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Constructeurs

La mini-voiture au Mondial : dans l’air du temps !

Publié le 4 novembre 2010

Par Thierry Astier
14 min de lecture
Loin des feux de la rampe des constructeurs automobiles, la voiture sans permis a connu une réelle croissance ces dernières années. Au salon, le secteur affichait un réel dynamisme, malgré un certain tassement des ventes depuis un an. Visite guidée…
L’ambitieuse Tazzari Zero (batteries lithium, quadricycle lourd, 23 900 euros !) fait partie des très nombreuses nouvelles marques de “minis” électriques.

Voilà un chiffre qui a de quoi faire rêver les professionnels de l’automobile : + 55 % entre 2002 et 2008 ! Cette croissance, le marché de la VSP l’a de plus connu sans braderie particulière des prix véhicules, sauf épiphénomène local… Bref, si la “mini” représente toujours des volumes modestes (14 600 immatriculations en 2008), on peut réellement parler d’une enclave protégée du marché VP.

Cela étant, compte tenu du contexte économique, l’embellie a été stoppée l’an passé (13 800 unités, soit -5,7 %), et pour le moment, le tassement se poursuit, avec une nouvelle contraction du marché de 4 % sur les 8 premiers mois de 2010…

55 % de hausse entre 2002 et 2008 !

Contrairement aux idées reçues, cette hausse n’est pas directement liée aux retraits de permis. En effet, si durant la même période leur nombre a littéralement explosé (de 13 000 à 98 000 !), pour autant la VSP n’en a pas tiré un si grand profit sur le plan commercial. Ou plus exactement de façon indirecte. En cas de permis invalidé, rares sont les automobilistes qui achètent une mini neuve, compte tenu des prix, toujours aussi élevés (entre 10 000 et 15 000 euros). La durée de la suspension n’excédant généralement pas quelques mois, les automobilistes concernés préfèrent se tourner vers un véhicule d’occasion moins coûteux, ou recourir à la location. Evidemment, le développement de cette formule fait vendre un certain nombre de VSP aux loueurs, mais avec des volumes relativement modestes, Aixam, Ligier et Microcar étant au départ les seuls à avoir vraiment développé leurs ventes dans cette direction.

Nouveaux clients en vue !

Il a donc bien fallu que le quadricycle aille à la conquête d’une nouvelle cible de clientèle pour gagner du terrain… La maturation des véhicules a en fait largement coïncidé avec une remise en cause globale de l’automobile et de son usage, du fait de la pression croissante des contraintes qu’elle implique… Tous les constructeurs voient l’émergence de nouvelles cibles de clientèle : périurbains et nouveaux ruraux principalement. Car, même en banlieue, y compris lorsque le maillage de transports en commun reste suffisamment dense, ces nouveaux usagers des VSP ont parfois besoin d’un véhicule leur permettant d’être autonomes, pour le ravitaillement hebdomadaire, aller chercher l’enfant à l’école, etc. Pour autant, le temps et l’argent nécessaires pour obtenir le permis font vite défaut lorsque l’on a démarré dans la vie active, ce qui fait les affaires de la mini-voiture. Qui profite en prime du renchérissement du prix du carburant, de la multiplication des radars et des difficultés croissantes de stationnement !

Un avenir électrique ?

Autant de facteurs favorables, qui expliquent qu’un constructeur automobile tel que Renault annonce tout simplement son arrivée sur le marché du quadricycle avec le Twizy, dont le lancement se profile pour fin 2011, avec une motorisation électrique.

Une première, qui rejoint l’accent mis au Mondial par tous les exposants du secteur sur ce type d’énergie ! En effet, alors que l’avenir de l’automobile “zéro émission” semble encore incertain à moyen terme, les technologies disponibles en matière de batteries permettent d’ores et déjà d’offrir une autonomie suffisante pour une “mini”, dont le champ d’action naturel est en général circonscrit à quelques dizaines de kilomètres autour du domicile. A condition bien entendu que le particulier dispose d’un garage avec prise de courant, en l’absence d’infrastructures adaptées dans les parkings publics. Et, bien sûr, en tenant compte du surcoût inévitable de ces versions, dont le potentiel commercial reste pour le moment très limité. Mais voyons plus en détail les principales nouveautés du secteur…

