Les noces de rubis de Honda France
...du début d'année lui permettent de croire en un beau redressement et en un avenir plus radieux.
ZOOMHonda France en quelques dates |
On associe bien souvent la quarantaine avec la maturité. Si tel est le cas, alors Honda France ne peut que se réjouir de passer ce cap parfois si difficile en célébrant ses 40 années de présence dans l'Hexagone. Quatre décennies qui n'ont pas toujours été forcément souriantes, notamment ces derniers temps, quand les ventes ont vu leur courbe fléchir irrémédiablement pour descendre en dessous de la barre des 6 000 immatriculations.
Malgré cette inquiétante diminution, Honda France peut espérer voir l'avenir un peu plus sereinement et célébrer dans un doux optimisme les noces de rubis entre le constructeur et la France.
Fondée en 1948 par Soichiro Honda, la marque attendra seize ans avant d'investir la France. A l'époque, le constructeur s'était fait connaître en tant que fabricant de moteurs montés sur des bicyclettes. Mais il se lance en 1964 dans l'automobile avec la première S 600 présentée au Salon de Paris la même année et en profite pour installer ses premiers bureaux à Boulogne-Billancourt, où travailleront 9 personnes, après avoir fait de même trois ans auparavant en Allemagne et au Benelux. L'année 1964 restera quoi qu'il arrive une année marquante pour le constructeur puisqu'il réalise ses premiers tours de pistes en Formule 1 tandis que la moto devient déjà son domaine réservé quand il remporte le championnat du monde 125 cm3. Dès lors, le championnat du monde, quelle que soit la catégorie (125 cm3, 250 cm3, 500 cm3 ou Moto GP aujourd'hui) restera la plus belle vitrine du motoriste japonais qui récoltera aussi bien les titres de championnat du monde Constructeurs que Pilotes.
L'apprentissage dans le domaine du quatre roues fut pourtant un peu plus long à se dessiner.
Cependant, en 1966, la France a le privilège d'assister au lancement de la mythique S 800 dont l'Hexagone sera pratiquement le seul pays d'exportation. Dès le début des années 70, Honda passe le cap des 1 000 VN en France avec une gamme essentiellement composée de N 600 et de N 300. Mais c'est en 1973 que Honda va véritablement connaître son essor au sein de nos frontières. En effet, le constructeur lance sa première Civic, véhicule emblématique de Honda, puisque la petite japonaise connaîtra par la suite six autres générations. La commercialisation de la première Civic 1 200 3 portes ajoutée au Coupé Accord en 1976 va permettre à Honda France de doubler ses ventes en atteignant ainsi les 2 000 immatriculations.
La croissance du constructeur japonais en France va se voir quelque peu contrariée en 1980 lorsque Valéry Giscard D'Estaing instaure la politique des quotas appliquée à l'encontre des constructeurs japonais (3 % des ventes pour la France jusqu'en 1992). Cependant, Honda France frôle les 10 000 voitures au début de cette décennie (9 598 immatriculations) et en profite pour installer son siège à Marne-la-Vallée, en Seine-et-Marne.
ZOOMHonda, Formule 1 et Grand Prix Moto |
Le sport automobile, vecteur d'intégration pour Honda
La période charnière entre la fin des années 80 et le début des années 90 va permettre à Honda de s'ancrer définitivement sur le marché national. D'un peu plus de 10 000 immatriculations en 1989, Honda progresse l'année suivante de + 29,8 % pour atteindre les 14 000 immatriculations. Si la marque a su profiter du marché, il n'empêche que le sport automobile, notamment la F1 et Alain Prost (lire encadré), lui a permis de se faire un nom sur un marché hexagonal encore réticent aux marques japonaises. Ces succès récoltés en F1 permettent aux ingénieurs de Honda de montrer leur savoir-faire technologique, notamment avec la NSX, véhicule à caractère sportif avec son moteur central doté d'un V6 de 3 l atmosphérique qui délivre 274 ch !
