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Constructeurs

Insignia, la révolution du style Opel

Publié le 4 juillet 2008

Par Alexandre Guillet
9 min de lecture
Présentée en avant-première à la fin du mois au Salon de Londres et commercialisée en décembre, l'Insignia renvoie la Vectra à sa préhistoire et place Opel dans un nouvel univers stylistique. Une rupture nécessaire et aboutie,...

...comme en témoigne cette plongée exclusive dans le centre de design de Rüsselsheim, récemment refait à neuf.

Oubliée la Vectra… place à l'Insignia ! Pour notre plus grand bonheur car les designers d'Opel ont eu le droit de jeter leurs règles et leurs équerres pour définir le nouveau langage stylistique de la marque. L'Insignia s'affirme, en effet, comme l'acte fondateur du nouveau vocabulaire formel de la marque. Si la "précision allemande" reste en bonne place dans le cahier des charges, notamment pour ses applications sur la qualité des finitions intérieures et extérieures, la fluidité des silhouettes et l'expressivité gagnent en liberté et en importance. L'exercice de style, méthodiquement préparé en amont (voir les 4 ateliers), se révèle pleinement réussi. Le style extérieur, placé sous la houlette d'un designer français, Bertrand Bach, combine avec brio pureté et sportivité. "Nous avons cherché à allier des lignes pures avec des surfaces sculptées, comme sur les flancs par exemple, où l'alternance de surfaces positives et négatives est très travaillée", explique-t-il avant de poursuivre : "Par ailleurs, la voiture a des épaules larges, rehaussées par l'écart de largeur entre les fenêtres et les passages de roues, mais cette sensation de robustesse est mise au service de la sportivité car elle permet justement de faire plonger le modèle vers l'avant sans risquer une rupture d'équilibre. Et l'Insignia donne l'impression du sprinter sur le point de s'élancer". En outre, le motif de l'aile est décliné sur l'ensemble du véhicule (nervures des flancs, blocs optiques, planche de bord et bien d'autres détails) lui conférant caractère propre et originalité. "Nombre de thèmes présents sur ce modèle, et notamment son habitacle, auront une descendance sur de futurs modèles Opel", annoncent à l'unisson les membres du design Europe. En attendant, l'Insignia partira solidement armée à la conquête du segment des berlines familiales. Une nécessité au regard de la qualité de la concurrence incarnée notamment par les nouvelles Mondeo et C5 et par la discutée et discutable, mais néanmoins incontournable Laguna. GM a plutôt épousé la stratégie de Ford et de Citroën, en misant sur le style pour séduire des clients particuliers, tout en annonçant des performances environnementales susceptibles de valoriser la car policy auprès des flottes.

Atelier "Qualité perçue"

"Nous sommes un peu les ingénieurs de la famille des designers", expliquent Peter Hasselbach et Romy Schwindt, qui cherchent le bon matériau au bon endroit et le consensus entre les équipes. Leur champ d'intervention porte sur plus de 800 pièces et ils interviennent très en amont avec les fournisseurs. "En cas de problème, nous pouvons d'ailleurs être amenés à renégocier les prix avec les fournisseurs, même si nous cherchons avant tout à renforcer le dialogue et à améliorer la précision de nos demandes". Selon eux, trois niveaux de qualité sont à appréhender : ça fonctionne/ça ne fonctionne pas ; tout ce qui peut se mesurer ; tout ce qui ne peut pas se mesurer scientifiquement et qui renvoie à l'émotion et aux codes d'interprétation des familles de clients. Dès lors, leur travail de benchmark est intense. "Pour Insignia, c'était focalisé sur les marques Premium allemandes, mais aussi fortement sur les marques asiatiques". Ce "mini" département connaît un fort développement depuis sa création en 2004 : il réunit ainsi 11 spécialistes, contre 5 il y a encore 18 mois.

Atelier "Couleurs&Matières"

"Pour les couleurs, nous restons classiques car nous savons que les acheteurs d'Insignia auront un certain âge. L'intérieur noir représentera ainsi 85 % de la demande d'après nos études", déclarent d'emblée Peter Jaksch et Sonja Wanderberk. Inutile d'aller contre les tests cliniques, mais leur équipe a cependant exploré de nouvelles voies, avec une version bicolore très moderne et une version haut de gamme faisant la part belle au bois, mais en rompant avec la tradition figée de la ronce de noyer pour opter pour un dérivé du bambou plus fashion. Par ailleurs, au niveau des matières, le travail est concentré sur une montée en gamme, dans le respect des contraintes de coûts…

ZOOM

L'organisation du Design de GM

  • Au-delà du centre de Design flambant neuf de Rüsselsheim, inauguré en 2006, mais qui ouvrait pour la première fois ses portes à la presse à l'occasion de la présentation de l'Insignia, le département Design de GM s'articule autour de 11 studios répartis aux quatre coins de la planète. D'un point de vue organisationnel, le design du groupe est placé sous la direction d'Ed Welburn, secondé par quatre grands responsables de région : Bryan Nesbitt pour l'Amérique du Nord, C.M. Barba Franco pour l'Amérique du Sud, Kenneth Parkinson pour l'Asie et Mark Adams pour l'Europe. Au total, le design rassemble 1 500 salariés, dont 400 pour l'Europe.
  • Atelier "Composants"

    "Le bloc compteurs est révélateur de notre démarche car il traduit notre volonté de monter en gamme le modèle. Au même titre que les commandes de la radio, avec un crantage tous les demi-millimètres, démontrent notre rigueur et mettent en évidence l'argument de la qualité", souligne Holger Weyer, tout en poursuivant : "Tous les éléments ont été l'objet d'un travail approfondi pour distinguer l'atmosphère de l'Insignia, tout en réalisant un grand pas en avant sur l'intégration des fonctions". Naturellement, la mission d'Holger Weyer dépassait le seul projet Insignia, puisque nombre de composants se retrouveront ensuite sur l'ensemble de la gamme.