Aixam-Mega

Basé entre Aix-les-Bains et Chanas, branche d’Axa Private Equity, Aixam est depuis 1987 le leader du marché en tant que marque. Cela dit, dernièrement ses parts de marché s’étaient érodées sous la pression d’une concurrence plus active que jamais (- 15,5 % soit 4 940 véhicules vendus en 2009). La riposte n’a pas tardé, avec le lancement dans le cadre du salon de l’Auto d’une toute nouvelle gamme de véhicules. Aixam reste le seul constructeur à véritablement proposer une alternative entre deux tailles (2,72 m pour la City, 3 m pour le break Crossline) bien différenciées. Par ailleurs, cette nouvelle génération se distingue par une volonté de conserver un équilibre entre les attentes de la clientèle VSP, toujours plus “automobile” dans le look et les prestations, et les contraintes bien spécifiques du “quadricycle”, qui sont bien éloignées de celles de l’automobile (voir encadré). Aixam a d’ailleurs préféré renoncer à la surenchère en termes de dimensions, puisque le nouveau Crossline mesure 10 cm de moins que son prédécesseur. Pour autant, ce n’est pas un retour en arrière, puisque la sécurité progresse (3e feu de stop, feux diurnes à l’avant, circuit de freinage en X…), tout comme le confort général (travaux sur l’insonorisation, le chauffage…) et la qualité perçue. Rappelons, en outre, l’usage exclusif en Diesel (quadricycles léger et lourd) de bicylindres Kubota, une spécificité de la marque depuis 1988.

En parallèle, si le modèle intermédiaire Roadline a disparu, les forces de vente Aixam profitent toujours d’une gamme relativement étendue : la City existe en 3 finitions (Pack, S et Premium), le Crossline peut se décliner en quadricycle lourd (voir encadré) Diesel ou essence, sans oublier le maintien du sympathique cabriolet à toit rigide amovible Scouty. Le tout représentant une gamme de 9 modèles, échelonnés entre 9 990 et 15 990 euros.

Le groupe possède en outre une deuxième corde à son arc, avec la marque Mega, dévolue aux utilitaires et véhicules électriques. Une seconde enseigne qui connaît un succès croissant, puisque sur environ 12 000 véhicules produits l’an passé, on compte malgré tout pas moins de 1 500 camions Multitruck, un joli résultat pour une niche de marché ! Au point d’aiguiser les appétits de Bellier et à présent du groupe Ligier-Microcar, qui dévoile en avant-première son concurrent Dué Flex (voir plus bas).

Bellier

Suite à sa reprise par la Holding Neuvessel, le Vendéen Bellier a présenté en dernière minute au salon la nouvelle mouture électrique de sa berline Jade. En effet, les repreneurs, issus des systèmes électriques aéronautiques, ont des visées axées sur ce type d’énergie, en déployant une technologie particulièrement avancée en termes de batterie et de moteurs (voir plus bas). En parallèle, le cœur de marché “thermique” n’est pas oublié : la Jade à moteur Yanmar poursuit sa carrière, récemment déclinée en série limitée à tendance sportive, baptisée “Racing”. Le cœur de gamme Urban a vu également son prix diminuer de 1 000 euros, à 11 990 euros. Présent sur le stand de la société Urban Car Company, Automobiles Bellier en profitait pour présenter la maquette de la deuxième génération de son camion Docker. En effet, la marque était présente sur cette niche de marché depuis 1999, et avait perdu progressivement du terrain avec la sortie en 2003 de l’utilitaire Multitruck de Mega. Le nouveau Docker présente une cabine et une benne entièrement repensée, et devrait probablement être lancé d’ici le printemps prochain. En parallèle, la Jade va également voir son attrait nettement rehaussé avec la greffe du moteur Lombardini 442 (appelé “DCI” chez Ligier/Microcar et Grecav, “CRI” chez JDM), une mécanique à rampe commune et arbres d’équilibrage offrant un agrément nettement accru. Un coup de pouce très attendu pour relancer les ventes du plus petit constructeur français (300 immats/an en moyenne, en baisse de 22 % sur 8 mois 2010), qui traversait une passe difficile…

