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Constructeurs

La rentabilité des constructeurs fond comme neige au soleil

Publié le 11 juin 2020

Par Alice Thuot
5 min de lecture
Comme chaque trimestre, EY s‘est penché sur la santé financière des constructeurs. Sans surprise, durant les premiers mois de l’année 2020, tous les indicateurs ont significativement plongé. La rentabilité a atteint un niveau historiquement faible avec 2,1 %.
L'impact de la crise sanitaire s'est bien fait sentir chez les constructeurs au premier trimestre.
 
Chacun le sait, la crise sanitaire est venue plomber l'économique des pays du monde entier. Aucune industrie n’a été épargnée, y compris l’automobile. Mais à quel point ? L’habituel bilan trimestriel réalisé par EY montre l’ampleur de l’impact sur les constructeurs. Comme traditionnellement, quatre indicateurs ont été analysés sur cette période pour les 17 plus grands constructeurs : le volume de vente, le chiffre d’affaires, l’EBIT et enfin la rentabilité. Sans surprise, tous ces indicateurs ont fait grise mine depuis le début de l’année. Côté volume de ventes VL, la chute a atteint 21 %, soit 14,7 millions d’unités. Pas une marque a rencontré une tendance positive, hormis Tesla (+40 %), les replis s’échelonnent de -11 % pour Toyota à -29 % pour PSA. La palme revient d’ailleurs aux français avec un groupe Renault à -26 %.
 
 

Conséquence directe : un chiffre d’affaires en fort repli, à taux de change constant, de 8,9 %, tous constructeurs confondus. 385 milliards d’euros de revenus ont été générés au premier trimestre 2020 contre 422 milliards à la même période de l’année précédente. Il faut revenir à 2016 pour trouver un niveau de chiffre d’affaires similaire sur la même période. Seuls quatre des 17 constructeurs ont connu une tendance positive, Tesla (+32 %), Kia (+17 %), Hyundai (+6 %) et BMW (+4 %). La pire contre-performance est a attribuer à Nissan (-21 %), même si les français ne sont pas très loin (-16 % pour PSA et -19 % pour Renault).

"Les premiers trimestres peuvent effectivement être un peu compliqués pour les constructeurs : certains, en fin d’année poussent les ventes, ce qui se traduit au premier trimestre de l’année suivante par des volumes et des chiffres d’affaires en baisse, commente Jean-François Bélorgey, responsable du secteur Mobilités chez EY. Mais il est clair, qu’au-delà du petit jeu auquel se livrent parfois les constructeurs, on peut observer un ralentissement des principaux marchés automobiles. Les marchés américain et européen notamment étaient très bons depuis très longtemps, et le spectre d’un ralentissement se profilait déjà depuis quelques mois. Sans compter bien sûr sur la crise sanitaire qui a plongé en confinement, la Chine, l’Europe puis les Etats-Unis durant cette première partie d'année 2020."

 
 
 
Résultat d'exploitation en chute libre
 
 
Mais l’analyse de l’EBIT donne un aperçu encore plus limpide de la violence de la crise sanitaire puis économique qui s’est abattue sur les constructeurs. A taux de change constant, ce résultat d’exploitation s’est effondré de 58,4 % entre le premier trimestre 2019 et la même période de 2020, passant de 10,5 à 7,5 milliards d’euros. Ainsi, au cours du premier trimestre 2020, l’EBIT cumulé des grands constructeurs automobiles a régressé pour atteindre son niveau le plus bas depuis 2009. Onze des 15 constructeurs analysés, et ayant communiqué leurs données, ont enregistré un EBIT en baisse. Ici encore, seulement 4 constructeurs ont échappé à la morosité ambiante, Tesla, Hyundai (+133 %) BMW (+5 %) et General Motors (+1%). 
 
 
 
"Dans l’industrie automobile, la rentabilité est très sensible à l’activité. Il existe un effet démultiplicateur entre les ventes et la rentabilité, dû à une base de coûts fixes très élevée, constituée notamment par l’investissement en R&D. Ces investissements sont en augmentation ces dernières années sous la pression de deux éléments : les véhicules connectés et autonomes, toutefois un peu éclipsés actuellement par l’enjeu de la transition énergétique, devenu prioritaire. Ainsi, lorsque les ventes sont en croissance, le résultat d’exploitation s’envole. A l’inverse, lorsque les immatriculations se replient la rentabilité fond », souligne Jean-François Bélorgey.
 
 
 
Une rentabilité au plus bas
 
Résultat : la rentabilité des constructeurs a fondu comme neige au soleil, pour atteindre un niveau historiquement bas, à 2,1 %. Il s’agit d’un recul de 2,5 points par rapport à la même période de l’année précédente. Pour quatre constructeurs, cette rentabilité est passée en négatif entre le premier trimestre 2019 et 2020 : Honda (-0,2 %), FCA (-0,5 %), Ford (-2,7 %) et Nissan (-4%). Quatre autres ont réussi a augmenter ou stabiliser leur rentabilité : Tesla, passant de -10,5 % à 4,7 %, BMW (+5,9 %), GM (+4,6 %) et enfin Hyundai (+3,4 %). 
 
 
 
Et l’avenir ne s’annonce pas plus clément selon Jean-François Bélorgey. "Si la Chine est sortie de confinement plus tôt et amorce une reprise réelle, le marché européen sera lui privé de la moitié du deuxième trimestre en confinement. Enfin, le marché américain reste très perturbé et les événements récents ne doivent pas aider à la reprise. Nous ne serions pas surpris de voir un plongeon des ventes supérieur aux 9 % observés sur le premier trimestre et une rentabilité moyenne des 17 constructeur nulle, voire négative", conclut-il.
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