Honda quitte l'Angleterre en fermant Swindon
A six semaines du Brexit, la liste des entreprises déserteuses ne cesse de s’allonger. Rien que dans l’industrie automobile, les marques qui vont ou envisagent de délocaliser leur production d'Angleterre grossit de semaine en semaine. Tandis que Ford met en garde, le groupe Jaguar Land Rover allège ses effectifs, Nissan renonce à produire son X-trail à Sunderland, Schaeffler ferme deux sites. Et il ne s’agit que d’annonces faites ces deux derniers mois. Aujourd’hui, nouveau coup dur l'industrie britannique : Honda a confirmé la fermeture, à l’horizon 2021, de son usine de Swindon. Il ne subsistera donc plus, à cette échéance, d’outil industriel de la marque sur le Vieux Continent. "C'est une décision terrible pour Swindon et le Royaume-Uni", a réagi le ministre britannique des Entreprises Greg Clarg.
"Ce n'est pas le Brexit, mais le choix du principal lieu de production de la prochaine Civic qui a présidé à cette décision", a expliqué le directeur général de Honda, Takahiro Hachigo, lors d'une conférence de presse à Tokyo. Si le constructeur n’a donc pas explicitement lié cette fermeture au Brexit, le timing laisse évident penser à cette hypothèse. D’ailleurs, Honda s’était récemment inquiété des conséquences qu’engendrerait une hausse des taxes de 10 % sur la compétitivité de ses véhicules. De l'avis des spécialistes, il est ainsi indéniable que le spectre du Brexit hante les firmes nippones. "Honda semble se préparer depuis longtemps à cette décision, mais avec le Brexit, il a peut-être précipité son exécution", explique Seiji Sugiura, analyste de Tokai Tokyo Research Institute. Selon lui et son collègue Satoru Takada, analyste automobile pour TIW, Honda discutait depuis un certain temps du devenir de l'usine de Swindon.
Brexit ou JEFTA ?
Une théorie que les députés locaux préfèrent balayer. Dans un récent tweet, Justin Tomlinson, député de North Swindon, expliquait que : "Robert Buckland (député de Swindon South) et moi avons déjà parlé à la secrétaire des affaires et à Honda. Il est clair qur cette décision est basée sur les tendances mondiales et non sur le Brexit." Le député fait référence à la stratégie de Honda de regrouper au Japon, à l’horizon 2021, sa production destinée au marché européen alors que les deux zones ont signé en juillet dernier un accord de libre-échange (JEFTA) entrée en vigueur en début 2019. Ce dernier prévoit des droits de douane progressivement réduits, ce qui, de facto, réduit l’incitation des entreprises japonaise à produire sur le Vieux Continent. C’est également ce que semble mettre en avant Honda Europe, par la voix de son patron, Katsushi Inoue. "Compte tenu des changements sans précédent qui affectent notre secteur, il est essentiel que nous accélérions notre stratégie d'électrification des véhicules et que nous restructurions nos activités mondiales. Cette décision n'a pas été prise à la légère et nous regrettons profondément le trouble ainsi créé." Le constructeur nippon cessera d’ailleurs aussi de produire en 2021 des Civic en Turquie, où 38 000 exemplaires sortaient chaque année des lignes.
Quoi qu'il en soit, la fermeture de cette usine met en péril plus de 3 500 collaborateurs chargés, depuis 24 ans, de l'assemblage de la gamme Civic du constructeur japonais. Petite consolation, le siège européen de Honda restera en Angleterre, a précisé le groupe dans un communiqué. "En collaboration avec Honda, le personnel et les syndicats, un groupe de travail sera mis en place pour fournir un soutien à l'ensemble du personnel, comme nous l'avions fait lorsque des emplois avaient déjà été supprimés chez Honda", a promis Justin Tomlinson.
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