Sandouville à nouveau opérationnelle
Après une bataille judiciaire menée par la CGT, laissant portes closes durant 15 jours, l'usine Renault de Sandouville a rouvert le jeudi 21 mai au soir avec l'équipe de nuit. L'annonce en a été faite en CSE dans la matinée sur le site où le constructeur emploie 1 849 personnes en CDI.
L'usine avait fermé ses portes le 7 mai après la décision le jour même du tribunal judiciaire du Havre saisi par la CGT, premier syndicat du site. Il avait condamné en référé la direction à suspendre la production, qui ne permettait "pas d'assurer (...) la sécurité des travailleurs de l'usine face au risque lié au Covid-19". Le site avait repris partiellement son activité le 28 avril après l'avoir arrêtée le 16 mars à cause de l'épidémie.
"C'est huit jours travaillés de perdus juste pour du formalisme", a estimé mercredi Gilles Henri, délégué CFE-CGC à Renault Sandouville. Un point de vue partagé par Fabien Gloaguen de FO, deuxième syndicat du site. Les deux délégués se sont dit "soulagés" par cette annonce de reprise. Cela "va sortir 700 familles de la précarité", argumente Fabien Gloaguen, puisque selon lui 700 intérimaires vont progressivement reprendre le travail dans les jours à venir.
Renault Sandouville fait par ailleurs depuis plusieurs mois l'objet d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet du Havre pour recours abusif à l'intérim, à la suite d'un PV de l'inspection du travail. La CGT a, elle, vivement critiqué la réouverture. "On est toujours loin des exigences réglementaires. Ça leur a été rappelé hier soir par l'inspection du travail qui s'est fendu d'un courrier à ce sujet", a affirmé à l'AFP Gérard Le Corre de la CGT de Seine-Maritime.
"Vrai point de blocage" selon la CGT, la direction refuse de donner plus de deux masques FFP2 par jour aux salariés qui travaillent avec et de leur accorder une pause toutes les heures comme le recommande l'INRS, l'institut de recherche pour la santé et la sécurité au travail, en raison de l'effort cardio-vasculaire important entraîné par le port du masque, ajoute Gérard Le Corre.
"Pire que ça, les salariés vont faire des pauses à l'issue desquelles ils vont notamment boire et grignoter, et remettre le même masque. On est très très loin des standards sanitaires : on ne remet pas un masque qu'on a enlevé", poursuit le syndicaliste. D'après lui, "il n'y a pas grand-chose qui a changé dans l'usine malgré l'ordonnance judiciaire. Ils ont déplacé des zones d'attente pour éviter les phénomènes d'embouteillage et le non-respect des mesures barrière en rentrant dans les vestiaires".
"On a juste ajouté une ligne sur l'analyse des risques psychosociaux sur" le protocole sanitaire, a de son côté indiqué Gilles Henri de la CFE-CGC. "Le protocole sanitaire n'a pas bougé d'un iota", ajoute Fabien Gloaguen de FO pour qui les demandes des juges étaient "administratives" et "pas sanitaires". Pour la CGT, "Renault prend le risque que les astreintes soient prononcées par le juge".
D'après le jugement du 7 mai, chaque obligation ordonnée sera en effet "assortie d'une astreinte de 3 000 euros par infraction constatée et par jour de retard à compter de la date de signification". Reste que les astreintes ne courent pas avant le 23 juin dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire, selon Gérard Le Corre. Le groupe Renault avait annoncé faire appel de la décision de justice mais selon FO ce n'était pas formalisé mercredi 20 mai. Selon la CGT, le délai pour le faire (deux semaines) est presque terminé. (avec AFP)
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