Le composite a le vent en poupe

...des composites, annonce un avenir plein de promesse pour cette industrie.

La tôle, encore omniprésente dans la composition des voitures de série, cède peu à peu la place à d'autres types de matériaux dont les propriétés ont rapidement séduit les concepteurs de nouveaux véhicules. Dès les années soixante-dix, le composite a ainsi fait son apparition dans l'industrie automobile, attirée par ses qualités de robustesse et sa légèreté. Aujourd'hui encore, l'automobile reste un domaine incontournable pour les entreprises du monde du composite puisque, selon une étude commandée par JEC, elle représente à elle seule 23 % du marché mondial des matériaux composites et se place comme le débouché le plus important de cette filière. Viennent ensuite les domaines de la construction et du génie civil (21 %), de l'aérospatial (17 %) ou encore des équipements sportifs (11 %). En tout, la valeur du marché mondial des pièces finies en composite s'est élevée à 41,5 milliards d'euros en 2002, dont 33 milliards ont été générés par la filière industrielle de transformation des matériaux composites. C'est en Amérique du Nord que se situe la plus grosse partie de ce marché, avec pas moins de 40 % de la valeur totale, devant l'Europe, qui pèse pour 35 %, et l'Asie, 22 %, le reste du monde se partageant les 3 % restants. Cette répartition est cependant en train d'évoluer au profit de l'Asie qui voit son marché augmenter, principalement grâce aux pays émergents. Selon l'étude, la part de l'Asie pourrait passer de 22 % à 30 % dans dix ans.

L'Asie connaît une forte croissance grâce aux délocalisations d'entreprises occidentales

La région Asie-Pacifique (hors Japon) bénéficie de la croissance la plus rapide, l'étude JEC prévoyant un taux de croissance de la production de composite de 10,6 % entre 2002 et 2008. La Chine et l'Inde en sont les principaux moteurs avec une croissance de 9,5 % prévue en Chine pendant cette période, et de 14,5 % en Inde. Le faible coût de la main-d'œuvre constitue l'explication principale de cette croissance, mais cette dernière vient également du fait que certaines entreprises sont obligées de suivre leurs clients. C'est particulièrement le cas dans l'industrie automobile pour laquelle la proximité des usines d'assemblage est un facteur essentiel. Globalement, la croissance en volume du marché des composites devrait se situer entre 4 et 5 % par an sur la période allant de 2003 à 2008. L'industrie automobile continuera à représenter l'un des secteurs les plus dynamiques, puisque le développement du composite sur ce marché devrait se situer aux alentours de 7 %. Mais cette augmentation en volume ne se reflète pas nécessairement en valeur, la baisse globale des prix entraînant une certaine stabilisation du marché. L'étude JEC précise ainsi que les prix des pièces finales en composite ont régressé de 1 à 6 % par an en fonction des secteurs. La valeur du marché de la transformation des produits finaux ne devrait ainsi augmenter que de 2 à 3 % par an entre 2003 et 2008, au même rythme que l'évolution prévue du PIB mondial. La délocalisation vers des pays à faible coût de main-d'œuvre explique en partie la réduction des prix opérée sur le marché, mais, selon l'étude, d'autres facteurs entrent également en jeu. Ainsi, les industriels ont fait d'importants efforts pour améliorer leur productivité afin de réduire leurs coûts de production et de rester ainsi compétitifs.

58 % du marché continue de croître en valeur

Toutefois, si on assiste globalement à une baisse des prix, certains segments du marché devraient parvenir à résister plus facilement et même à croître en valeur. Ces secteurs bénéficient en effet de particularités qui les protègent de la concurrence des pays à faible coût de main-d'œuvre. Des activités comme les fibres de carbone haut de gamme, les préimprégnés et tissus carbone, ou encore les fibres de verre extra légères, nécessitent en effet un savoir-faire élevé, qui se situe en général plutôt dans les pays occidentaux. Ces secteurs représentent 28 % de la valeur ajoutée de l'industrie du composite, soit un chiffre de 9,4 milliards d'euros, et sont en général protégés contre la baisse des prix. L'avance technologique permet en effet de conserver à la fois des prix plus élevés et des sites de production dans les pays occidentaux. Elle demande cependant des investissements en R & D. D'autres activités, comme les polypropylènes ou les polyesters, peuvent difficilement être transportées et doivent demeurer près des usines des clients finaux. Elles restent donc localisées en Europe, en Amérique du Nord et au Japon, même si l'Asie commence également à les voir s'installer. Ces activités représentent 30 % de la valeur ajoutée de l'industrie, soit 9,8 milliards d'euros. Au final, l'étude commandée par JEC entrevoit des perspectives positives pour l'industrie des matériaux composites dans son ensemble. L'automobile devrait rester l'un des marchés les plus avantageux pour le composite qui continuera sans doute à se substituer à d'anciens matériaux.

Arnaud Dumas