La transhumance des constructeurs au SIA
...on n'a pas de pétrole mais on a de l'éthanol". Dans les allées qui mènent les visiteurs d'un hall à l'autre, le constructeur suédois Saab a affiché des banderoles vantant la politique écologique de la marque. Plus loin, Renault présente un stand tout en vert et blanc, Saab - encore lui - a planté des (fausses) fleurs dans des grands pots et pendu un globe terrestre dans les airs. Seul Citroën a choisi la dose écolo minimaliste en posant une simple plante verte au beau milieu de son stand. Toutes les marques présentes cette année sur le Salon de l'agriculture ont essayé de s'intégrer et de se fondre dans le décor de la plus grande ferme de France. A noter, l'absence de Peugeot et Ford cette année. "Il s'agit d'un simple choix budgétaire", assure le service communication de la marque au lion. Ford, de son côté, estime par la voix de Fabrice Devanlay, son porte-parole que la présence de la marque "ne se justifiait plus étant donné que les biocarburants existent et sont bel et bien connus en France".
"Nous ne sommes pas là pour vendre des voitures"
Mais les constructeurs présents cette année tenaient eux à affirmer qu'ils ne sont pas là "pour vendre des voitures, comme le martèle Laurent Butaye, chef de gamme Saab, nous voulons expliquer les tenants et les aboutissants du bio-éthanol aux visiteurs encore trop souvent noyés dans un flot d'informations incompréhensibles". Pourtant sur les stands, les visiteurs délaissent les panneaux d'informations pour s'amasser devant les derniers modèles des constructeurs : le Kangoo pour Renault, la nouvelle Saab 9-3 Cabriolet pour le constructeur suédois, la C4 et la toute dernière C5 pour Citroën. La C5 en avant-première pour le grand public sur le Salon de l'agriculture ? "Une façon de montrer notre savoir-faire", glisse Michel Legrand en charge des énergies nouvelles chez Citroën. Sur son stand, les questions autour des bio-carburants se font plutôt rares alors que le coût de la C4 et sa motorisation intéressent fortement ce jeune homme accompagné de son fils et "surpris de voir des voitures au Salon de l'agriculture". "On a quand même vu une évolution, certifie Laurent Butaye, la première année où nous étions présents, les visiteurs s'interrogeaient sur l'intérêt des bio-carburants aujourd'hui ils en sont convaincus". Vérification auprès de ce visiteur en train d'admirer le dernier Kangoo : "Oui, c'est vrai, je m'intéresse aux nouvelles énergies mais seulement si elles ne me coûtent pas trop cher ! Je crains aussi que ça ne consomme trop d'énergie et qu'on ne prenne des terres aux agriculteurs. Je pense que l'électrique est une meilleure solution." "D'autant qu'il paraît que le bio-éthanol sera sanctionné par le malus" donc on ne voit plus trop l'intérêt ajoute un autre visiteur prenant part à la discussion. Comment communiquer pour les marques sur une énergie encore sanctionnée par la fiscalité ?
Les marques en quête d'une politique environnementale
Pas si simple… Alice de Brauer confirme : "On ne sait pas trop quelle politique adopter en France alors que les bio-carburants sont très bien perçus dans les autres pays du monde. Dans l'Hexagone, le débat reste erratique. Je pense que c'est normal et que ça va évoluer avec le temps. Donc actuellement on ne colle pas notre discours sur la clientèle française mais plutôt sur la clientèle étrangère." Chez Saab, autre marque, autre démarche : "Nous avons ouvert une pétition contre la sanction de malus sur le bio-éthanol que nous remettrons aux députés. On explique aux visiteurs que seul le taux d'émission de CO2 a été pris en compte alors que nos motorisations utilisent du CO2 renouvelable qui n'est pas ajouté dans l'atmosphère". Des centaines de signatures ont été apposées alors que des milliers de visiteurs arpentent le Salon… pas sûr que la pétition ait un grand écho… Mais peu importe, les visiteurs s'attroupent autour du dernier cabriolet et les responsables du stand de Saab gardent le sourire. Si les visiteurs ne manquent indéniablement pas d'intérêt pour les nouvelles énergies, pas sûr qu'ils les défendent non plus à bras-le-corps… Reste aux constructeurs de trouver le bon axe de communication pour défendre les biocarburants à nouveau sur le Salon de l'agriculture en 2009 ?
ZOOMLe bio-éthanol a la cote *Sondage de l'Institut Ipsos effectué les 8 et 9 février 2008 sur un échantillon représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus. |
Photo : Le constructeur suédois Saab présent depuis trois ans sur le Salon invitait les visiteurs à signer une pétition contre le malus sur le bio-éthanol. Une action militante qui n'a pas mobilisé les foules.
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