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Constructeurs

La nécessaire mutation de l’industrie automobile française

Publié le 20 novembre 2012

Par Armindo Dias
5 min de lecture
Plusieurs préconisations destinées à faciliter l’adaptation de l’industrie automobile française à la conjoncture et à la concurrence viennent d’être faites par le Conseil économique, social et environnemental (Cese). Elles ont trait aussi bien à la technique qu’à la fiscalité et aux pièces de carrosserie.
Patrick Bailly, rapporteur de la section des affaires économiques du Cese.

Tout est à refaire ! C’est le bilan que l’on pourrait tirer de l’état actuel de l’industrie automobile française au vu de l’avis – “La filière automobile : comment relever les défis d’une transition réussie ?” – réalisé et rendu public par la section des affaires économiques du Conseil économique, social et environnemental (Cese)*. Celui-ci fait toute une série de préconisations dans des domaines aussi variés que la technique, la fiscalité, l’emploi et les pièces de carrosserie. Mais il n’y a rien d’étonnant à cela. “Nous assistons à un déplacement de la production mondiale vers l’Asie et surtout vers la Chine”, souligne Patrick Bailly, le rapporteur de la section des affaires économiques du Cese. Pour preuve : entre 2000 et 2011, la production annuelle dans l’Empire du Milieu est passée de 600 000 unités à 14 millions (2 millions en France sur 2011). Et autant dire que ce rythme de croissance a de fortes chances de se poursuivre. “La Chine ne compte encore que 46 véhicules pour 1 000 habitants contre plus de 600 en Amérique du Nord ou en Europe”, rappelle Patrick Bailly.

Importance de la R&D

Les constructeurs français ont donc intérêt à s’adapter à cette nouvelle donne, l’une des priorités pour le Cese étant de continuer à investir en R&D (voir tableaux pour connaître la situation de la R&D dans l’industrie automobile française sur 2010). Il s’agit pour l’organisme de favoriser l’émergence d’un marché du véhicule décarboné tout en continuant à capitaliser sur les gisements de progrès du véhicule thermique. Aussi, il préconise très logiquement de pérenniser les pôles de compétitivité et les acquis du Crédit Impôt Recherche (CIR). “Les besoins en investissements sont extrêmement importants pour être au rendez-vous de la voiture de demain, rappelle l’avis du Cese. Volkswagen vient d’engager un plan de 12 milliards d’euros par an pour les cinq prochaines années tandis que l’addition des forces de Renault et de PSA Peugeot Citroën représente environ 4,5 milliards d’euros pour 2012”. L’industrie automobile française doit dans le même temps retrouver de la compétitivité, les décideurs politiques ayant là aussi un rôle à jouer.

Nouvelle protection sociale et principe de réciprocité

Ici, le Cese préconise à la fois qu’une autre assiette que celle du travail soit trouvée pour financer le maintien de notre protection sociale et que le marché socle et la production nationale soient soutenus au niveau de l’Europe. En d’autres termes, il s’agit de renforcer la compétitivité des industriels français et de faire en sorte d’instaurer le principe de réciprocité sur le Vieux Continent. “L’Europe est la seule zone économique mondiale qui applique les principes du libre-échange sans exiger de réelle réciprocité”, souligne l’avis. Or, pour les rédacteurs de ce document, l’intérêt de la filière automobile est de parvenir à rétablir les conditions d’une concurrence équilibrée face aux droits de douane et aux obstacles non tarifaires de certains pays. “L’Union européenne doit également traiter le problème sensible des surcapacités et les aides communautaires doivent être renégociées, relève par ailleurs le Cese. Les sites les plus anciens et les plus complexes doivent avoir accès aux fonds dans des conditions comparables aux sites les plus performants.”

Valoriser les métiers de l’automobile

Autre préconisation faite par l’avis du Cese : la valorisation des métiers de l’automobile avec une mise en exergue des formations en alternance et en apprentissage. “Une modernisation du marché du travail doit [aussi] être envisagée, indique par ailleurs l’avis. L’un des sujets clefs est de conduire les entreprises et leurs salariés à se préparer aux mobilités professionnelles futures et à maintenir l’employabilité, prioritairement dans la filière, et dans tous les cas dans l’industrie.” Autant d’éléments qui justifient l’organisation à venir d’une conférence tripartite – gouvernement, patronat et syndicats – destinée à confronter les différentes analyses et propositions. “Son objectif devra être de sauvegarder l’existence de la filière automobile nationale et de la production sur le site France”, conclut Patrick Bailly.

*Il a été adopté tel quel en séance plénière avec 94 votes pour, 41 votes contre et 35 abstentions (170 votants).

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ZOOM - Vers une libéralisation du marché des pièces ?

La libéralisation du marché des pièces de carrosserie relève de moins en moins de la spéculation. Les constructeurs doivent en tout cas s’y préparer. Le Cese invite les représentants de la filière à réfléchir aux modalités d’un partage plus équilibré des droits de commercialisation des pièces couvertes par des droits de dessins et de modèles. Et cela semble pour le moins normal. Selon l’avis, les constructeurs ont délégué depuis plusieurs années une part importante des efforts liés à leur développement aux équipementiers. “Je suis partisan d’une protection des dessins et modèles, mais aussi de leur commercialisation possible par leurs concepteurs”, a déclaré à ce titre Patrick Bailly. A noter enfin que l’avis invite les pouvoirs publics à prendre des dispositions nécessaires pour encourager le développement d’une filière des pièces de réemploi issues du recyclage.

 

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