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Constructeurs

“Nous ne pouvons compter que sur nos propres forces”

Publié le 11 mars 2015

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
Dans la foulée de résultats commerciaux encourageants, Renault a présenté des résultats financiers positifs. Et pour l’exercice qui vient de s’ouvrir, Carlos Ghosn choisit l’option de l’optimisme prudent.
Carlos Ghosn et Dominique Thormann indiquent que le taux d’exploitation des usines européennes devrait passer à 84 % cette année.

“Nous avons atteint tous nos objectifs de l’année”, se réjouit en préambule Dominique Thormann, directeur financier de Renault. Le chiffre d’affaires est resté stable, à 41 milliards d’euros (+ 0,3 %), malgré des effets de change très défavorables pour l’Argentine, le Brésil ou encore la Russie. “A taux de change constant, notre chiffre d’affaires ferait valoir une croissance de 3,1 %”, précise Dominique Thormann. En revanche, les principaux indicateurs de rentabilité sont orientés à la hausse. La marge opérationnelle du groupe s’établit ainsi à 1,6 milliard d’euros, soit une progression de 0,9 point par rapport à 2013. Le résultat d’exploitation est de 1,1 milliard d’euros (- 34 millions en 2013), tandis que le résultat net a quasiment été multiplié par trois, à 1,99 milliard d’euros. Le free cash-flow opérationnel de l’Automobile est donc positif (1,08 milliard d’euros).

Malgré les difficultés du marché et d’Avtovaz, Carlos Ghosn mise toujours sur la Russie pour l’avenir

Au-delà de la progression de 3,2 % des ventes du groupe, à 2,7 millions de véhicules, ces performances s’expliquent par un important travail sur la réduction des coûts, un périmètre dans lequel on peut inscrire les fruits des accords de compétitivité conclus en France et en Espagne, et par la baisse des charges de restructuration et des dépréciations d’actifs. La contribution de Nissan n’y est pas non plus étrangère, car elle s’élève à 1,36 milliard d’euros. Par contre, la contribution d’Avtovaz est négative, pour un solde de - 182 millions d’euros, sachant que la consolidation de ce groupe est désormais fixée à 2016. Un mauvais moment à passer qui n’incite pas Carlos Ghosn, à renoncer à ses grandes ambitions russes : “Dans un premier temps, nous allons réduire la voilure en Russie car nous sommes obligés de nous adapter au marché. La mise à l’arrêt durant trois semaines de notre usine de Moscou répond à cette logique. Mais à moyen et long terme, nous maintenons notre pleine confiance dans le marché russe. Avec nos différentes marques, nous avons 33 % de part de marché en Russie et à terme, notre objectif reste de passer à 40 %”. Et d’ajouter : “Nous avons un avantage par rapport à d’autres concurrents, car nos marques sont bien localisées dans le pays. C’est le cas pour Lada et Renault et ça le devient pour Nissan. Nous serons donc aussi bien placés pour répondre très vite à la demande quand le marché reprendra”.

Des investissements considérables programmés en Chine

En marge de la Russie, Carlos Ghosn a aussi évoqué la Chine, confirmant les plans de Renault sur ce marché considérable. “Au-delà des exportations, quantité négligeable à ce jour, nous débuterons la commercialisation de véhicules produits localement en 2016, avec le Kadjar comme premier lancement”, rappelle-t-il, avant de poursuivre : “Nous estimons que dans une première étape, Renault peut prétendre à 3 % du marché chinois, ce qui représente 600 000 ventes par rapport à son volume actuel. Sachant que dans un premier temps, notre capacité de production sera limitée à 200 000 unités par an. Cela vous donne donc un indice sur l’intensité des investissements que nous allons réaliser en Chine à l’avenir”. D’une manière générale, pour 2015, Renault table sur une croissance du marché mondial de 2 %, avec une valeur similaire en Europe. L’inquiétude porte en fait sur les marchés émergents du groupe (Russie, Brésil, Argentine, mais aussi Turquie et Algérie), ce qui inspire ce commentaire à Carlos Ghosn : “En clair, nous ne pourrons compter que sur nos propres forces”.

Vers une extension du ­partenariat entre l’Alliance et Daimler

Heureusement, le groupe n’en manque pas. Tout d’abord, un strict et rigoureux pilotage des coûts est confirmé. Le plus large déploiement de la plate-forme CMF y participera, en permettant des économies d’échelle, “surtout sur notre pilier historique de profitabilité, le segment C, alors que nous devons encore nous améliorer sur le segment D”. Après avoir progressé de 9 % en 2014, le taux d’utilisation des usines européennes devrait aussi passer à 84 % en 2015, notamment via les allocations faites à Sandouville, Douai et Novo Mesto. Par ailleurs, le groupe pourra s’appuyer sur un plan “produits” bien nourri, avec le nouvel Espace, le Kadjar, d’ores et déjà promis à un succès commercial (près de 120 000 unités en année pleine), le modèle A-Entry en Inde en milieu d’année, une berline du segment D en fin d’année, sans oublier les utilitaires et notamment un pick-up 0,5 t pour le Brésil. En attendant le névralgique remplacement de la Mégane début 2016. En outre, tout en se gardant de donner un jalon calendaire, Carlos Ghosn a annoncé que le partenariat de l’Alliance avec Daimler était appelé à s’étendre, bien au-delà des projets déjà connus (Twingo, Citan, motorisations, Infiniti). Enfin, Renault va accentuer ses ventes aux partenaires, que ce soit des véhicules (comme Rogue en Corée par exemple), des moteurs ou des organes. “Il s’agit de ventes rentables qui nous aident à absorber nos coûts fixes. Et vous pouvez vous attendre à une forte augmentation de ces ventes dès cette année”, conclut Carlos Ghosn.

 

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