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Constructeurs

L’usine Stellantis de Rennes-La Janais entame la production du Citroën C5 Aircross

Publié le 4 juillet 2025

Par Jean-Baptiste Kapela
8 min de lecture
À Rennes (29), l’usine Stellantis reprend du service en lançant la production des préséries de la deuxième génération du C5 Aircross. Pour accueillir le nouveau vaisseau amiral de Citroën comme il se doit, le site a subi une cure de jouvence. L'espace a été optimisé au maximum, mais le groupe ne cache pas ses ambitions pour le SUV dont dépendra en grande partie la compétitivité des lieux.
Rennes la janais
La marque aux chevrons espère produire 100 000 C5 Aircross par an et vient tout juste de démarrer l’assemblage des préséries. ©Jean-Baptiste Kapela-Le Journal de l'Automobile

La nomination d’Antonio Filosa au poste de directeur général de Stellantis a laissé planer le doute quant à l’espérance de vie de certaines usines du constructeur dans l’Hexagone. Toutefois, le site de Rennes-La Janais peut souffler, car l’usine bretonne accueille la production du nouveau "vaisseau amiral" de Citroën : le nouveau C5 Aicross. La marque aux chevrons espère ainsi en produire 100 000 par an et vient tout juste de démarrer l’assemblage des préséries.

 

Avec une cadence actuelle de 20 véhicules par jour, celle-ci devrait grimper à 400 unités quotidiennes à plein régime, selon les estimations d’Etienne-Martin Commandeur, directeur de l’usine. Débarquant dans les showrooms en septembre, la production de série devrait démarrer également à cette date. Quant à la cadence de croisière, elle est attendue à la mi-octobre 2025. 

 

 

Sur les 100 000 véhicules qui seront produits par an, 32 % seront destinés à la France, 18 % à l’Allemagne, 16 % à la Turquie et 9 % et 6 % pour l’Italie et l'Espagne. "Après une année difficile avec la pandémie, nous sommes tombés à 60 000 voitures et nous avons tourné autour des 77 000 véhicules avec le C5 Aicross de première génération qui a trouvé son marché. Là, nous comptons faire encore mieux", se réjouit le directeur d’usine.

 

Rennes La Janais

©Jean-Baptiste Kapela-Le Journal de l'Automobile

 

La plateforme STLA-Medium bien implantée à Rennes

 

Pour rappel, le C5 Aircross est produit sur la plateforme STLA-Medium de Stellantis, dédiée aux C-SUV du groupe comme la Peugeot 3008, l’Opel Grandland ou encore la Jeep Compass. Celle-ci a la particularité d’être flexible et de jongler entre quatre énergies en fonction des oscillations du marché et de la demande. Les modèles essence, électrique, hybride et hybride rechargeable peuvent ainsi se retrouver sur les mêmes lignes. "Parmi les véhicules produits, nous estimons que 60 % d’entre eux seront entièrement électriques, tandis que 30 % seront mild hybrid", assure Etienne-Martin Commandeur. 

 

"Nous sommes une usine Stellantis et ce sont les marques qui s'intègrent à nos sites, car nous sommes une plateforme modulaire qui permet de fabriquer une Peugeot à côté d’une Opel et d’une Citroën", explique Etienne-Martin Commandeur. "Il faut garder en tête que l’on change de modèle tous les sept ans, de plateforme tous les 20 ans. Mais le lancement d’un véhicule électrique n’arrive qu’une fois dans la vie d’une usine… Et pour le site de Rennes, c’est maintenant."

 

Rennes La Janais

© Jean-Baptiste Kapela-Le Journal de l'Automobile

 

Une usine qui a évolué 

 

Pour accueillir ce nouveau modèle, il a fallu moderniser une usine de 65 ans qui a vu passer 13 millions de véhicules de près de 17 modèles différents. Désormais, l’usine s’est spécialisée dans le segment des SUV. Pour ce faire, le groupe a investi près de 150 millions d’euros via un soutien de l’Ademe, sans compter les investissements générés par l’usine pour décarboner le site, autour des 18 millions d'euros. Un budget consacré à rendre le site plus résilient. Fruit d’un travail de quatre ans, sa surface devrait passer de 229 ha et 1,9 m2 par voiture en 2015 à 100 ha et 0,9 m2 par véhicule en 2026.

 

Stellantis a cherché à mettre le maximum d’éléments d’atelier dans un seul et même bâtiment permettant de concentrer les investissements. Malgré les baisses de volume, ce procédé leur a permis d’investir. Cela a été rendu possible en coupant l’atelier peinture. Technologiquement, le site à un haut degré d’automatisation avec près de 400 robots et AGV. 