    Atelier "Thèmes récurrents/Signature"

    "Nous partons toujours de sketches originaux, puis nous implémentons quelques motifs phares sur l'ensemble du véhicule, c'est-à-dire dans un dialogue cohérent entre extérieur et intérieur", indique Jochen Werner. Le motif de l'aile, encore appelée virgule, est largement exploité sur l'Insignia, au même titre que l'alternance entre surfaces positives et négatives pour organiser les volumes. "Les motifs récurrents sont plus traités sur le mode du message subliminal que sur celui de la duplication. Il y a une finesse propre à l'univers Premium. D'ailleurs, nous avons aussi joué sur de nouvelles couleurs et des dégradés pour mettre en valeur les éléments phares de l'habitacle", explique Jochen Werner, tout en reconnaissant que "la pression sur les coûts était très forte et que le maintien de certains éléments a nécessité d'âpres négociations en interne".

    QUESTIONS A

    Mark Adams, vice-président du Design de GM Europe

  • "Allier une architecture sculptée et émotionnelle avec la précision allemande"

    Journal de l'Automobile. Comment définiriez-vous la nouvelle philosophie du style Opel, incarnée par l'Insignia ?
    Mark Adams. Parler de philosophie est sans doute un peu pompeux, mais disons que cette nouvelle démarche stylistique marque un point de départ pour la marque car elle sera déclinée sur d'autres produits à venir, même sur des segments totalement différents. A la base du cahier des charges, se trouve la volonté d'allier une architecture sculptée et émotionnelle avec la précision allemande. En effet, qu'on le veuille ou non, au-delà de l'appartenance au groupe GM, la culture d'Opel et ses racines sont allemandes. Et cette notion de précision allemande n'a rien de négatif : il s'agit d'une valeur reconnue dans le monde entier et synonyme de rigueur, mais surtout de qualité. Au final, l'Insignia revendique une parfaite correspondance à son segment, tout en se distinguant de la concurrence par sa sportivité et son caractère Premium. En outre, c'est le premier véhicule à architecture globale au sein de groupe et il inaugure donc aussi une nouvelle ère.

    JA. Qu'entendez-vous par Premium, une notion revendiquée par tous les généralistes sur ce segment alors que vous ne visez pas la même cible que la fameuse triade allemande ?
    ma. Attention, il ne faut pas se méprendre : nous ne prétendons pas que nous allons attaquer frontalement Audi, BMW et Mercedes ! Toutefois, nous nous améliorons significativement et les clients le perçoivent. En fait, c'est justement une affaire de perception et d'émotion que nous mettons en avant : en voyant l'Insignia, sous l'effet de sa qualité et de son style, les clients vont se dire que ce doit être un modèle très cher, alors que son prix facial reste fidèle au positionnement de la marque. C'est dans ce petit décalage, à la fois objectif et subjectif, mais en tous les cas provoqué, que nous pouvons nous réclamer de la notion de Premium.

    JA. Quand vous parlez de "premier véhicule à architecture globale", voulez-vous dire qu'il sera commercialisé partout dans le monde ?
    ma. C'est un peu plus nuancé et complexe que cela. Mais c'est effectivement une plate-forme qui répond à toutes les différentes réglementations du monde et donc, le modèle peut être commercialisé sur tous les marchés. En revanche, selon les régions, le modèle ne sera pas toujours sous badge Opel et c'est pour cette raison que je préfère parler d'architecture globale que de voiture mondiale. Mais nous avons franchi une étape importante.

    JA. L'Insignia sera-t-elle commercialisée en Chine à ce niveau de qualité à l'instar de la dernière C5 par exemple ?
    ma. Elle le sera très vraisemblablement sous cette forme, même si la décision n'est pas encore officialisée. Par contre, pour le badge, il y aura un arbitrage entre nos différentes marques et ce ne sera pas forcément une Opel.JA. Quand sera présentée la version Wagon et un coupé est-il effectivement à venir très prochainement ?ma. Nous dévoilerons la version Wagon à Paris et vous serez encore plus surpris ! Par ailleurs, il y aura effectivement un coupé, mais je ne peux pas en dire plus.

    JA. Selon vous, la Vectra 2, plutôt massive et peu réjouissante, était-elle un passage obligé pour rassurer les clients échaudés par la qualité de la 1re Vectra, avant de tenter l'audace incarnée par l'Insignia ?
    ma. La 1re génération de Vectra a en effet connu des problèmes de qualité et la Vectra 2 avait donc pour mission de reconstruire les valeurs de robustesse et de qualité liées à la marque. Ce n'est que sur une base saine que nous pouvions lancer l'Insignia avec la rupture qu'elle marque. En brûlant cette étape, nous aurions tout simplement mis en danger l'Insignia. C'est l'éternelle histoire de la maison et de ses fondations.

  • Photo : Comme Ford avec Mondeo et Citroën avec C5, GM mise sur le style pour séduire.

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