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Constructeurs

Guillaume Sicard, Renault : "L'une de nos priorités est de démocratiser l’électrique"

Publié le 15 mai 2025

Par Christophe Bourgeois
7 min de lecture
Le directeur général de Renault France profite du lancement de la R4 pour mettre en perspective les bons résultats de la marque malgré la morosité du marché. Guillaume Sicard évoque confiant les futurs projets du groupe, articulés autour de l'accessibilité de l'électrique, du leasing social et de la rentabilité du réseau avec un chiffre d'affaires en hausse.
Guillaume Sicard, directeur commercial de Renault en France, se félicite des belles performances de la marque mais reste vigilant sur le futur. ©Renault

Le Journal de l’Automobile : Avec une progression de 8,8 % sur le marché français depuis le début de l’année et près de 100 000 ventes, alors que le marché se contracte de 7,3 %, tout semble aller pour le mieux au sein de la marque Renault… Quelles sont les raisons d’une telle réussite ?

Guillaume Sicard : Nous enregistrons effectivement de très bons résultats qui sont pour nous le fruit de notre stratégie mise en place depuis quelque temps. Elle s’appuie sur deux axes, la démocratisation de la voiture électrique en parallèle d’une offre hybride forte. Dans les deux cas, nous sommes numéro un sur le marché. Au sein de notre mix, l’électrique couvre une part de marché de 21 % et au niveau national, un modèle électrique sur cinq est une Renault. La Renault 5 est déjà numéro un des ventes avec 30 000 immatriculations depuis son lancement. Sur l’hybridation, nous affichons une part de marché de 33 % alors que notre principal concurrent, historique sur cette technologie, représente environ 20 % du marché. En parallèle, nos modèles ont un contenu émotionnel fort qui plaît aux clients. Mais dans le contexte actuel, nous savons que cette réussite peut être fragile.

 

 

J. A. : Dans un contexte baissier, de guerre des prix qui ne dit pas son nom, cette progression des ventes se fait-elle au détriment de la marge ?

G. S. : Nous avons des véhicules qui plaisent, le récent lancement de la R5 et le succès du Symbioz en sont la preuve, et nous l’espérons pour la Renault 4. Ce sont des véhicules qui, en plus de leur valeur émotionnelle, ont un contenu technologique qui correspond aux attentes du marché. Dans un contexte tendu, nous continuons à défendre nos produits, à vendre de la valeur tout en nous inscrivant dans le marché, Renault étant une marque populaire. Nous ne sommes donc absolument pas dans une logique de guerre des prix.

 

L'une de nos priorités est de démocratiser l’électrique. C’est pourquoi nous allons lancer d’ici quelques semaines la Renault 5 Five

 

J. A. : Comment y arriver dans ce cas ?

G. S. : L'une de nos priorités est de démocratiser l’électrique. C’est pourquoi nous allons lancer d’ici quelques semaines la Renault 5 Five. Nous réduisons la taille de la batterie, qui sera de 40 kWh, ce qui permettra d’afficher une autonomie d’environ 300 km, une autonomie largement suffisante dans le cas d’un usage urbain. Mais nous ne faisons aucun compromis sur le contenu émotionnel qui est une des forces de ce modèle. Cette version sera vendue 25 000 euros et sera un premier geste vers la démocratisation de l'électrique en attendant l’arrivée de la Twingo dans un futur proche.

 

J. A. : Nos confrères des Échos ont récemment publié un article sur le succès du Symbioz, considéré comme "une surprise" pour Renault. Cela l’a-t-il vraiment été ?

G. S. : (Sourires) Nous couvrons tout le spectre du segment C, aussi bien en hybride (Symbioz, Australe et Rafale) qu’en électrique (Megane E-Tech et Scenic E-Tech) et nous disposons de la plus grande couverture de ce segment. Symbioz s’inscrit dans cette démarche avec une offre rationnelle grâce à l’hybridation, à son habitabilité et à un bon rapport qualité-prix. C’est pourquoi le modèle rencontre actuellement un très beau succès (12 009 exemplaires, troisième modèle le plus vendu chez Renault, pas très loin du Captur, NDLR).

 

J. A. : À part la Clio et la Renault 5, Renault ne propose plus que des SUV dans sa gamme. Est-ce la fin de la berline chez Renault ?

G. S. : Nous répondons à la demande des clients et du marché. Nous observons que l’assise en hauteur est fortement plébiscitée et ce, dans un contexte où la population vieillit. Cette architecture permet d’entrer et de sortir plus facilement de la voiture. Mais il est vrai que, pour des questions d’aérodynamisme et d’efficience, nous ne nous interdisons pas de regarder du côté des berlines. Je pense par exemple que l’électrique peut nous permettre de revenir à des silhouettes plus basses.

 

 

J. A. : Quelle est votre analyse pour le reste de l’année ?

G. S. : Si l’on prend en compte la correction du leasing social en début d’année dernière, le marché perd 2 %. Certes, cela reste toujours une baisse, mais elle n’est pas aussi importante que celle exprimée dans les statistiques. Néanmoins, j’observe que le marché est attentiste et nous devons répondre par des offres de financement avantageuses.

 

J. A. : Le gouvernement promet un deuxième leasing social pour la fin de l’année, bien que ses contours ne soient pas encore fixés. Renault ira-t-il ?

G. S. : Nous suivrons la politique du gouvernement. Je rappelle que le leasing social, c’est un "mariage à quatre", entre l’État, le constructeur, les financiers et le réseau.

 

Dans le cadre du leasing social, il est impératif pour nous de calculer les bonnes valeurs résiduelles des véhicules qui se retrouveront sur le marché dans trois à quatre ans

 

J. A. : Sur ce sujet, Renault avait été prudent en 2024. Il n’avait pas particulièrement poussé sur le sujet, puisque la marque n’avait représenté que 20 % des immatriculations. Conduirez-vous la même politique ?

G. S. : J'entends derrière cette question le sujet des valeurs résiduelles. Dans le cadre du leasing social, il est effectivement impératif de bien les calculer afin que les véhicules qui se retrouveront sur le marché dans trois à quatre ans le soient au juste prix. Il est aussi important de bien équilibrer le mix éligible au leasing social, que ce soit en termes de modèles, de niveau d’équipements, voire de couleur, pour éviter de se retrouver avec le même profil de véhicule à la fin de la période de financement.

 

J. A. : Justement, concernant le véhicule d’occasion électrique, vous qui disposez, avec la Zoe, du parc le plus important du marché, quelles sont les tendances ?

G. S. : J'entends et je comprends les interrogations du réseau sur le véhicule électrique d’occasion car le marché manque de recul, mais à notre niveau, je n’observe aucun problème de rotation pour nos produits. Il faut dire que, pour les accompagner, nous avons mis en place des offres de financement et une de garantie, appelée 5 sur 5 Renew, très complète.

 

J. A. : Le réseau a enregistré une rentabilité de 0,8 % en 2024. C’est certes positif, ce qui est loin d’être le cas pour l’ensemble des constructeurs généralistes, mais cela reste dans l’absolu assez faible…

G. S. : Vous avez raison. Mais en parallèle, le chiffre d’affaires moyen des affaires Renault a progressé grâce à une augmentation de notre part de marché dans un marché en baisse et à la montée en gamme de nos produits, portée par l’électrique et l’hybridation, des modèles dont la valeur est plus élevée. Sur le premier trimestre et à périmètre équivalent, on constate un chiffre d'affaires total du réseau en hausse de 3,5 %. En outre, je note que la rentabilité du réseau est saine et homogène. Et si l'on se concentre uniquement sur la rentabilité VN, la progression est de 3,1 %.

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