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Constructeurs

“Sur le haut de gamme, notre zone de légitimité peut se situer entre 30 000 et 45 000 euros”

Publié le 16 avril 2014

Par Alexandre Guillet
6 min de lecture
Alors que la nouvelle Twingo accaparait tous les regards sur le stand Renault, Philippe Klein évoque la genèse du projet en notre compagnie. Avant d’aller plus en avant dans le plan produits, avec l’appréhension d’un haut de gamme au sens large, le prolongement du programme électrique ou la nécessité de s’adresser à tous les marchés du groupe, y compris l’Inde et la Chine.
Philippe Klein, directeur Plan, Produits et Programmes de Renault.

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. L’événement réside naturellement dans la présentation de la nouvelle Twingo : quelle a été la genèse du projet et quels étaient les principaux jalons du cahier des charges initial ?
PHILIPPE KLEIN.
Nous devions impérativement réinventer le concept et nous sommes donc partis d’une réflexion sur le client d’une voiture de ville, car c’est tout de même sa vocation. Nous avons aussi pris en compte le fait que la clientèle est à 60 % féminine pour ce type de véhicule. Dès lors, priorité a été donnée à l’appropriation du véhicule d’où les axes de travail sur la manœuvrabilité, la vision, large et dégagée sous tous les angles, la praticité, avec des rangements évolutifs, et l’habitabilité. Sur ce dernier point, on peut évoquer une anecdote révélatrice du cahier des charges : il fallait, une fois la banquette rabattue, qu’une étagère Ikea Billy puisse rentrer dans la voiture. En outre, le modèle devait être agile, comme l’illustre son angle de braquage nettement amélioré.

JA. Pensez-vous pouvoir rajeunir votre clientèle avec ce modèle, ce qui n’avait pas été le cas avec les précédentes générations ?
PK.
Nous sommes bien armés pour y parvenir, mais l’histoire nous a prouvé qu’il fallait rester prudent… Cependant, avec le design, la connectivité et des tarifs qui seront attractifs, nous devrions pouvoir conquérir des clients plus jeunes. Nous ferons un premier point quelques mois après la commercialisation de Twingo, qui interviendra cet été, les premières livraisons étant attendues en septembre pour la France.

JA. Confirmez-vous que l’option de placer le moteur à l’arrière a été rendue possible, au plan économique, par l’accord conclu avec Daimler ?
PK.
C’est une idée qui était dans l’esprit de nos ingénieurs depuis un certain temps déjà. Mais il fallait un certain volume de production pour qu’elle soit économiquement viable. On peut donc considérer que l’accord signé avec Daimler est effectivement arrivé à point nommé.

JA. A l’autre extrémité du spectre, on trouve le haut de gamme que Renault s’apprête à réinvestir, mais comment articulez-vous ce programme entre les versions sportives de modèles de moyenne gamme, le futur Espace ou encore Alpine ?
PK.
Par rapport au haut de gamme, nous pouvons effectivement faire valoir plusieurs approches. Les modèles sportifs que vous évoquez, grâce à leurs performances et à leur forte dimension émotionnelle, constituent en effet une forme de Premium et représentent un point d’appui significatif sur certains marchés. Avec Alpine, c’est encore un autre sujet, à avoir une proposition très ciblée. Il est encore trop tôt pour en parler, même si le projet avance bien, son design étant notamment quasiment finalisé. Enfin, il y a Espace, qui nous confère assurément une forme de légitimité en termes de haut de gamme. Mais nous ne nous limitons pas à un seul modèle ou à son successeur et nous envisageons l’horizon élargi des segments C et D, par le biais de la plate-forme que nous partageons avec Nissan. Nous lancerons donc aussi une berline statutaire et un crossover.

JA. Mais quelle est votre définition du haut de gamme, car on a eu des appréciations assez fluctuantes, entre marge et état d’esprit, au sein du groupe ces dernières années ?
PK.
Je pense que notre zone de légitimité peut se situer entre 30 000 et 45 000 euros. Et que dans l’esprit du concept Initiale Paris, nous devons interpréter des valeurs de proximité, de confort et de vie à bord, à mille lieues de la technologie pour la technologie.

JA. La période est-elle vraiment idoine pour un retour sur le haut de gamme en Europe ?
PK.
A nos yeux, bien que le marché européen s’annonce assez étale pour les prochaines années selon nos prévisions, nous pensons qu’il s’agit plus d’une opportunité que d’un risque. De surcroît, cela nous permet de jalonner une robuste reconstruction de la marque et de son image. En outre, il ne faut raisonner qu’à l’échelle de l’Europe et Renault se positionnera aussi sur d’autres marchés, avec l’Espace et surtout avec notre future berline statutaire.

JA. A ce propos, au niveau du plan produits, quelles sont aujourd’hui les priorités de votre feuille de route mondiale ?
PK.
Le premier mot d’ordre est l’efficacité : nous ne cherchons pas à multiplier les modèles à outrance et chaque modèle doit s’adresser à plusieurs marchés du globe. Par ailleurs, nous voulons créer de la valeur, en apportant toujours un plus sur nos différents marchés. En outre, il s’agit d’accompagner le développement de Renault sur ses différents marchés cibles, à savoir l’Europe, l’Amérique du Sud, la Russie, mais aussi l’Inde ou la Chine. D’où un petit véhicule à 5 000 euros sur la base de la plate-forme CMF A, une offre de crossovers, les segments C et D à renouveler, ou encore des pick-up.

JA. Le programme électrique est pour l’heure une déception, comment l’analysez-vous avec un peu de recul ?
PK.
Les volumes ne sont certes pas encore au rendez-vous, mais l’arrivée de nos concurrents sur ce marché valide quand même notre stratégie. En outre, les clients de VE, même peu nombreux, sont des clients très satisfaits, avec un indice de satisfaction inédit dans l’industrie automobile. C’est là un point d’appui très important. C’est aussi ce qui nous incite à continuer à travailler, comme l’ont récemment démontré le développement de notre câble de charge, le lancement d’une offre de leasing ou d’une proposition dédiée aux petits rouleurs.

JA. Toutefois, la Zoé n’est-elle pas arrivée trop tôt sur le marché et ne risque-t-elle pas d’être un brin dépassée le jour où celui-ci frémira vraiment ?
PK.
Je ne pense pas car nous allons continuer à soutenir le modèle et nous lui prévoyons d’ores et déjà des évolutions significatives.

JA. Quel regard portez-vous sur la course à l’armement en matière de véhicule connecté ?
PK.
C’est l’un des défis actuellement proposé à l’industrie automobile et c’est une demande sans équivoque de tous les clients. J’estime que Renault est plutôt bien parti dans ce domaine avec R-Link et des prestations qui n’ont rien à envier à celles d’autres marques, parfois plus chères que nous. Beaucoup de développements sont programmés et l’application R&Go associée à Twingo va déjà dans ce sens.
 

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