 

Rennes La Janais

©Jean-Baptiste Kapela-Le Journal de l'Automobile

 

Une internalisation de certains éléments

 

Cette surface dégagée permet au constructeur d’internaliser la production de nouveaux éléments comme les pièces plastiques, avec un site dédié à leur injection par le biais de 13 presse récupérées dans une usine du groupe en Italie. Notons que, pour la toute première fois en France, via cet espace, Stellantis va produire le pare-choc de l’un de ses modèles. "Cette première usine plastique devrait nous permettre de dégager du business et de capter du revenu", explique Etienne-Martin Commandeur. Ainsi, le nouveau C5 Aircoss comporte 30 pièces plastiques produites en interne contre 18 pour l’ancienne version. "L’agilité, c'est aussi de pouvoir compenser des volumes plus bas que d’autres usines, mais qui nous permettront d’être plus stable."

 

Les fournisseurs ne sont bien évidemment pas exclus de l’équation puisque Forvia produit les sièges et la planche de bord, Valeo s’occupe des projecteurs et OP Mobility réalise le volet coffre. En ce qui concerne les batteries, les modules pour les unités de grande capacité sont produites en France par ACC et les autres sont fournis par BYD. Concernant les boîtes de vitesses, ces dernières viennent de Metz-Trémery. Un véhicule qui se veut donc "made in France".

 

Un focus sur l'écologie et l’humain

 

L’usine de Rennes-La Janais se veut aussi plus "écologique" et aspire à atteindre la neutralité carbone d'ici à 2030. Pour parvenir à cet objectif, les équipes profitent de l’espace disponible pour la fabrication d’une centrale biomasse pour capturer et tuer les vapeurs et réduire les émissions de gaz de l’usine. Dans une zone géographique où l’eau est partagée avec les agriculteurs locaux, le site breton de Stellantis a déjà réduit la consommation de 1,8 m3 d’eau par véhicule en 2021 à 1,5 m3 d’eau en 2025 et aspire à atteindre les 1,15 m3 par unité. D’autre part, un parc photovoltaïque devrait bientôt voir le jour. Selon le directeur général de l’usine, la consommation d’énergie a été divisée par deux depuis 2021. En 2026, l’entreprise sera indépendante énergétiquement à hauteur de 70 %. 

 

 

Près de 2 000 personnes travaillent sur le site breton. L’usine est interconnectée avec les autres sites du groupe dans le monde et bénéficie ainsi d’un partage de connaissance en accueillant des expatriés d’autres centres de production, comme en Serbie ou Brésil, pour "challenger la culture industrielle française". 1200 personnes sont dédiées à la fabrication, 400 intérimaires et plus de 300 personnes qui proviennent de différents sites Stellantis depuis le Covid.  "L’usine n’a cessé de décroître, mais maintenant, nous recrutons puisque la transformation des différents ateliers va nous permettre de créer et de transformer à peu près 200 emplois", explique le patron de l’usine. Des recrutements ayant eu lieu aussi au niveau des postes de cadre et d’ingénieurs.

 

Un avenir radieux ?

 

La plus importante usine automobile de l’ouest de la France revient donc de loin. Dans la compétition interne entre les 40 usines de Stellantis dans le monde, celle de Rennes-La Janais brigue la première place en matière de performance du monde high cost. Un challenge pour une usine ayant divisé sa taille par deux. 

 

"Nous allons adapter un schéma start-up à une entreprise de type CAC 40. C’est notre défi en travaillant depuis trois ans avec ce mindset", assure le directeur de l’usine. Actuellement, en se basant sur l’indicateur interne de performance des usines Stellantis, Rennes La Janais se situait à la septième position en 2024. "L’usine de Rennes, malgré de faibles volumes, avant la déferlante que sera le C5 Aircross II, se hisse parmi les meilleures", s’enthousiasme Etienne-Martin Commandeur. 

 

 

Pour le moment, l’ancien et le nouveau C5 Aircross se côtoient encore sur les lignes de production, mais dès septembre, il ne restera que la nouvelle mouture du SUV de Citroën. Ce dernier sera le seul et unique modèle produit à Rennes, qui a récemment marqué l'arrêt du 5008. Cette situation rend le site breton très dépendant du succès du modèle. Mais les équipes ont toute confiance en ce nouveau produit. "Nous n’avons pas de doute sur le fait que le nouveau C5 Aircross sera un succès", assure le directeur de l’usine.

 

 

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