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Constructeurs

Les constructeurs accusés d'évaluer leurs émissions… à la hausse !

Publié le 25 juillet 2018

Par Alice Thuot
3 min de lecture
Un nouveau soupçon est jeté sur l’honnêteté des constructeurs automobiles : la Commission européenne les accuse d’avoir artificiellement gonflé leurs niveaux de rejets de polluants afin d’être en mesure de réclamer des objectifs 2025 et 2030 moins ambitieux en termes de réduction d’émissions.
La Commission européenne accuse les constructeurs automobiles de falsifier leurs niveaux d'émissions... à la hausse.

 

D’habitude, quand sont évoquées des tricheries sur les niveaux d’émissions de polluants des véhicules, il s’agit plutôt de réductions. Mais cette fois, c’est une autre théorie qui vient de faire surface. Selon la Commission européenne, les constructeurs automobiles auraient mis en place un nouveau subterfuge afin de gonfler le niveau d’émissions de polluants de leurs véhicules. "Des preuves montrent que les valeurs d'émissions polluantes déclarées officiellement par les constructeurs ont pu être gonflées", note la Commission européenne dans un document de recherche transmis à l'AFP par l'ICCT (Conseil international pour des transports propres), l'ONG à l'origine des révélations sur le dieselgate.

 

Le raisonnement de ce qui semble a priori plutôt illogique : rendre les homologations en WLTP plus mauvaises qu’elles ne le seraient réellement afin de réclamer des objectifs moins ambitieux en termes de réduction d’émissions dans les années à venir. Pour rappel, la Commission européenne s’est prononcée pour une baisse de 15 % d’ici à 2025 et de 30 % en 2030. Des objectifs bien au-dessus que ce qui est à l’heure actuelle considéré comme réalisable par l’ACEA.

 

Des niveaux surévalués de 4,5 % en moyenne

 

Pour parvenir à ces niveaux plus élevés, les constructeurs désactiveraient notamment le Start & Stop, mais joueraient également sur le passage des rapports de boîte de vitesses. Aucun constructeur automobile spécifique n'a été nommé, mais la Commission européenne redoute que beaucoup pourraient être impliqués. En moyenne, les valeurs déclarées par les constructeurs des émissions en cycle WLTP seraient 4,5 % supérieures à celles obtenus via des tests WLTP réalisés par des organismes indépendants. L’inflation a atteint 13 % dans certains cas. A contrario, la valeur déclarée selon les anciennes normes serait systématiquement inférieure d'environ 4 % à la valeur mesurée.

 

Les réactions ne se sont évidemment pas fait attendre. Deux commissaires européens, Miguel Canete, en charge des actions sur le climat et de l'énergie, et Elzbieta Bienkowska, en charge de l'Industrie, ont alerté l'Autriche, actuellement présidente de l'UE, et la Commission dans une lettre publiée sur Twitter, encore une fois sans jamais nommer de marque.

 

Une manœuvre qui pourrait modifier les objectifs ?

 

Les deux commissaires européens craignent que ces résultats gonflés ne parviennent effectivement modifier les objectifs de 2025 et 2030. "Ces véhicules tests, une fois approuvés, seront mis sur le marché et immatriculés en 2020 et sans intervention, cela conduira à une hausse des objectifs WLTP de 2021", soulignent-ils. Le rapport encourage la Commission à ne plus baser ses calculs sur les valeurs déclarées par les constructeurs, mais sur les valeurs mesurées.

  

Craintes partagées par l’association Transport & Environement. "En manipulant les homologations WLTP, les constructeurs trichent sur les objectifs de 2025/2030 avant même que ces derniers aient été approuvés", a déclaré son directeur exécutif William Todts. Qui a aussi noté qu'une fois les nouvelles réglementations en vigueur, les constructeurs automobiles pouvaient aussi simplement tester leurs véhicules avec les bons procédés, et ainsi atteindre plus facilement des objectifs potentiellement plus accommodants.

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