La crise va-t-elle déclencher une vague de défaillances d’entreprises ?
L'année 2020 avait bien débuté pour les entreprises françaises, mais la deuxième partie d'année promet d'être beaucoup plus compliquée. C’est en somme le bilan d’Altares qui, de trimestre en trimestre, se penche sur la santé du tissu économique français. Alors que le premier trimestre 2020 s’est achevé sur un contexte inédit, avec un PIB en chute de 6 %, les entreprises se sont bien portées. Moins de 11 000 d'entre elles sont tombées en défaillance, 10 902 précisément. Un très bon chiffre, sachant que la moyenne sur 5 ans atteint plus de 14 000 défaillances.
Dans le détail, 232 sociétés ont été placées en sauvegarde (-7,9 % par rapport au T1 2019), 3 061 en redressement judiciaire (-24,6 %) et 7 609 (-22,6 %) en liquidation judiciaire directe. Le taux de liquidation judiciaire s’est établi à 70 %. Au global, 34 500 emplois ont été concernés durant le premier trimestre, soit tout de même 10 640 de moins par rapport à la même période en 2019. Sans surprise, ce sont encore les TPE qui ont le plus souffert en représentant près de 75 % de ces défaillances.
Le commerce et la réparation automobile préservé
L’analyse par secteurs montre des entreprises de commerce et de réparation de véhicules relativement préservées. Durant les trois premiers mois de l’année, 420 sociétés du secteur ont été concernées par une défaillance, un volume en recul de 26,3 % par rapport à la même période de l’année précédente. Deux d’entre elles ont été placées en sauvegarde, 96 en redressement judiciaire et 322 en liquidation, soit un taux de liquation judiciaire élevé, de près de 77 %. Le nombe de défaillances est donc en recul mais leur gravité est importante. Consolation : le secteur du commerce en général a affiché, durant le premier trimestre 2020, un nombre de défaillances supérieur, en recul de "seulement" 21 %. Le commerce et la réparation automobile a ainsi représenté 17 % des défaillances des entreprises du commerce (2 437 au total).
Si les chiffres sont encourageants pour ce premier trimestre, ils ne reflètent en rien l’impact de la crise du coronavirus sur l’économie. Un impact qui devrait plutôt se mesurer à partir de cet été. En effet, une ordonnance du 25 mars permet aux entreprises en difficulté de reporter leur demande d’ouverture de procédure collective après le 24 juin. C'est donc bien à partir de ce moment que l'impact de la crise commencera à être mesurable. En attendant, durant les 15 premiers jours d’avril, période marquée par la reprise des audiences dans les tribunaux grâce à la visioconférence, Altares a dénombré 649 ouvertures de procédures de redressement et liquidation judiciaire, ainsi que 30 procédures de sauvegarde. A titre de comparaison, sur la même période en 2019, 2 738 procédures avaient été ouvertes. "La déferlante redoutée n’est donc pas encore là", souligne Altares.
Les TPE déjà en souffrance
Du moins pour les entreprises d'une certaine taille. Car ces mêmes données d’avril laissent en effet entrevoir une fragilisation prononcée des PME, en particulier celles qui étaient déjà en difficulté avant la crise. Pendant la première quinzaine d’avril 2020, plus d’une défaillance sur dix a concerné une PME, soit 12 %, contre un taux de 5 % observé un an plus tôt. Les deux tiers de ces structures se trouvaient en cessation de paiement avant le 12 mars. Les TPE, qui concentrent en temps normal 90 % des défaillances, sont donc restées logiquement les plus nombreuses (88 %). Autre enseignement : aucun secteur d’activité ne présente de surmortalité par rapport à une période considérée comme normale.