Quel objectif pour la Zoe ?
C’était un secret de polichinelle, mais Carlos Ghosn vient officiellement d’affirmer que l’Alliance Renault-Nissan n’atteindrait pas l’objectif de 1,5 million de ventes de véhicules électriques à l’horizon 2016. Cette ambition était apparue courant 2009 et malgré un démarrage très lent du marché, sous toutes les latitudes, elle était encore confirmée en 2011 dans le plan “2016 Drive the Change” de Renault, tout comme dans le “Nissan Green Program”. Elle est désormais caduque, Carlos Ghosn parlant aujourd’hui d’un délai de quatre à cinq ans supplémentaires pour atteindre un tel niveau de ventes. Pour expliquer cet échec, Carlos Ghosn met notamment en avant un déploiement des infrastructures de charge beaucoup plus lent qu’attendu. On ne peut qu’abonder dans ce sens, mais l’Alliance a peut-être aussi souffert d’erreurs d’appréciation. Sans prétendre à l’exhaustivité, on peut rappeler que l’envolée du prix du baril, variable clé dans l’équation initiale de l’essor du marché du VE, n’a pas eu lieu. De même, le frein psychologique de l’autonomie limitée a vraisemblablement été sous-estimé.
Un problème de calendrier
Dans ce contexte, on peut penser que les estimations globales de l’Alliance ne sont plus d’actualité non plus. Carlos Ghosn avançait que les VE allaient représenter 10 % des ventes mondiales en 2020 et ce ne sera pas le cas, sauf brutale révolution du côté du législateur. Dans l’univers automobile, cette estimation avait toujours été la plus optimiste, les autres majors tablant plus sur une fourchette allant de 2 à 5 %. Ce problème de calendrier ne veut pas dire que la vision de Carlos Ghosn est erronée, l’électrification des véhicules, au sens large, ayant de beaux jours devant elle. En outre, dans le plan 2016, Carlos Ghosn évoquait bel et bien un nécessaire point d’étape fin 2013.
Zoe, ce rendez-vous manqué
En revanche, ce report remet en question la supposée avance de l’Alliance sur la maîtrise de ces technologies et pose le problème de la rentabilité d’un programme ayant mobilisé des investissements significatifs. Le modèle Zoe est le symbole de cette situation. “Premier” véhicule électrique européen de mass-market abouti, il devait marquer une rupture et ouvrir le champ à des grands volumes. Las, les ventes n’ont jamais vraiment décollé, Zoe rendant une carte de 6 600 unités en Europe sur les neuf premiers mois de l’année. Selon les analystes de IHS Automotive, Renault devrait clore l’année aux alentours de 10 000 Zoe, loin de l’objectif interne initialement fixé à 50 000 unités puis légèrement revu à la baisse début 2013. Et les perspectives ne sont guère favorables puisque IHS Automotive avance le chiffre de 23 434 ventes de Zoe en 2014 et 25 843 en 2015. Le cap des 50 000 unités serait envisageable à l’horizon 2020, soit pour la seconde génération du modèle…
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FOCUS - RSM lance une voiture électrique en Corée
Renault Samsung Motors se lance aussi dans le VE, en proposant désormais en Corée une SM3 en version électrique, qui n’est autre, en l’occurrence, qu’une Fluence rebadgée. Le modèle sera produit sur le site de Busan et sera commercialisé au tarif de 31 000 euros environ. Un tarif facial qui peut considérablement baisser selon les aides de l’état coréen et de certaines régions. Ce lancement est plus symbolique qu’autre chose et les objectifs commerciaux sont limités, car RSM compte produire 1 000 SM3 ZE cette année et 4 000 à partir de 2014. Le marché du VE en Corée est encore totalement embryonnaire puisque seul le constructeur Kia a lancé le Ray en version électrique, avec une production epsilonesque. En outre, le réseau des infrastructures en est lui aussi à ses balbutiements.
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