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Constructeurs

L’Ypsilon du peuple ?

Publié le 15 juillet 2011

Par Clotilde Chenevoy
7 min de lecture
La cinquième génération de Lancia Ypsilon possède bien des atouts pour se différencier sur le marché ultra-concurrentiel des citadines. Au-delà des changements esthétiques, c’est surtout son prix, à partir de 12 500 euros, qui permettra d’accroître ses ventes. Lancia compte d’ailleurs atteindre 5 000 exemplaires en France et 120 000 en Europe.

La nouvelle version de la Lancia Ypsilon conserve son look atypique, qui a fait son succès, tout en se transformant. En effet, le constructeur, fort de son rapprochement avec Chrysler, se met désormais à penser à une autre échelle, et vise plus de volume… Pour avoir les moyens de ses ambitions, il a donc dû modifier sa citadine, mais aussi sa production.

Pas de révolution toutefois, la marque italienne continue de miser sur le style, un critère d’achat dans 80 % des cas. Ainsi, l’Ypsilon adopte un nouveau look. La teinte bi-ton devrait encore dominer les ventes, puisqu’elle représente un modèle acheté sur deux. Pour la 5e génération, le capot se colore avec le pavillon et les montants arrière. Lancia annonce plus de 600 personnalisations possibles, avec des nouvelles teintes bi-ton. La calandre adopte la nouvelle ligne de la marque, dans une filiation très marquée avec la Delta. Mais, surtout, la carrosserie se transforme en 5 portes, alors que la citadine restait, jusqu’alors, disponible qu’en 3 portes. Pour autant, le design a été fortement travaillé pour ne pas alourdir la ligne, camouflant notamment les poignées de portes au niveau des vitres arrière. Le résultat se révèle séduisant, pour les femmes comme pour les hommes. Lancia compte d’ailleurs conquérir davantage la clientèle masculine avec cette nouvelle mouture.

5 portes pour une cible plus large

Le constructeur justifie son choix car sur le segment B, celui de l’Ypsilon, 83 % des ventes se font en 5 portes. Il s’agit également de se différencier sur le segment Premium, qui compte dans ses rangs l’Audi A1 ou la Citroën DS3, modèles disponibles uniquement en 3 portes. Ce changement de carrosserie devrait donc permettre de séduire un public plus large, notamment les femmes avec enfants. Et pour coller à la cible urbaine, le gabarit reste situé sous les 4 m (3,84 m), cette 5e génération ne gagnant que 3 cm de plus en longueur.

Sous le capot, trois motorisations, équipées du Stop&Start en série, prennent place. Avec le 1,2 de 69 ch (115 g/km de CO2) et le turbo Diesel 1,3 Multijet II de 95 ch (99 g/km de CO2), l’Ypsilon inaugure le bicylindre TwinAir de 85 ch (99 g/km de CO2). Lancia pense vendre 40 % de Diesel, 60 % d’essence, dont 20 % de TwinAir.

A l’intérieur, la citadine fait le plein d’équipements, avec notamment le Magic Parking, un GPS Blue&Me TomTom Live, ou encore un système 360° Hi-Fi Music. Sur ce point, il s’agit de séduire la clientèle branchée, masculine et féminine. Lancia a d’ailleurs bien travaillé ses versions pour proposer, en plus des 4 niveaux de finition, des packs (700 euros), qui créent des niveaux intermédiaires. Le client a donc le choix entre les versions Silver, Gold, Platinum, Platinum +, et peut jouer avec les packs Look (cuir, climatisation, jantes et anti-brouillard) et Dolce Vita (radar de recul, régulateur de vitesse, capteurs de pluie, système Blue&Me). Cette stratégie rentre pleinement dans l’objectif de démocratisation de l’Ypsilon, puisque le constructeur souhaite atteindre 5 000 unités en année pleine. Toutefois, l’augmentation des volumes devrait se traduire par une descente en gamme, notamment pour les nouveaux clients. Les habitués de la marque et du modèle resteront sur du Platinum. Et côté service, les clients Lancia bénéficient de VIP Service, pour l’entretien et le dépannage de leur voiture. Réalisé en partenariat avec EuropAssistance, ce service offre une assistance routière, médicale et également un chauffeur ! Ainsi, en programmant l’entretien du véhicule, un transfert est programmé pour l’automobiliste, via un taxi ou un chauffeur.

