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Constructeurs

Rallye d'Australie : La passe de trois… à domicile !

Publié le 3 novembre 2006

Par Marc David
6 min de lecture
Malgré sa remontée héroïque, Marcus Grönholm n'a pu engranger suffisamment de points pour empêcher Sébastien Loeb d'être sacré dès ce Rallye d'Australie. Avouons-le. En dépit de sa combativité légendaire et de sa motivation, ceci avec tout le respect qu'on lui doit, nous...
Malgré sa remontée héroïque, Marcus Grönholm n'a pu engranger suffisamment de points pour empêcher Sébastien Loeb d'être sacré dès ce Rallye d'Australie. Avouons-le. En dépit de sa combativité légendaire et de sa motivation, ceci avec tout le respect qu'on lui doit, nous...

...ne donnions pas cher des chances de Marcus Grönholm d'inverser le cours des événements en sa faveur. Comprenez, d'empêcher Sébastien Loeb de coiffer sa 3e couronne mondiale consécutive. Excès d'optimisme (ou de pessimisme, selon le côté où l'on se place) ? Non, réalisme. Non pas que sa machine ne lui aurait pas donné les moyens de remporter les trois manches restantes mais, simplement, le fait que le grand Marcus n'était pas à l'abri des (nombreux) aléas pouvant entraver sa marche triomphale. A l'instar de cette pierre enchâssée à la corde, qui lui a fait perdre le Rallye de Sardaigne en mai dernier…
Au Rallye d'Australie, l'histoire s'est répétée. Malheureusement pour lui. Alors en tête du rallye après avoir remporté les deux courtes "super spéciales", le leader de l'équipe BP-Ford commettait une faute lourde de conséquences, cinq kilomètres après le départ de la 1re "vraie" spéciale. Il raconte : "J'ai heurté une pierre à l'intérieur d'un virage droit négocié en seconde. La voiture est partie en tonneau au-dessus du talus et a fini sur le toit. Nous avons pu la remettre sur ses roues avec l'aide de quelques spectateurs mais, malheureusement, elle s'est alors retrouvée posée sur un tronc d'arbre et il nous a fallu plus de dix minutes pour nous en sortir". Si la mécanique n'avait pas souffert dans l'incident, le pare-brise et les vitres latérales ont été brisés, si bien qu'une poussière suffocante s'est infiltrée dans l'habitacle des 70 km précédent l'assistance.

Et c'est ainsi que Sébastien Loeb a obtenu son 3e sacre consécutif à domicile !

Une fois sa voiture réparée, le pilote Ford signait trois temps scratch dans l'après-midi pour remonter de la 56e à la 18e place, à 12'04'' du leader ; en l'occurrence son compagnon d'écurie Mikko Hirvonen. "Je suis vraiment très déçu, avouait Marcus. Je pense qu'il me faudra plusieurs années avant d'oublier cette erreur. J'ai encore une chance de remonter parmi les cinq premiers et je vais me concentrer sur cet objectif demain". Au soir de la 2e étape, Grönholm figure à la 7e place du classement provisoire, à 12'4''6 du même leader. Mais surtout, il ne lui reste que les 103 km chronométrés de la 3e étape pour reprendre la bagatelle de 10' à la 307 WRC Bozian de Manfred Stohl, accrochée à la 3e marche du podium (et en lutte avec la Xsara WRC de Xevi Pons, 4e). Mission impossible, tout du moins à la régulière. Finalement, le finlandais finira à la 5e place, à 12'23''8 de son équipier, grand vainqueur de ce rallye. Pour sa première victoire en Mondial, le jeune finlandais de 26 ans a dû batailler ferme avec Petter Solberg, 2e, qui signe enfin une performance à la hauteur de ses espérances et de son talent. Pour sa part, Mikko Hirvonen devient solidement accroché à la 3e place du championnat du monde, avec une marge de 14 points sur son suivant immédiat qui n'est autre que Dani Sordo (Kronos-Citroën).
Et c'est ainsi que Sébastien Loeb a obtenu son 3e titre mondial consécutif à domicile (voir ci-contre). Un exploit inédit qui, là encore, demeurera dans les annales du championnat du monde des rallyes. Un événement, également, qui ne doit pas faire oublier les huit victoires du français sur 12 courses disputées. "Maintenant, notre objectif est d'assurer le titre constructeurs pour Ford, concède Grönholm. Si nous atteignons notre but, ce partage des titres sera une espèce de consolation pour moi". En Australie, Ford a marqué 14 points contre 6 à Kronos-Citroën, doublant son capital à hauteur de 16 unités alors que 36 peuvent encore être marqués sur les deux épreuves restantes. Reste que, avec une marge de 3 points supplémentaires en Nouvelle-Zélande (17 au 19 novembre), l'affaire serait entendue pour le titre mondial.


Marc David


 





QUESTIONS A

Sébastien Loeb, Triple champion du monde des rallyes.


"Obtenir le titre dans ces conditions est assez original"


Journal de l'Automobile. D'abord, quel a été votre sentiment, en allumant votre téléphone mobile le vendredi matin ?
Sébastien Loeb. Les messages donnant les temps et les classements spéciale par spéciale s'étaient accumulés durant la nuit. J'ai pris tout ça dans la figure en même temps. Le moment de décryptage passé, je n'ai retenu qu'une seule chose : Marcus (Grönholm, NDLR) avait pris dix minutes de retard… ça m'a évidemment mis de bonne humeur. J'ai appelé Marc (Van Dalen, team manager de Kronos, NDLR) qui m'a résumé la situation. Il est certain que le Rallye d'Australie est un rallye très piégeux, et j'étais d'ailleurs sorti de la route l'année dernière. En outre, être dans la situation de Marcus n'était pas évident non plus dans la mesure où il avait une grosse pression. Rouler dans ces conditions est difficile, bon, il a fait une faute, cela arrive, c'est la course.


JA. Il était cinq heures trente en France lorsque vous avez appris que vous deveniez, pour la troisième fois, champion du monde des rallyes. Quelle a été votre réaction ?
SL. Vivre un rallye comme cela à distance est assez particulier, surtout lorsque l'on gagne le titre de champion du monde dans ces conditions. J'avoue que la dernière nuit, je n'ai pas beaucoup dormi. Oui, vraiment, une situation assez originale ! J'avoue que j'ai encore un peu de mal à réaliser. Cela dit, cela me fait super plaisir de gagner ce championnat pour la troisième fois, et aussi, cela me retire une grosse pression par rapport à la date de mon retour. Je m'étais fixé de revenir absolument en Nouvelle-Zélande pour défendre mon titre et là, vu les conditions très différentes, la pression pour la suite s'est atténuée.


JA. Justement, quelle échéance, pour votre retour en compétition ?
SL. Actuellement, je peux sans problème conduire ma voiture sur la route. Mais pour ce qui est de reprendre le volant d'une WRC, je suis incapable de donner une date, et les gens qui m'entourent ne peuvent être plus précis. L'objectif minimal, désormais, c'est de participer aux reconnaissances du Rallye de Nouvelle-Zélande, car le parcours a été en très grande partie changé. Du coup, même si je ne cours pas l'épreuve cette année, je ne veux pas avoir à la découvrir entièrement l'année prochaine. Pour le reste, je dois être patient. Cela va me laisser le temps de savourer le bonheur que m'apporte ce troisième titre. Cet objectif de titre au sein d'une équipe privée, même soutenue par Citroën Sport, peu de gens y croyaient. Et nous l'avons fait !

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