La décennie des années 90 sera la meilleure qu'aura connue Honda France jusqu'à présent puisque les ventes ne descendront guère en dessous des 11 000 immatriculations pour approcher régulièrement les 15 000 VN. En 1999, l'année du lancement du S 2000, la nouvelle organisation européenne du constructeur choisit Marne-la-Vallée comme siège social pour la France, l'Italie et l'Espagne : Honda South Europe. Cette période marque aussi le début des difficultés pour le constructeur en France, même si paradoxalement la gamme Honda s'est étoffée avec l'arrivée de nouveaux modèles comme le CR-V (1997) le HR-V, l'Accord ou encore la Jazz (2000)… D'une longue période d'ascension débutée en 1964, la courbe va alors invariablement s'inverser jusqu'à aujourd'hui.
Sans Diesel, point de salut
Au moment d'entrer dans le 21e siècle, le problème de Honda porte un nom : le Diesel. Si effectivement la Concerto (Diesel Peugeot) et les anciennes Accord (Diesel Rover) avaient eu l'occasion d'initier le constructeur aux rites du Diesel aux cours des années 90, le phénomène était resté sans suite. En France, la part de ces motorisations n'a cessé de prendre de l'importance : de 49 % en 2000, elle est rapidement passée à 63,2 % en 2002 pour atteindre aujourd'hui 67 % (données PolK France, JA n°860) ! Il devient impensable pour un constructeur nourri d'ambitions hexagonales de ne pas posséder de motorisations Diesel.
Honda passe ainsi à l'offensive en lançant en mai 2002 (JA n° 798) la Civic équipée d'une motorisation Diesel développée par Isuzu. La seconde salve vient récemment d'être tirée au début de cette année avec la nouvelle Accord qui se dote pour la première fois dans l'histoire du constructeur d'un moteur Diesel 100 % Honda : le I-CDTi.
Une première réussie (JA n° 850) puisque l'Accord Diesel a dans son ensemble été bien accueillie par la critique. Mais surtout par le public, ce qui reste le plus important : sur les trois premiers mois de l'année 2004, Honda enregistre une hausse de ses ventes de 18 % par rapport à la même période l'an passé avec 1 848 unités dont 42 % proviennent des ventes de la nouvelle Accord. En Europe, le résultat est tout aussi probant : le constructeur est en croissance de 16,7 % avec 33 000 immatriculations sur le 1er trimestre 2004. Effet Diesel ? Sûrement. Comme semble l'indiquer le nouveau General Manager, Thierry Hubert : "La diésélisation de notre gamme sera le pivot de notre stratégie en 2004, une année cruciale pour Honda sur le marché français." Une première étape pour Honda France qui permettra au constructeur de viser dès cette année la barre des 7 000 VN avant de revenir au seuil des "années dorées" des 14 000 immatriculations dans l'Hexagone en 2007. La renaissance est-elle en marche ?
Tanguy Merrien
ZOOML'activité Honda |
Questions àThierry Hubert, General manager de la division automobile de Honda Motor Europe South pour la France Récemment arrivé à la tête de Honda France, Thierry Hubert envisage l'avenir de la marque avec optimisme, espérant franchir la barre des 7 000 VN cette année avant de doubler ce chiffre d'ici trois ans. Le Journal de l'Automobile : Vous venez de prendre la direction de Honda France qui a terminé l'année 2003 avec 5 547 unités. Quels sont vos premiers objectifs ? JA : Il semblerait, au regard des résultats du premier trimestre, que les ventes progressent par rapport à la même période l'an passé. Avec une avancée de 18 %, elles atteignent 1 848 unités contre 1 566 en 2003. Est-ce l'effet Accord Diesel ? JA : Quelle est la politique produits à court et moyen terme ? JA : Quel est le rôle de Honda France par rapport à Honda Motor Europe South ? JA : Justement, avec 75 investisseurs et 83 sites, le réseau vous semble-t-il suffisamment étoffé dans l'Hexagone ? JA : Quelle est la rentabilité du réseau ? Est-il facile pour un distributeur Honda d'être rentable lorsque l'on sait que vous souhaitez des distributeurs monomarques grâce à la clause De Minimis ? JA : Envisagez-vous l'avenir de Honda en France avec optimisme ? Propos recueillis par Tanguy Merrien |
Questions àBruno Chemin : directeur commercial Honda Moto France JA Comment le marché de la moto se compose-t-il en France ? JA Quelle est la place de Honda sur ce marché ? JA Comment la distribution moto s'organise-t-elle et peut-on espérer un rapprochement avec le réseau automobile ? |
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