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Constructeurs

Skoda, moderne et chargée d’histoire

Publié le 8 septembre 2006

Par Frédéric Richard
8 min de lecture
Si tout le monde a aujourd'hui intégré que Skoda fait partie du giron VW, la France reste un marché difficile pour l'ex-tchèque. Chacun reconnaît volontiers que les véhicules présentent des qualités indéniables, mais la plupart des gens ne sont pas prêts à rouler dans un véhicule estampillé...

...Skoda. Problème d'image. Pourtant, Skoda dispose d'une riche histoire plus que centenaire. Et de l'usine ultramoderne de Kvasiny, un des sites historiques de la marque, qui produit maintenant le Roomster, nouveau pari du constructeur (voir essai JA n°970 p51). Vous allez voir : assimiler Skoda à une voiture de l'Est bas de gamme est, plus que jamais, une idée reçue…

Une histoire centenaire

A la fin de l'année 1895, le mécanicien Václav Laurin et le libraire Václav Klement, tous deux membres du club des vélocipédistes tchèques, commencent à fabriquer des bicyclettes sous le nom de Slavia, à Mladá Boleslav, avec des composants importés principalement d'Angleterre. Pendant deux ans, ils vont présenter sur le marché cinq modèles de bicyclette de leur propre conception, déjà garantis deux ans ! En 1899, leur catalogue s'enrichit de la première bicyclette avec un moteur auxiliaire. Arrive bientôt la véritable moto de Laurin & Klement, le modèle A, développant pas moins de 1,25 cheval, puis le puissant modèle B, affichant fièrement 1,75 cheval ! L'usine se développe et en 1905, les deux compères donnent naissance à la Voiturette, première automobile produite par Laurin & Klement : l'engin est doté d'un moteur de 1 005 cc de 7 chevaux, à cylindres en V et refroidissement liquide. Le succès est immédiat et bientôt apparaît la Voiturette type B, puis le modèle C de 2 042 cc et 12 chevaux. Si bien que l'entreprise de dimension familiale ne peut plus assumer son rang, seule. En 1907, Laurin & Klement se rapprochent donc de Pilsen Skoda, alors fabricant international de canons, qui souhaite se diversifier. La marque prend à ce moment des parts dans le capital mais les deux logos se côtoient encore sur les calandres. Ce n'est qu'en 1925 qu'a lieu la fusion totale, marquant la disparition de la marque Laurin & Klement. Dans la seconde moitié des années 30, la petite Populaire 410 devient une légende. Sa ligne séduit tout le monde, si bien qu'elle se verra même distribuée au Etats-Unis s'il vous plaît ! Il faut dire que l'Amérique sort alors d'une importante crise économique et que ce joli petit véhicule, émarge à 17 800 CZK (590 €) seulement !
Entre 39 et 45, l'occupation allemande freine le développement de la marque, la structure de Skoda se voyant réquisitionnée par l'empire allemand. La production de véhicules civils diminue donc très fortement. Au sortir de la guerre, en 1946, Skoda reprend du poil de la bête et l'économie tchèque parvient à se maintenir pendant plusieurs décennies, malgré les marasmes politiques. Malheureusement, vers la fin des années 60, le monde occidental prend un essor exponentiel qui laisse la Tchécoslovaquie sur la touche. A la fin des années 70, la situation déplorable de l'économie locale affecte également Skoda, malgré sa position dominante en Europe de l'Est. Le renouveau de la marque n'interviendra que des années plus tard, avec l'entrée en production de la Favorit en 1987. Quelques années plus tard, en avril 1991, la marque entre en coopération avec le groupe VW, afin de donner une dimension internationale à ses véhicules. Une bouffée d'air pour Skoda sur le plan du développement produit, du marketing, du management… La gamme existante est alors remplacée par la gamme Felicia, plus en phase avec les ambitions internationales du groupe. Dans le même temps, la gamme Octavia apparaît, en 1996. Aujourd'hui, Skoda couvre les segments des petites, moyennes et grosses voitures, avec Fabia, Octavia et Superb. Sans oublier le petit dernier, Roomster, créé pour chasser sur les terres des Nissan Note, Renault Modus ou encore Kangoo.



Production de pointe

Pour produire le Roomster, justement, Skoda a choisi l'usine de Kvasiny, au nord est de Prague. Située à 135 kilomètres de Mlada Boleslav, siège historique du constructeur, et construite en 1934, elle constitue pourtant la plus jeune usine du constructeur tchèque ! Au départ, le site fut conçu pour




LES CHIFFRES DE L'USINE

  • 2 700 personnes

  • 106 carrosseries de Roomster soudées/jour

  • 460 carrosseries/jour (capacités peintures)

