Pour AlixPartners, le marché automobile européen sera stable jusqu'en 2030
L'industrie automobile se transforme et l'Europe semble toujours plus à la traîne… D'après l'étude de prospective de marché d'AlixPartners, cette tendance ne devrait pas s'inverser dans les cinq prochaines années.
Les techs prennent de l'avance
Pour Alexandre Marian, directeur associé en charge de l'industrie automobile, l'Europe n'est toujours pas positionnée sur les technologies de l'intelligence artificielle (IA), ou de la voiture autonome. Sur les batteries, elle n'a toujours pas rattrapé son retard sur les chinois.
D'après l'expert, la politique industrielle de l'Europe manque de volontarisme. Il témoigne de son passage au CES de Las Vegas pour constater le leadership pris par les entreprises américaines sur les technologies de demain, tout en constatant que ce sont plutôt les entreprises techs qui sont à la manœuvre, plutôt que les constructeurs automobiles traditionnels.
Fin du cycle de rattrapage en Europe
Sur les perspectives de croissance, AlixPartners confirme la tendance qui pose le retour à la situation d'avant-crise sanitaire hors d'atteinte. Ainsi, l'Europe vient d'enregistrer son dernier exercice de croissance dit de rattrapage avec une progression de 3,2 % en 2024. L'écart reste de 10 % par rapport aux volumes d'avant Covid. Le cabinet de conseils estime que désormais la croissance annuelle moyenne pour les cinq prochaines années sera de 0,6 %.
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Aux États-Unis, c'est la même tendance, à la différence que le marché américain a déjà retrouvé son niveau d'avant-crise. La croissance annuelle moyenne est attendue autour de 0,9 % pour un marché autour de 17 millions de voitures.
En Chine, le marché va fortement ralentir, mais il restera en croissance. En 2024, il aura augmenté de 4,9 % et la trajectoire projetée montre une progression de 3,4 % en moyenne par an pour s'approcher des 33 millions de voitures neuves en 2030. Au total, le marché mondial devrait croître de 2,2 % par an, pour atteindre les 102 millions d'unités contre 89 en 2024 (+2,6 %).
La percée des PHEV en Chine
La voiture électrique devrait prendre plus de place à l'échelle mondiale, puisque sa part dans les ventes passerait de 13 % en 2024 à 33 % à la fin de ce cycle. Les PHEV doubleraient de taille en passant de 6 à 12 % des volumes. Les voitures exclusivement thermiques, elles, passeront de 68 % des ventes à 39 %.
AlixPartners estime que le sujet des prochaines années pourrait être davantage tourné vers les PHEV avec le développement des "range extender". Cette technologie connaît un boum en Chine.
Il s'agit d'un moteur thermique qui apporte une autonomie supplémentaire à la voiture électrique. Ainsi, les PHEV devraient passer de 11 % à 27 % des volumes en Chine d'ici à 2030. Soit un rythme plus rapide que les 100 % électriques qui vont tout de même doubler, passant de 23 à 50 % des ventes. Les voitures thermiques ne représenteront alors plus que 19 % des ventes.
Les ventes de voitures électriques ont dévié de leur trajectoire en Europe
En Europe, les PHEV, eux, ne redémarreront pas et plafonneront à 5 % des ventes. Pour AlixPartners, l'interdiction des voitures thermiques en 2035 constitue un obstacle à l'introduction du range extender. Les voitures électriques vont rester sur un plateau jusqu'en 2027, date à partir de laquelle elles doubleront leur part en passant à 41 % des ventes.
L'Europe devrait être, avec les États-Unis, le marché des full hybrid qui oscillera autour d'un quart du marché sur cette période, avec une tendance plus marquée outre-Atlantique qui achèvera ce cycle autour de 28 % avec cette technologie, contre 23 % de ce côté-ci de l'océan.
AlixPartners estime que l'enjeu en Europe sera de voir les résultats de l'offensive des constructeurs sur le segment B, avec notamment la Renault R5 ou la Citroën ëC3. Le cabinet constate que l'écart de coûts des matières premières entre une voiture thermique et une électrique ne cesse de baisser. En 2021, il y avait un écart de 5 000 euros pour une batterie NMC et de 3 000 pour une LFP. Cet écart n'est plus que de 1 700 euros pour la première et de 920 euros pour la seconde.
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