Chatenet

Après le trio de tête constitué par Aixam, Ligier et Microcar, les positions au sein du “second peloton” ont connu quelques mouvements ces derniers temps. Numéro 4 de la VSP depuis très longtemps, JDM a connu une mauvaise passe sur le plan financier avant sa récente reprise par BGI, propriétaire d’Heuliez. Tandis qu’au même moment, le limousin Chatenet avait enclenché le turbo et doublé son éternel rival (690 voitures sur 8 mois 2010 contre 517), grâce à son dernier modèle CH26. Une berline au style très affirmé, dont le succès ne se dément pas depuis. Seul et unique modèle de la gamme, il se décline à présent en version CH30, une déclinaison 15 kW à moteur Lombardini essence, quand la “sans permis” retient le Yanmar de 523 cm3. Chatenet fait flèche de tout bois, en présentant pas moins de 3 nouveautés au Mondial de l’Automobile. La première n’est autre qu’une berline CH26 à toit découvrable souple, une toile d’origine Webasto à commande électrique, empruntée d’ailleurs à la première Twingo ! Un moyen d’asseoir un peu plus le positionnement haut de gamme revendiqué par la marque… Cette version devrait être proposée d’ici le printemps prochain. Plus radical est le CH32 : cette fois, il s’agit carrément d’un break, une CH26 allongée au niveau du porte à faux arrière, avec custodes spéciales, hayon vertical et toit redessiné. Dessinée comme la berline (et toutes les Chatenet depuis 1997) par Christian Polo, elle atteint désormais les 3,20 m de long ! Si son physique est plutôt flatteur pour une “VSP”, sa longueur paraît tout de même excessive, dépassant de 20 cm une Toyota IQ par exemple. Sans parler de la difficulté à rester dans les tolérances des sévères normes de poids avec une telle carrosserie… Quoi qu’il en soit, la CH32 est annoncée pour un lancement à l’été 2011. Troisième grosse nouveauté, la CH26 ZO se veut l’urbaine électrique de la marque, quadricycle lourd (permis B1) permettant d’élargir la clientèle au-delà du cercle habituel des “sans permistes” (voir plus bas). Enfin, la CH26 Diesel en elle-même présente quelques évolutions de détail, notamment des sièges inédits, au dessin très “graphique”, et plutôt réussi !

Grecav

En dehors des artisans produisant exclusivement des buggys ou des électriques, Grecav est sans doute le constructeur le moins connu sur notre marché. Pourtant, la marque de Gonzaga n’en est pas à son coup d’essai en France. En effet, entre 2000 et 2006, Grecav a vendu près d’un millier d’Eke, sa première création originale. Une mini se distinguant en particulier par sa construction, intégralement en aluminium ! Un matériau largement employé par Aixam, Ligier, Microcar et Chatenet pour le bâti métallique space frame supportant les panneaux de carrosserie, ou encore Bellier pour le châssis-cadre de la Jade. Dans le cas de Grecav, hormis les pare-chocs et habillages intérieurs en plastique, absolument tout est en alu, jusqu’aux triangles de suspension, à la façon des Audi A2 ou A8 ! Aujourd’hui, depuis janvier la marque se relance, avec la Sonique. Une auto qui reprend tout l’ADN de l’Eke, assorti d’un gabarit nettement revu à la hausse, pour être conforme aux standards de notre marché (2,92 m de long, 1,52 m de large). Elle garde les atouts de sa devancière en termes de qualité perçue (rigidité des panneaux de carrosserie, peu de bruits parasites), tout comme l’usage d’un moteur Lombardini 505 cm3. Commercialisée par la structure VSP France basée à Couzeix (87), elle est diffusée à travers le réseau Distinxion de professionnels de l’occasion tout comme auprès des spécialistes de la mini-voiture. Depuis le Mondial, elle se décline avec le Lombardini 442 sous le nom de DCI, au profit du bruit, sans oublier une finition haut de gamme Club et un nouveau pick-up semi-utilitaire.

Ligier-Microcar

Depuis octobre 2008, l’auvergnat Ligier et le Vendéen Microcar ont uni leurs destins sous l’enseigne DrivePlanet. De la sorte, l’union des deux marques constitue un groupe au poids industriel grossièrement comparable à Aixam-Mega (12 000-13 000 véhicules/an). En France, DrivePlanet détient sur les 8 premiers mois de l’année 40,8 % du marché de la VSP, contre 38,7 % pour Aixam-Mega. Le rapprochement a bien sûr pour but de partager composants et achats, et, partant, de diminuer les coûts de production dans les deux marques. Sans oublier la conception en commun de produits de niche. Après avoir renouvelé sa gamme en juin avec la nouvelle Ixo, Ligier a laissé Microcar tenir le devant de la scène au Mondial. Ce dernier a en effet lancé un restylage de son modèle-phare, la MGo. Chacune conserve sa personnalité : plus “berline” pour la Ligier, plus “monospace” pour la Microcar. Pour autant, le partage de composants bat déjà son plein : moteurs Lombardini (dont le 442 “DCI”, nouveau chez Microcar), chauffage, freins, essieu arrière… Par ailleurs, le groupe innove : avec la MGo, Microcar est le seul constructeur VSP à proposer un airbag conducteur, en série sur toute la gamme, moyennant un supplément de l’ordre de 150 euros. Un vrai plus en termes de sécurité, sachant que les quadricycles n’ont pas de crash-test imposé (à l’instar des cyclomoteurs dont ils restent l’équivalent à 4 roues…) et malgré le faible nombre de blessés et de tués revenant dans les études menées par l’Observatoire de la Sécurité Routière ! En parallèle, Ligier présentait au salon le VIPA, un minibus 6 places sans conducteur, s’autodirigeant, moyennant une vitesse de 20 km/h maximum. Un engin électrique destiné à la circulation exclusive en enceintes fermées (type hopitaux, usines, parcs…), dont les premiers exemplaires seront en service l’an prochain ! Enfin, DrivePlanet a profité du Mondial pour lancer une nouvelle marque, Dué. Un label inédit, destiné à commercialiser les produits “transversaux” du groupe : un camion, le Flex, qui sera lancé l’an prochain. Et surtout, une “low price” inédite, la First. Basée sur la précédente Microcar (MC1), elle entend bouleverser sur tous les marchés du groupe la tendance à la surenchère tarifaire de ces dernières années, démarrant à 8 500 euros…

