Les défis à venir vus par la planète automobile
L’avenir de l’industrie automobile mondiale va encore passer par le moteur thermique ! Pas moins de 200 dirigeants de constructeurs, d’équipementiers et de groupes de distribution ont en tout cas tenu à le faire savoir à l’occasion de la 15e édition de l’étude internationale sur le secteur du cabinet KPMG (“KPMG Global Automotive Executive Survey 2014”). Ils estiment à 76 % que l’amélioration des performances du moteur thermique est un facteur clé de développement pour le secteur et ils sont 46 % à vouloir y consacrer l’essentiel de leurs investissements d’ici à 2019 (16 % pour l’hybride rechargeable, 11 % pour l’hybride non rechargeable, 10 % pour la pile à combustible, 9 % pour la batterie électrique et 8 % pour la batterie électrique avec prolongateur d’autonomie). Les projets d’investissements sont toutefois très différents selon que les sondés travaillent pour le compte de constructeurs ou de fournisseurs, et selon qu’ils sont implantés dans des pays matures ou dans les BRIC (voir graphique). “Les constructeurs des zones Amérique du Nord, Europe occidentale et Japon plus Corée souhaitent surtout consolider leur avance dans les moteurs thermiques, et ceux basés dans les BRIC désirent pour l’essentiel progresser très rapidement dans les motorisations pour hybrides ou VE”, résume Laurent des Places, associé KPMG responsable du secteur automobile en France.
Les moteurs thermiques ne sont donc pas les seuls à être appelés à se développer dans les prochaines années. Pour preuve : les dirigeants interrogés sont 69 % à voir dans les piles à combustible une technologie clé pour le futur et ils sont 35 % à considérer que l’hybride rechargeable représentera la plus forte demande d’ici à 2019. Viendront ensuite, selon eux, les véhicules fonctionnant avec une pile à combustible (24 %), les véhicules électriques avec prolongateur d’autonomie (17 %), les véhicules tout électriques (14 %) et enfin les véhicules hybrides non rechargeables (12 %). Bref, aujourd’hui, les dirigeants du monde de l’automobile misent beaucoup plus sur les hybrides rechargeables que sur les VE.
Des barrières à lever
Des barrières semblent encore devoir être levées côté VE : un peu plus de trois quarts des sondés estiment que ce type de véhicule va se démocratiser… si les prix sont revus à la baisse et s’il y a une augmentation des offres de services associés (réparation, réseaux de distribution…). “Ils suggèrent qu’il conviendrait de créer des alliances et des coentreprises entre acteurs impliqués dans cette technologie afin de minimiser les risques [financiers] et qu’il serait plus opportun de soutenir la demande avec des mesures gouvernementales incitatives plutôt que d’accorder des subventions en R&D pour les VE”, relève KPMG. En d’autres termes, nombre de pays devraient s’inspirer de la Norvège : grâce aux différentes mesures incitatives prises afin de promouvoir l’achat et l’utilisation de véhicules tout électriques, ce pays de 5 millions d’habitants compte déjà plus de VE que toute l’Allemagne. Cela étant dit, leurs ventes devraient augmenter. KPMG estime que, d’ici les quinze prochaines années, les ventes de VE atteindront 4 millions d’unités en Chine, 2 millions d’unités aux Etats-Unis et en Europe occidentale, et enfin près d’un million d’unités en Inde.
Les BRIC vont aussi exporter
“Les constructeurs des BRIC investissent largement dans le véhicule hybride qui peut être perçu comme une transition vers le tout électrique, relève Laurent des Places. Tirés par la Chine, ils se concentrent sur les technologies nouvelles plutôt que de concurrencer les pays occidentaux sur les technologies d’aujourd’hui. En d’autres termes, ils souhaitent passer directement aux nouvelles technologies.” Et il faudra plus que jamais compter avec les BRIC.
Les dirigeants interrogés estiment à 85 % que, d’ici à 2025, la principale tendance du secteur sera la croissance des volumes au Brésil, en Russie, en Inde et en Chine (44 % des sondés ont aussi indiqué qu’ils s’attendaient à ce que la Chine exporte 2 millions de véhicules d’ici à 2016, 37 % tablant sur un million d’exportations pour l’Inde). Rien d’étonnant, donc, s’ils sont très nombreux à vouloir investir dans ces quatre pays, et ce que les dirigeants interrogés soient basés dans les pays matures ou au sein même des BRIC. “L’enjeu pour les constructeurs [de ces quatre pays] est d’acquérir une part de marché significative sur leur marché local puis de se développer sur les marchés émergents ayant des caractéristiques similaires”, souligne KPMG. La dernière étape est bien entendu de s’attaquer aux marchés occidentaux.
En attendant, les dirigeants vont surtout miser sur la croissance organique et les partenariats : les sondés sont 84 % à avoir placé la croissance organique au cœur de leur stratégie 2014, les partenariats et les alliances stratégiques demeurant pour eux des priorités à 77 %.
Rien d’étonnant, donc, si les sondés sont également très nombreux à s’attendre à ce qu’il y ait dans les prochaines années des rapprochements et des évolutions de parts de marché très importantes chez les constructeurs. Pour preuve : ils estiment que seuls 6 constructeurs sur 32 pourront survivre en restant indépendants, ces heureux “élus” incluant les groupes BMW, Volkswagen, Tesla, Hyundai/Kia, Toyota et Tata. Côté parts de marché, ils considèrent que les principales hausses au niveau mondial seront surtout à mettre à l’actif des groupes Hyundai/Kia, Volkswagen, AvtoVAZ, SAIC, Chery et Dongfeng d’ici à 2019. Bref, il faudra aussi compter avec les constructeurs issus des BRIC !
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