Guillaume Josselin, directeur marketing Renault France.
Journal de l'Automobile. Comment expliquez-vous ce retard des constructeurs et cette frilosité par rapport à l'exploitation du canal Internet ?
Guillaume Josselin. Je ne suis pas sûr que nous soyons tellement en retard, en tout cas pas chez Renault. Nous sommes présents sur le Net depuis longtemps, et nous avons mis l'accent cette année sur l'approche business. Certes, il y a peut-être eu au début une réticence de la part du réseau qui voyait dans le Net un concurrent potentiel, mais ce frein psychologique est désormais levé.
JA. Vous avez lancé cet été Renault Shop. Qu'apporte ce nouveau site ?
GJ. Le site Renault Shop s'inscrit dans la stratégie Internet globale de Renault. Nous nous articulons aujourd'hui autour du site www.renault.com qui remplit une fonction corporate. Nous venons de lancer www.renault.tv qui a également une vocation image et divertissement. Le site propose des essais, des spots de pub, des films sur l'histoire de la marque. D'ailleurs, une étude démontre que 20 % des internautes viennent sur nos sites pour se divertir.
Le site Renault Z.E. est consacré au développement des véhicules électriques. Enfin, www.renault.fr, qui est un peu le centre névralgique de notre présence sur le Net, s'inscrit dans une logique commerciale. Et avec Renault Shop, nous allons encore plus loin dans cette dimension "business" en mettant l'accent sur les promotions et les bonnes affaires.
JA. Qu'attendez-vous de cette vitrine ?
GJ. Il s'agit de notre premier site de déstockage de VN en collaboration avec le réseau. Les distributeurs choisissent les véhicules qu'ils souhaitent mettre en ligne et sont libres de déterminer le prix. Le site a pour but d'accélérer la rotation des stocks du réseau afin d'aboutir à la meilleure qualité de stocks possible. Cette vitrine, nationale, nous permet de multiplier le nombre d'acheteurs potentiels. Pour manifester son intérêt, le client a le choix entre un N° vert (0 805 400 414) ou un formulaire.
JA. Pensez-vous désormais que l'objectif commercial a dépassé la recherche de visibilité sur Internet ?
GJ. La notion de vitrine reste importante, elle existe, et pour nous cette étape est réussie. Notre objectif était en 2009 de passer à l'étape suivante et développer le commerce.
JA. Formulez-vous des recommandations au réseau dans l'usage du site ?
GJ. L'idée est de mettre en priorité les véhicules les plus anciens dans le stock. Mais le but n'est pas d'avoir un site avec des milliers de véhicules mais véritablement d'exposer les "bonnes affaires" en affichant de façon visible le prix et la remise proposés. Nous n'aurions aucune crédibilité à proposer 2 % de rabais. A ce jour, nous avons environ 800 voitures et nous ne dépasserons pas le millier.
JA. Renault Shop est déployé dans plusieurs pays européens. Le modèle est-il le même ?
GJ. Le modèle est identique dans chaque pays avec quelques variantes et adaptations en fonction notamment des obligations juridiques. Depuis fin juillet, le site est disponible en Espagne, en Belgique, en Allemagne et la Grande-Bretagne devrait suivre en fin d'année.
Renault Shop s'intègre dans une stratégie globale qui est définie par la direction de la stratégie numérique, une direction monde, et répond à un objectif de réduction des stocks. En 2009, l'objectif est d'arriver à une baisse de 800 millions, voire dans l'idéal 1 milliard d'euros, de notre valeur de stock. Enfin, il est évident qu'une telle approche mondiale permet de réduire les coûts.
JA. Selon vous, est-il plus opportun de segmenter et multiplier les points d'entrée sur Internet ?
GJ. Les internautes veulent de la diversité avec plusieurs entrées. Il y a beaucoup de renvois et de passerelles entre nos différents sites.