Electriques : de tout un peu…

C’est sans doute la tendance la plus marquée du dernier Mondial : que d’électriques ! Au point que le hall 2/1 lui était consacré, avec un centre d’essais dédié. Bien sûr, il s’agit encore d’une “niche dans la niche”, compte tenu des prix pratiqués et du manque d’infrastructures et de réseau des petites marques spécialisées. Parmi les leaders du marché “thermique”, Aixam propose en parallèle sous la marque Mega une vaste gamme de camions Multitruck électriques (sans ou avec permis, multiples carrosseries), ainsi qu’une berline eCity quadricycle lourd renouvelée comme ses sœurs Diesel. Du côté de DrivePlanet, outre un prototype de fourgonnette hybride et une MGo quadricycle lourd (batteries lithium ferro-phosphate), on note la Be Sun Pro Line, qui est livrée à la Poste pour la distribution du courrier aux côtés des GEM Matra.

Matra, constructeur de quadricycles !

En effet, la marque de Romorantin s’est recyclée totalement dans le “zéro émission” depuis l’arrêt de l’Avantime en 2003, qu’il s’agisse de V.A.E. (Vélos à Assistance Electrique), scooters ou quadricycles. Pour ces derniers, Matra importe et assemble partiellement (SKD) les véhicules GEM, produits et conçus aux Etats-Unis par une filiale de Chrysler, qui est tout bonnement le premier constructeur au monde de ce genre de “minis”. On note encore parmi les noms reconnus du VSP les coups d’éclats de Chatenet et Bellier : le premier a dévoilé une CH26 ZO quadricycle lourd à groupe de traction dernier cri réalisé par la société niçoise DriveMotion (moteur à aimants permanents de type “copper bar”, batteries nickel-cobalt-manganèse…), le second dévoilant une non moins ambitieuse Jade à accus lithium polymère (façon Bolloré), les deux revendiquant des autonomies de respectivement 150 et 200/300 km ! Dans le même esprit, on note l’Italienne Tazzari Zero, quadricycle lourd à batteries lithium-ion, 140 km d’autonomie annoncée, le tout pour 23 900 euros. Un tarif qui devrait être rejoint par ces futures rivales françaises.

Une offre déjà pléthorique !

Reste à savoir s’il est possible de vendre en quantité à des prix aussi élevés, en l’absence de notoriété de ces marques auprès du grand public… C’est pourquoi la très grande majorité des constructeurs s’en tient encore aux accus plomb/gel, beaucoup plus abordables, malgré une autonomie plus faible (50 à 100 km). A commencer par Mega et Ligier ! Pourtant, les aspirants au succès ne manquent pas. On note encore les semi-utilitaires de l’Espagnol Comarth, dans un esprit “SSV” (quads à places côte à côte et volant), les “scooters 4 roues” du Français Bi-Scot (dont un modèle à deux selles doubles, seul VSP à 4 places !), l’intéressante micro-urbaine toute vitrée de l’Italien Estrima (Biro, à moteurs-roues), l’ambitieuse gamme Simplicity d’Eco & Mobilité (quadricycles lourds, projet soutenu par la région Poitou-Charentes), la 3 places norvégienne Buddy ou encore les propositions d’hybrides de Damien Biro, sur base de véhicules Little. Basés près d’Orléans, ces derniers ont résolu astucieusement le problème de la distribution. En effet, plutôt que de constituer un réseau pour leur gamme de quadricycles de loisirs (“Mehari” Little 4, “buggy” Shifter, utilitaire E Box), la société Little préfère vendre des micro-licences régionales, pour une production et une diffusion à échelle locale. Une initiative originale pour sortir du lot au sein d’une offre électrique incroyablement pléthorique !

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