  • 600 euros, c'est le salaire moyen

  • 34 ans, d'âge moyen

  • 180 000 véhicules/an de capacités de production Roomster
  • accueillir la production de carrosseries. Les lignes de découpe fabriquaient alors des éléments sous licence, pour Audi notamment. Juste après la guerre, l'usine débute la production d'une voiture complète, la première Skoda Superb. Les années 80 voient l'arrivée des lignes dédiées à la fabrication des voitures sportives dérivées des modèles de série (Skoda 110 R coupé…). En 1991 (fusion avec le groupe VW), Kvasiny entame une spécialisation dans les utilitaires. On produit alors localement le fameux VW Caddy. L'année 2000 constitue un vrai tournant pour l'usine. Les dirigeants décident de fabriquer sur place la nouvelle Superb et investissent 190 millions d'euros pour cela. La surface totale a alors été élargie d'1/3 et la surface de production a été multipliée par deux. Nouvel atelier de peinture, en hydrodiluable, nouvel atelier de montage… Afin d'obtenir la capacité de 150 véhicules par jour. La dernière modernisation de l'usine date de l'arrivée de Roomster sur les lignes de l'usine, en 2006. Ce modèle a nécessité à lui seul, un investissement de 120 millions d'euros pour une production projetée de 350 voitures par jour en 2007, sur trois équipes. Pour l'occasion, l'atelier de soudure a été reconstruit. Dans l'usine de Kvasiny, il n'y a pas d'atelier d'emboutissage. Cette opération est sous-traitée par l'usine mère de la marque, à Mlada Boleslav. Les éléments de carrosserie arrivent donc déjà pressés. Le processus de fabrication de Roomster et de Superb débute donc à l'étape suivante, la soudure, et se poursuit par la peinture. Deux ateliers surdimensionnés (500 carrosseries par jour), qui permettent d'accueillir, en sus, des pièces de carrosseries de Fabia, afin de délester les ateliers de Mlada Boleslav qui ont du mal à satisfaire la demande. Au niveau du montage maintenant, le Roomster est actuellement produit en deux équipes, sur des installations flambant neuves, qui n'ont rien à envier aux usines françaises ou allemandes. Enfin, en ce qui concerne l'approvisionnement en pièces, seuls deux fournisseurs se sont installés à proximité directe de l'usine. Les autres équipementiers ne sont, certes, pas très éloignés, mais à Kvasiny, Skoda rapatrie elle-même la plupart de ses composants dans son usine. Les moteurs, eux, arrivent de Mlada Boleslav ou d'autres usines du groupe VW.


     Frédéric Richard





    PROCESSUS

    Dans l'usine de Kvasiny, il n'y a pas d'atelier d'emboutissage pour presser les éléments de carrosserie de Roomster. Ils sont en fait tout bonnement importés de Mlada Boleslav, usine mère de la marque.

  • Le premier travail du site de Kvasiny consiste donc à assembler les différentes pièces qui arrivent des camions, et de les assembler pour constituer la caisse proprement dite. Des robots soudeurs se chargent de l'opération (1) (voir image ci-contre).
  • Comme toute opération mécanisée, elle se doit d'être scrutée par des yeux humains, afin d'en vérifier la conformité (2).
  • Sous des néons, des employés chevronnés traquent la moindre aspérité sur les tôles, et examinent les soudures robotisées. Si un défaut apparaît, l'atelier est équipé de ponceuses et autres outils de rectification. La carcasse de Roomster passe maintenant au traitement de surface, comprenez la peinture. Tout ceci s'effectue dans un atelier entièrement rénové et ultra moderne. Une fois revêtues de leur laque, les Roomster commencent à ressembler à des automobiles. Elles arrivent dans l'espace dédié au montage. Paradoxalement, on commence par démonter les portières, afin de faciliter la pose des éléments intérieurs de la voiture. Les portières vont cheminer parallèlement aux carrosseries, et se voir équipées des rétroviseurs, moteurs lève-vitres… Mais revenons à notre voiture. L'une des premières opérations consiste à insérer le tableau de bord (déjà tout équipé, lui aussi, sur une ligne parallèle) dans l'habitacle, au moyen d'un robot manipulateur (3).
  • Les nombreux employés de la ligne assemblent ensuite tour à tour les joints de capot, les protections de carrosserie, le faisceau électrique général… (4)
  • Moment magique, les trains roulants et le moteur vont rejoindre la carrosserie à laquelle ils sont destinés. Montés sur un chariot entièrement automatisé, ils cheminent à travers l'usine, guidés par un rail dans le sol, jusqu'à venir se greffer aux carrosseries (5).
  • On solidarise l'ensemble, on branche les câbles, les tuyaux… (6) (voir image ci-contre)
  • Les organes encombrants en place, il est temps de positionner les pare-chocs. Une opération délicate, car il faut absolument éviter les rayures, génératrices de retouches et donc de retard dans la production (7).
  • Juste après, on installe les sièges et les roues. Là encore, le technicien s'aide d'un manipulateur, pour limiter la pénibilité (8)
  • La voiture est quasiment terminée. Un inspecteur qualité fait un dernier tour d'horizon, minutieux, et vérifie toutes les étapes du montage (9).
  • Mais certains défauts ne sont pas visibles à l'œil nu. On confie donc cette tâche à un ordinateur de type outil de diagnostic de garagiste, qui va tester toutes les fonctionnalités de l'auto (phares, autoradio, tableau de bord…) et éditer un rapport précis (10).
  • Si aucun problème ne survient, le dernier technicien de la ligne câble la batterie, et, nouvel instant magique, démarre la voiture (11) (voir image ci-contre) .
  • La dernière photo représente un énième contrôle qualité au sortir de la ligne de montage. A gauche, les techniciens qui vérifient les Roomster sont des employés de l'usine. Ils détaillent une fois de plus les voitures sous toutes les coutures. A droite maintenant, les employés font exactement le même travail, sauf qu'ils sont indépendants ! Cela signifie qu'ils sont encore plus pointilleux et ne laissent rien passer ! Si après cela, on continue de dire que les Skoda sont des voitures de piètre qualité… (12) (voir image ci-contre)

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