Le Microbus Gruau débute sa carrière
...y est, il roule ! Le premier Microbus Gruau arpente les rues du centre-ville de Laval depuis le lundi 19 avril, date de sa mise en service officielle par les TUL (Transports urbains lavallois). Auparavant, le 9 février, le véhicule avait déjà été inauguré dans la capitale de la Mayenne par Dominique Bussereau, secrétaire d'Etat aux Transports et à la Mer, et Marie-Thérèse Boisseau, secrétaire d'Etat aux personnes handicapées. Nul ne s'étonnera que cette première ait pour cadre Laval, la ville qui représente le berceau historique du groupe Gruau. La mise en exploitation du Microbus traduit l'aboutissement d'un vaste programme de développement établi sur plus de trois ans. Initié par Gruau courant 2000 sur la base d'un concept imaginé par la société NT Systèmes, le projet a réellement démarré l'année suivante avec la constitution d'un GIE rassemblant une dizaine de partenaires. La RATP (Régie autonome des transports parisiens) a eu un rôle essentiel dans l'animation du programme, au même titre que la Drast (Direction de la recherche et des affaires scientifiques et techniques) ou le Minefi (Ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie). D'ailleurs, tout en remerciant l'ensemble des partenaires et les premiers clients, Patrick Gruau, président du groupe éponyme, tient à souligner que "la véritable impulsion, celle qui nous a projetés dans cette nouvelle aventure, c'est la RATP qui nous l'a donnée au travers d'une première commande de 20 véhicules". Le cahier des charges du projet, à la fois simple et exigeant, reposait sur trois axes principaux : proposer des performances innovantes en matière d'accessibilité, de modularité et de confort, positionner le concept dans le prix marché et répondre à la demande dans un délai très bref.
Produit de niche, le Microbus élargit la perspective du transport urbain de proximité
Gruau a su relever ce défi à la mesure de sa politique stratégique. "Le cœur de notre métier est centré sur les solutions de transports peu ou pas explorés par les grands constructeurs et sur la segmentation fine des modes de transports de personnes et de marchandises en ville. Avec Microbus, nous affirmons le métier de constructeur inscrit dans nos gènes et, en élargissant notre portefeuille d'activité, nous préparons notre avenir et nous configurons nos équipes au meilleur niveau en les confrontant aux enjeux actuels du transport urbain", explique ainsi Yvon Peurou, directeur général de Gruau Laval. Un défi qui induisait aussi la résolution de plusieurs problèmes
FOCUSGruau en chiffres |
150 Microbus doivent être livrés en France et en Europe d'ici 2006
Un défi qui passait enfin par un solide jeu de partenariats (financements, transfert de compétences...). "Culturellement, la démonstration a été faite que, sur un enjeu majeur comme Microbus, la profession des Transports publics était capable de s'unir", s'enthousiasme Guy Bourgeois, directeur de l'Inrets (Institut national de la recherche sur les transports et leur sécurité) qui fut jadis directeur de la recherche de la RATP. Lors de sa présentation, le Microbus a été unanimement salué comme une amélioration de l'offre de transport urbain de proximité (dessertes de quartiers denses, zones piétonnes et péri-urbaines, liaisons zones industrielles...). "Il y a un vide dans l'offre de transport public, entre la voiture particulière et l'autobus traditionnel. Jusque-là, on a cherché à combler ce vide en adaptant des voitures particulières ou camionnettes. A ma connaissance, le Microbus représente la première tentative pour lancer un nouveau produit dans cette niche", avance Guy Bourgeois. Point très important, le Microbus est aussi plébiscité par les représentants des personnes à mobilité réduite. "C'est un très bel exemple de moyen de transport accessible aux personnes en fauteuil roulant et je me félicite de cette innovation technologique qui contribue à l'intégration des personnes handicapées", déclare Marie-Thérèse Boisseau. Christiane Briaud-Trouverie, consultante en transports publics à Paris, se veut plus prosaïque : "La révolution, c'est la hauteur de la marche à 15 cm quand on sait que 35 % des personnes de plus de 18 ans n'arrivent pas à monter une marche de plus de 20 cm." Bref, pour Dominique Bussereau, "le Microbus correspond à ce que l'on attend des transports publics". Cette réussite a nécessité des investissements importants. Les coûts de développement s'élèvent à 7,5 millions d'euros, dont 6 millions financés par Gruau. Depuis deux ans, 25 personnes travaillent sur le projet et 50 sont prévues d'ici 2006 pour assurer le plan de charges des 100 véhicules en 2005 et des 150 véhicules après l'exploitation de la commercialisation au niveau européen. Dès cette année, outre Laval, 40 Microbus seront réalisés pour la RATP, le réseau de Clermont-Ferrand et la ville de Chambéry. En somme, commercialisé à partir de 85 000 euros en version thermique et de 115 000 euros en version hybride, le Microbus démontre qu'innovation philanthropique et impératifs de rentabilité peuvent parfois s'entendre.
Alexandre Guillet
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