JA. Les véhicules d'occasion ne sont pas présents sur Renault Shop. Pourquoi ?
GJ. L'accélération de notre approche commerce sur le Net est née avec le VO via le site Renault.fr. A ce jour, Renault Shop est dédié au VN mais nous n'excluons pas à l'avenir d'autres formes de commerce sur le site.
JA. Arrivez-vous à mesurer les retombées de vos sites Internet sur votre activité commerciale ?
GJ. L'efficacité sur Internet se mesure en "lead" et nous comptabilisons 200 000 "lead" dans le réseau par an. Nous avons un taux de transformation qui varie entre 10 et 15 %. Aussi, entre 20 000 et 30 000 ventes sont générées via le Net. C'est un taux plutôt intéressant qui est en progression par rapport aux années précédentes. Nous n'avons pas fait de prévisions avec Renault Shop.
JA. Quelles sont vos ambitions et attentes pour 2009 ?
GJ. Concernant Renault Shop, nous allons d'abord mesurer son efficacité, procéder si nécessaire et selon les remontées à des aménagements, travailler à augmenter sa fréquentation et nous allons communiquer sur le Net en cette rentrée pour accroître sa notoriété et son trafic.
Par ailleurs, nous attendons une rationalisation des différents sites des distributeurs en respect de l'image et de l'identité de la marque, ce qui n'est pas encore le cas partout. Nous attendons aussi des distributeurs qu'ils développent le business en local pour développer l'après-vente et les services.
JA. Comment évolue votre budget publicitaire sur Internet ?
GJ. Le Net est devenu un média à part entière et nous fonctionnons selon une stratégie média par binôme : TV + Net. De 2007 à 2009, nous avons doublé nos investissements publicitaires sur Internet qui représentent 15 % aujourd'hui de nos investissements, contre 60 à 65 % pour la télévision. Nous communiquons sur de nombreux de sites automobiles de manière à créer du trafic sur nos pages.
JA. Il existe également un dispositif d'achats médias commun avec Nissan. Quels avantages cela procure-t-il ?
GJ. Ce dispositif d'achats médias avec Nissan devrait nous permettre de réduire les coûts de publicité de 10 % en 2009 par rapport à 2008 et d'augmenter notre productivité.
*Cette même étude, réalisée par Renault, indique également que 30 % du contenu rédactionnel et des infos automobiles sur Internet sont générés par les constructeurs automobiles.
ZOOMRenault Shop à la loupe Désireux de booster la rotation des stocks de son réseau, Renault a opté pour la simplicité et la sobriété pour assurer l'efficacité de son site Renault Shop. L'utilisateur a ainsi plusieurs options pour démarrer ses recherches : par modèle, par zone géographique, par prix auxquels s'ajoute le champ "Recherche avancée" qui offre la possibilité de choisir l'énergie, la puissance ou les émissions de CO2. Il existe aussi la possibilité de simuler son financement. En revanche, puisque le stock ne devrait pas dépasser les 1 000 véhicules, il apparaît très vite aventureux de trop affiner les recherches. En effet, le concessionnaire le plus proche n'a pas forcément un modèle "remisé" à vendre et le véhicule que l'on souhaite acquérir, avec un budget précis, ne se trouve pas nécessairement dans son département. Exemple au 20 août de la recherche sur une Mégane Estate dans les environs de Marseille. On rentre le code postal 13 000 dans la fenêtre "Zone géographique" et on actionne le lien "Lancer la recherche". Une nouvelle page s'affiche et propose trois Mégane Estate bénéficiant d'une offre promotionnelle, dont la première offre qui affiche 19 560 euros (dCi 105 CO2) à - 17 %. Seulement, deux d'entre elles sont disponibles dans les filiales de Chambray-lès-Tours et la troisième chez RRG Bordeaux. Enfin, si chaque véhicule bénéficie d'une fiche bien détaillée, il n'apparaît pas en photo sur le site. |
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