Des prix agressifs

Le prix reste l’argument ultime pour séduire ou renouveler sa clientèle. Sur ce point, Lancia arrive avec un prix agressif, à partir de 12 500 euros, annonçant toutefois un prix moyen de 15 000 euros. L’Ypsilon devient effectivement plus accessible qu’avant. Cette “prouesse” a été rendue possible par le changement de plate-forme et de lieu de production. Autrefois fabriquée en Sicile, l’Ypsilon sortira de l’usine polonaise de Tichy. “Le prix de la main-d’œuvre s’y trouve moindre, tout comme le coût pour acheminer les matières premières et ramener les voitures, commente Arnaud Belloni, directeur de Lancia France. Enfin, des synergies se trouvent possibles avec Fiat, puisque le site produit aussi la Fiat 500. Nous avons ainsi réalisé des économies d’échelle considérables, qui nous permettent donc d’ajuster la position tarifaire d’Ypsilon par rapport aux marques généralistes.”

Pour accompagner le lancement de cette nouvelle génération, la marque italienne a également travaillé son plan de communication, adoptant Vincent Cassel comme égérie, et relayant le message “le luxe est un droit”. L’acteur a été choisi pour son côté franco-italien et, surtout, parce qu’il plaît autant aux femmes qu’aux hommes. Il se retrouve, dans le spot actuellement diffusé sur les écrans, à philosopher sur la notion de richesse, précisant que le luxe n’est pas forcément un privilège inaccessible. “Nous mettons des moyens de généralistes dans notre communication, souligne Arnaud Belloni, en adéquation avec nos ambitions de vente.”

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QUESTIONS A

Arnaud Belloni, Directeur de Lancia France.

Journal de l’Automobile. Quelles actualités peut-on attendre de Lancia à court terme ?
Arnaud Belloni.
Nous allons lancer les Lancia Voyager et Thema en octobre 2011. La Thema sera une Chrysler 300, badgée Lancia pour l’Europe, produite sur une nouvelle plate-forme, dans laquelle 1,3 milliard de dollars ont été investis. Il y aura peu de différences avec la version d’Amérique du Nord. Elles porteront majoritairement sur le moteur et les niveaux de finition. Pour le Voyager, seul l’intérieur sera revu.

JA. Comment est perçu ce cross-badging entre Chrysler et Lancia ?
AB.
En Europe, Chrysler faisait peu de volumes et Lancia atteignait environ 120 000 unités. Donc, dans un souci de pérennité, nous mettions du temps à renouveler nos gammes. Pour Lancia, Sergio Marchionne a décidé de faire un mix avec Chrysler, arbitrant sur la marque selon les marchés. Nous avons toutefois choisi de ne pas attendre trois ans pour avoir une gamme propre, un souhait que les concessionnaires ont approuvé, puisqu’ils sont demandeurs de renouveau. Nous avons toutefois fait des choix. Par exemple, la 200 Sebring n’a pas été retenue, car elle ne colle pas avec la Delta. Nous avons en revanche pris le cabriolet Sebring, qui deviendra la Lancia Flavia, qui manque à notre gamme. Le challenge sera de le proposer à un prix attractif. Nous avons été vivement critiqués sur ce point, alors que GM, Renault ou encore Volkswagen le font très bien. Du coup, nous passons sur des volumes beaucoup plus grands, avec des ambitions mondiales plus fortes. Après, il faut aussi nous laisser du temps. Nous ne sommes au capital de Chrysler que depuis un an.

JA. Comment la Lancia Ypsilon sera-t-elle lancée dans le réseau. Existe-t-il un risque de cannibalisation avec la 500 ?
AB.
Le réseau Lancia dispose de 140 points de vente. Depuis avril et mai, des soirées sont organisées pour présenter la voiture, et réaliser des essais ensuite, à partir du domicile ou du bureau. Au total, nous avons récupéré 31 000 contacts qualifiés, téléchargé 800 catalogues, validé 500 demandes d’essai, signé 53 pré-réservations, et vendu une centaine d’Ypsilon. Par rapport à la Fiat 500, tout comme l’Alfa Romeo Mito, les showrooms sont bien différents, avec des univers propres. Lancia sera dans un concept fashion, Fiat plus dans un univers Ikea, alors que celui d’Alfa sera clairement masculin. Il n’y aura pas de cannibalisation entre la Lancia Ypsilon et la Fiat 500, car avec cette dernière, les clients souhaitent avant tout acheter une icône. Et s’ils veulent en changer, l’Ypsilon pourra également les convaincre de rester dans le groupe. Enfin, il existe aussi un choix rationnel, entre 3 et 5 portes.

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L'YPSILON EN BREF

Date de lancement : déjà commercialisée

Segment de marché : Citadine, 1 207 immatriculations en 2010

Objectif de ventes en France : 5 000

Les principales concurrentes de l’Ypsilon 1.2 69 ch Stop&Start 12 500 € :
Fiat 500, 1.2 8v Pop Stop&Start, 11 600 € ; Audi A1, 1.2 TFSI Attraction,
16 400 € ; Citroën DS3, 1.4 VTi Chic, 15 800 € ; Mini One 75 ch, 15 990 € Mercedes Classe A, 19 950 €

Prix : de 12 500 € à 17 100 € toutes énergies

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