Le Saab nouveau est arrivé
"Aux yeux de nombreuses personnes, Saab est une marque disparue. Pour d'autres, elle est devenue chinoise*. Il nous faut rétablir un certain nombre de vérités". Philippe Van Der Meulen, directeur général de Saab Automobile France, demeure le 1er "Saabiste" de l'Hexagone. Sa passion pour la marque reste intacte, malgré les incertitudes de ces derniers mois. Aussi goûte-t-il aujourd'hui son plaisir de voir la marque tenter un "come-back" au premier plan. Depuis la fin du mois de juin, la structure de commercialisation est de nouveau prête à fonctionner. Les filiales d'Amérique du Nord, de Suède et de Grande-Bretagne, les trois marchés les plus importants de la marque, ont été conservées. Ailleurs, les cartes ont été redistribuées, ou presque. Neuf pays européens, dont la France (avec l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, la Suisse, la Norvège, le Danemark, la Finlande et l'Autriche), jouissent ainsi de nouveaux statuts et s'appuient sur le concept de "direct-dealer". Un système dans lequel les concessionnaires sont en lien direct avec le siège du constructeur pour les commandes de véhicules.
La France se reconstruit
Créée le 28 juin dernier, la structure française est déjà à pied d'œuvre. Les neuf personnes et les 4 chefs de régions qui la composent sont sur le pied de guerre. Notamment pour reconstituer le réseau, qui a perdu nombre de mailles. En Rhône-Alpes, principalement, puisque l'intégralité des 8 points de vente ont rendu le panneau. Aujourd'hui, avec 43 investisseurs pour 52 représentations, Philippe Van Der Meulen estime que "le réseau est suffisamment structuré pour assurer le renouveau". Des nominations devraient prochainement avoir lieu. A Reims (51), et à Rouen (76), notamment. De quoi reprendre confiance sur le second semestre, et repartir à l'assaut. Car cette année ne devrait pas compter parmi les meilleurs exercices de Saab sur le marché. La marque ne devrait pas dépasser les 1 200 livraisons de véhicules neufs. En revanche, c'est bien sur les quatre derniers mois 2010 que le constructeur espère sentir quelques frémissements, avec une prévision de 850 ventes entre septembre et décembre, dont 400 nouvelles 9.5. Alors que le véhicule doit débarquer dans les showrooms français le 16 septembre prochain - 80 exemplaires sont arrivés durant l'été - il est déjà stratégique pour le constructeur.
La 9.5 en clé de voûte du renouveau
"Même si nous savons que la grande partie de nos volumes sera réalisée par la gamme 9.3, la nouvelle 9.5 est essentielle pour réussir notre renouveau. C'est elle qui doit rassurer notre clientèle et la ramener chez nous. Ce doit être un symbole fort", reconnaît Philippe Van Der Meulen. Et pour ce faire, le constructeur a décidé de faire monter son véhicule en gamme. Son positionnement tarifaire installera en effet le modèle en face des Audi A6, BMW Série 5 et Mercedes Classe E. Avec une entrée de gamme à 37 900 euros, et un panier moyen aux alentours de 45 000 euros, Saab estime être 12 à 18 % moins cher que BMW et 10 % moins cher que Mercedes. Compétitive, donc. Mais aussi plus chère que sa devancière, dont le prix de transaction médian avait considérablement baissé ces dernières années. "Sur l'ancienne version, nous étions arrivés à des niveaux de remises dangereusement bas, qui nous plaçaient parfois en dessous d'une 9.3.", précise Philippe Van Der Meulen. Le véhicule devrait donc donner un peu d'air aux distributeurs "et sauver une partie de leur année", estime même le directeur général. Les premiers retours sont encourageants. Le constructeur a déjà enregistré plus de 3 000 commandes du véhicule au niveau mondial.
Un élargissement de la gamme nécessaire
La marque prévoit de livrer 50 000 véhicules en 2010, puis d'accroître considérablement ses ventes dans les prochains exercices. Pour 2011, Saab, s'est d'ailleurs fixé un seuil de rentabilité à 85 000 unités. "Nous ne les atteindrons peut-être pas, mais nous ne serons pas loin", estime Philippe Van Der Meulen. Dès 2012, année à laquelle Spyker a souhaité un retour aux profits, le constructeur entend atteindre un volume de production annuelle de 125 000 véhicules. En France, et à cette même échéance, l'objectif est de réaliser un volume de 4 000 VN par an. Un objectif très ambitieux puisque jamais atteint par la marque sur le marché hexagonal.
Sa recette pour atteindre les sommets ? Le produit. Il est vrai qu'à ce niveau, les concessionnaires Saab sont désormais rompus à l'attente. Celle de produits qui ne sont finalement jamais venus. Cette fois, la donne est différente.
Le constructeur a son avenir en main. En 2011, la version Estate de la 9.5 viendra compléter la gamme. Tout comme le 9.4X, dont la mise en production a été plusieurs fois gelée et dont on annonce cette fois l'arrivée certaine pour l'an prochain. En attendant la nouvelle 9.3, prévue quant à elle pour 2013, puis une nouvelle mouture de 9.5 d'ici 2016. "Nous n'attendrons plus 13 ans avant de la renouveler", assure Philippe Van Der Meulen. Mais ce n'est pas tout. La possibilité d'intégrer un segment inférieur resterait à l'étude. Cela semble essentiel pour l'avenir de la marque, au même titre que la prochaine arrivée du SUV Compact, mais cela coûte évidemment cher pour un constructeur indépendant et sans accord de coopération industrielle. Et cela implique un point mort nécessairement élevé. Trop pour GM, qui n'a jamais consenti à réaliser les investissements. "Mais aujourd'hui, nous avons de grandes chances de voir ce projet aboutir", confie Philippe Van Der Meulen, qui se félicite également de la décision du constructeur de développer l'hybride essence et Diesel, puis de se lancer dans le full électrique, notamment sur le marché chinois, à moyen terme.
*Méprise avec Volvo, rachetée par le constructeur chinois Geely. Spyker est hollandais. Son capital est détenu par Victor Muller, le groupe financier russe Convers, et le fonds souverain d'Abou Dhabi Mubadala Development Company.
FOCUSSpyker bientôt distribuée en France ? D'ici quelques mois, peut-être verrons-nous quelques showrooms Saab exposer des véhicules de Spyker. Victor Muller, actionnaire majoritaire du constructeur de luxe, a déjà annoncé son intention de s'appuyer sur le réseau de Saab pour écouler ses propres productions. Mais rien de précis n'a encore été annoncé. Paris ou Monaco, où la marque néerlandaise n'est pas présente, pourraient notamment accueillir ces véhicules. |
Photo : A Trollhättan, après 7 mois d'arrêt total de la production, les lignes d'assemblage ont redémarré à la fin du premier trimestre. Le site produit désormais 300 véhicules par jour.
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