La demande des ménages pourrait reculer d'un tiers en 2020
Alors que l’offre et la demande d'automobiles sont à l’arrêt, C-Ways, cabinet de marketing basant ses analyses sur les datas, a voulu répondre à une interrogation dans toutes les têtes : comment se profile le marché automobile français en cette fameuse année 2020, déjà initialement pleine de surprises ? Pour répondre à cette question, C-Ways s’est basé sur une donnée principale, le PIB, sachant que ses variations expliquent 70 % de la variance des immatriculations. Deux principaux facteurs exogènes entrent également en ligne de compte, l’effet d’écho des besoins de renouvellement des véhicules anciens et les effets extérieures comme les chocs fiscaux (variation de TVA) ou mesures de soutien de type primes à la casse.
En partant de ces postulats, C-Ways a élaboré plusieurs scenarii basés sur des reculs de PIB français allant de -3 à -7 %, très loin donc du -1 % attendu initialement par le gouvernement. Pour avoir une base de comparaison, rappelons qu’en 2009, date de la dernière crise économique majeure, le PIB avait alors reculé de 2,9 %. "Le choc d’offre et de demande actuel est plus violent qu’en 2008-2009, mais les mesures budgétaires et monétaires sont à la fois plus rapides et plus puissantes. On peut raisonnablement estimer une plage de régression du PIB de cette ampleur. Un recul du PIB de l’ordre de 5 % nous semble néanmoins le plus probable", explique C-Ways, sachant que, selon les calculs réalisés par l’Insee le 26 mars, un mois de confinement se traduirait par une perte de PIB de 3 % et, que, selon l’hypothèse modélisée, le confinement devrait donc prendre fin avril.
Un recul de la demande de 22 % tous canaux confondus
C’est parti de ces réjouissantes estimations du PIB que le cabinet a pu estimer l’impact sur la demande française en automobiles. Et ce, sachant que l’arrêt momentané de l’offre ne sera pas pénalisant, les stocks étant suffisants, mais que la demande ne devrait en revanche pas reprendre intensément à l’issue du confinement. "Les pertes de pouvoir d’achat et de confiance, l’inquiétude sur la situation économique globale impliqueront un certain attentisme, des reports voire des renonciations à l’acquisition de voitures", souligne C-Ways.
Résultat, selon ces hypothèses, la chute de la demande automobile française pourrait être abyssale. En fonction des différents scenarii, elle pourrait atteindre seulement -4 % pour une décroissance de 1 %, mais 22 % pour une chute de la croissance de 7 %, soit 1,7 million d’unités en valeur absolue. Pour un recul de la croissance de 5 %, comme envisagé par le cabinet, les dégâts se matérialiseraient par une chute de 16 % de la demande. "Malgré la capacité des distributeurs à répondre à la demande, le marché ne reprendra que modérément et progressivement au second semestre 2020. L’attentisme prévaudra avant une reprise plus franche en 2021", souligne C-Ways.
Mais tous les canaux ne seraient pas touchés de la même manière. Celui des particuliers, déjà égratigné en 2019, serait le plus concerné par la chute de la demande. Selon la modélisation de C-Ways, la demande de cette catégorie pourrait plonger jusqu’à -30 % dans l’hypothèse d’une décroissance de 6 % et de 25 % pour l’hypothèse la plus probable d’un PIB en berne de 5 %. De quoi donner idée du poids que pourrait avoir ce canal en 2020, alors que l’année dernière déjà, il ne représentait plus que 44 % des immatriculations totales en France...
Les prévisions pour la demande des entreprises sont moins catastrophiques : selon C-Ways, elles pourraient même être positives, de 7 % en cas de recul du PIB de 1 %, et nulle en cas de recul de 3 % du PIB. En revanche, une décroissance de 7 % pourrait conduite à une chute de 14 % des immatriculations des entreprises.
La prime à la casse comme amortisseur efficace
C-Ways a voulu prouver l’efficacité des dispositifs d’aides comme la prime à la casse, pour rappel, cité comme facteur exogène influant. Plusieurs phénomènes sont éclairés : sur la période 1994-96, après une chute du marché de plus de 18 % en 1993, le marché a ensuite repris 17 % en moyenne sur les trois années suivantes, couvertes par des primes à la casse. Même constat en 2019, où le marché a rebondi de 11 %, dont 25 % pour les seuls particuliers, suite à une année 2008 noire. Le cabinet a ainsi évalué l’effet d’une prime à la casse sur le marché après une année 2020 qui s’annonce donc plutôt compliquée. Cette aide pourrait ainsi amortir la chute de la demande globale qui atteindrait donc, dans le meilleur des cas, de -3 à -7 % grâce à une impulsion de +15 % provoquée par la prime.
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