S'abonner
Constructeurs

Smart au pied du mur

Publié le 27 octobre 2006

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
La remplaçante de la Fortwo sera dévoilée le 8 novembre à Stuttgart. Avec un impératif de rentabilité cadrant son horizon dans le registre de l'épée de Damoclès. Gros plan sur une nouvelle dernière chance. "Nous allons retrouver la rentabilité en 2007",...
La remplaçante de la Fortwo sera dévoilée le 8 novembre à Stuttgart. Avec un impératif de rentabilité cadrant son horizon dans le registre de l'épée de Damoclès. Gros plan sur une nouvelle dernière chance. "Nous allons retrouver la rentabilité en 2007",...

...affirme en préambule Ulrich Walker, président de Smart GmbH, en évoquant bien entendu le périmètre de l'exercice annuel et non celui de la dette et de l'équilibre global. Avant de reconnaître : "C'est un objectif autant qu'une nécessité, car il est clair que nous sommes sous pression au sein du groupe". Pour relever ce défi, la direction mise naturellement sur la nouveauté "451", mais aussi sur des valeurs capitalisées via l'aventure Fortwo. "D'une part, et sans arrogance aucune, nous pouvons jouer sur le fait que nous n'avons pas de concurrence directe. On ne peut pas comparer une Smart avec les autres petites citadines du marché de type C1 ou Aygo, par exemple. D'autre part, nous pouvons faire valoir un taux de fidélité très élevé, de l'ordre de 65 %, supérieur à celui d'une marque comme Mercedes !", argumente Ulrich Walker. Par ailleurs, après un parcours sinueux, la Fortwo achève son cycle de vie sur une note positive : des ventes "9 mois" 2006 dépassant de 10 % les prévisions (même si la France accuse, elle, un recul de plus de 16 %), et un joli succès des dernières éditions limitées (les 100 exemplaires destinés à Genève et les 50 destinés à Paris ont d'ores et déjà été achetés par le réseau). En outre, la restructuration du réseau, et surtout la refonte du système de rémunération et de primes ont porté leurs fruits.

Un temps d'assemblage réduit d'une heure

La remplaçante de la Fortwo, toujours encodée "451", sera officiellement présentée le 8 novembre. Elle a été l'objet d'investissements importants, principalement industriels (matériels, outils…). Si le montant officiel reste confidentiel, le chiffre de 50 millions d'euros circule en coulisses. "Nous devions obtenir une meilleure efficacité industrielle, notamment sous l'angle de la productivité. Sur la ligne, le temps d'assemblage est ainsi passé de 4 heures 30 à 3 heures 30", souligne Ulrich Walker, avant d'ajouter : "Les frais fixes annuels seront aussi considérablement abaissés, de plus de 40 %, et nous devrions réaliser 10 % d'économie par rapport à la Fortwo au niveau du coût par véhicule produit". A l'heure du try-out 2, la capacité de production du site n'est pas divulguée, mais on sait que l'idée directrice est de pouvoir faire plus qu'avant, tout en garantissant la flexibilité.

La marque ne peut pas se permettre de revoir son positionnement prix

Sur le volet commercial du lancement, au-delà d'un nouveau style (dimensions allongées, carrosserie, pare-brise, planche de bord…), le "451" sera proposé en version Diesel et essence, dans le respect des normes Euro IV. Dans un souci d'économie d'échelle, les mécaniques Diesel seront désormais produites à Stuttgart, s'épargnant ainsi le voyage depuis le Japon. Par ailleurs, des versions GNV ou électriques restent au catalogue, mais Ulrich Walker ne se berce pas d'illusions : "Si le marché le réclame, ces offres sont disponibles, mais la demande reste faible". Il confirme aussi que des motorisations sont en cours de développement, "sur le modèle de Toyota". Le "451" sera commercialisé à des tarifs proches de la Fortwo, qui seront rendus public en février 2008. Pour résoudre l'équation du retour à la profitabilité, la marque ne peut pas se permettre de revoir son positionnement prix. En revanche, elle s'invente une nouvelle géographie et confirme son arrivée en Amérique du Nord (Canada, Floride, côtes est et ouest aux Etats-Unis). La distribution des voitures passera par United Auto Group. Toutefois, Ulrich Walker tient à relativiser l'importance de ce développement : "Le plan de retour à la rentabilité ne tient pas compte de l'Amérique et les volumes que nous réaliserons là-bas seront en fait additionnels". L'Italie et la France restent donc les deux marchés clés pour Smart et son futur modèle unique. En effet, Ulrich Walker est catégorique : "Il n'y a aucun plan produits en préparation pour élargir la gamme. Nous misons tout sur la nouvelle Fortwo et nous ne lancerons pas de nouveau modèle avant 5 ou 10 ans".

Le spectre du mouvement social rôde à Hambach

Si le projet "451" semble bien paramétré, des tensions subsistent néanmoins à Hambach. Du point de vue industriel, les nouvelles pièces du véhicule posent encore problème… "Actuellement, plus de 50 % des pièces ne répondent pas au standard de qualité !", s'inquiète un employé du site désirant garder l'anonymat. L'enjeu est capital quand on se souvient que les défaillances de qualité avaient justement coûté cher au Roadster. Ces difficultés s'expliquent en partie par le changement de certains fournisseurs. A ce propos, l'éviction de Cignet (pour les compteurs et les ordinateurs de bord, par exemple) a aussi parasité la fin de vie de la Fortwo (1 000 unités non produites à cause d'une grève chez l'équipementier). Conscient du danger, la direction générale a mandaté une équipe du site de Rastadt pour venir en renfort. Enfin, au niveau social, la situation se crispe. Les négociations annuelles sont pour l'heure au point mort. Le personnel réclame une augmentation générale de 2,5 % et une révision à la hausse des frais kilométriques, mais la direction refuse. Le plan de sauvegarde de l'emploi pourrait aussi être remis en question. "On propose à certaines personnes d'arrêter, notamment des délégués syndicaux…", indique un employé. D'un point de vue structurel, la direction pourra difficilement s'épargner une réflexion de fond : près de 140 cadres pour 380 opérationnels (+ une soixantaine d'Etam et environ 150 Etam forfaités), c'est trop ! Bref, un employé met en garde : "Si la direction continue de rejeter en bloc l'ensemble de nos demandes, nous n'excluons pas un mouvement social lors du try-out 3 ou un peu plus tard, vers avril". Or la remplaçante de la Fortwo ne peut pas se le permettre…


Alexandre Guillet

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle