de parier sur l'alternance. Ils rentreront sans aucun doute très prochainement dans le cercle fermé des très grands Salons. Mais vu le partage par marchés et continents, je ne pense pas que cela sera préjudiciable pour les autres.

JA. La Mairie de Paris, parfois encline à l'autophobie ambiante, joue-t-elle actuellement votre jeu ?
TH. Tout à fait. Il ne faut pas perdre de vue que c'est le 1er Salon de la capitale. Et cela rapporte de l'argent qui bénéficie à bien des secteurs d'activités. D'ailleurs, le Maire de Paris se rend au Salon à chaque édition. Après, qu'on y vienne en vélo ou en transports en commun, c'est une affaire de symbole et de communication qui ne remet rien en cause sur le fond.

JA. Puisque apparaît l'enjeu environnemental en filigrane de votre réponse, pouvez-vous nous dire quels seront son importance et son traitement lors du prochain Mondial ?
TH. Tout d'abord, au-delà de ce que voudraient imposer certaines études, l'automobile demeure une passion pour bien des gens. Cette passion n'est pas strictement en contradiction avec la problématique environnementale et les deux peuvent, et surtout doivent, être conciliées. Le Mondial sera naturellement un grand acteur de ce débat d'avenir. Il sera par exemple plus électrique que jamais, Renault comme PSA souhaitant dépasser le stade du prototype à cette occasion et proposer des essais grandeur nature.

JA. Avez-vous une conviction personnelle à ce sujet ?
TH. Je suis persuadé que le véhicule électrique prendra une grande importance dans la mobilité de demain. Et à titre personnel, dès que des modèles seront proposés au grand public, je ferai partie des premiers acheteurs.

JA. Prévoyez-vous un pavillon spécial dédié aux nouveaux modes de propulsion ?
TH. Non. Ces modèles seront intégrés dans les gammes et les espaces des constructeurs, c'est bien mieux ainsi.

JA. Quel regard portez-vous sur la réussite, hors considérations financières s'entend, des Salons régionaux comme Lyon ou Toulouse ?
TH. Même si certains Salons ont eu des difficultés, il est vrai que Lyon et Toulouse sont de belles réussites. A une échelle différente, ils se révèlent d'ailleurs très complémentaires du Mondial, d'autant qu'il y a là encore alternance. N'en déplaise à certains, cela prouve bel et bien qu'il y a encore de la place pour les Salons automobiles en France comme ailleurs.

JA. Pour conclure, êtes-vous toujours aussi motivé par votre mission et par ailleurs, comment pilotez-vous l'intégration du numérique dans les salons, très forte dans d'autres secteurs quand l'automobile tend à s'arc-bouter sur ses modèles et ses hôtesses ?
TH. Ma motivation est intacte et j'espère que 2010 ne sera pas ma dernière édition en tant que commissaire général ! Par ailleurs, même si je ne crois pas du tout au modèle du Salon virtuel pour l'automobile, le produit générant trop de passion, il va de soi que nous cherchons à développer les prolongements et les relais numériques de l'événement. Cela peut passer par des blogs, des vidéos en ligne, Twitter, etc... L'objectif étant d'être toujours plus disponible au plus grand nombre. Quant au Salon de l'avenir, j'estime qu'il y aura plusieurs types de Salons plutôt qu'un seul modèle, tout numérique ou je ne sais quoi. J'ai une seule certitude : il faut savoir évoluer pour rester au top et répondre aux demandes. De très grands Salons, comme celui de l'Enfance ou des Arts ménagers ont ainsi disparu faute d'avoir su se remettre en cause.

Propos recueillis par Alexandre Guillet en compagnie de Jean-Rémy Macchia (France Info), Pascal Pennec (AutoPlus) et Jean-Luc Moreau (RMC/Autobio) dans le cadre de l'émission "Face à la Presse" animée par Pierre Mercier (AutoK7)

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