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Constructeurs

Voiture électrique et bonus : les États montrés du doigt

Publié le 25 mars 2024

Par Catherine Leroy
3 min de lecture
Puisque l'interdiction de vente des véhicules thermiques est une décision politique, Jean-Dominique Senard, président de Renault, demande aux gouvernements de veiller à la disponibilité des ressources et à la poursuite des aides. Quand un industriel renvoie la balle dans le camp du champ politique !
Jean-Dominique Senard
Jean-Dominique Senard, président du groupe automobile Renault, lors de son audition devant le Sénat le 20 mars 2024. ©Sénat

Depuis le 14 juillet 2021, date à laquelle la Commission européenne a signé la fin des moteurs thermiques en 2035, les industriels ne cessent de dénoncer une décision politique sans concertation avec l'industrie. Jean-Dominique Senard, président de Renault, n'a pas fait exception à la règle dans son audition devant la Commission des affaires économiques du Sénat, le 20 mars 2024.

 

"Il est de notoriété que les constructeurs français voulaient un délai supplémentaire autour de 2040. Mais ils n’ont pas été entendus. La décision a été prise à Bruxelles à une époque où l’automobile n’avait pas le vent en poupe avec une sorte de déni sur notre capacité d’innovation. Et la décision a été prise avec une analyse d’impact proche de... pas grand chose", a déclaré le président du constructeur automobile français.

 

De nombreuses voix s'élèvent depuis plusieurs semaines pour repousser éventuellement cette échéance, mais sans le demander officiellement.

 

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Durant son audition, Jean-Dominique Senard a également suivi ce double objectif de respect de cette volonté vers le 100 % électrique dès 2030, soit cinq ans avant l'obligation européenne. Mais aussi de la poursuite du thermique, notamment dans le cadre de Horse, en partenariat avec Aramco et la recherche sur les carburants alternatifs.

 

Les constructeurs ne peuvent relever seuls les défis

 

Mais le président de Renault a également jeté la balle dans le camp des gouvernements pointant du doigt la non-prise en compte des éléments constitutifs de la batterie des voitures électriques.

 

"Tout le monde a découvert le sujet des matières premières nécessaires à la fabrication des batteries. Cette découverte a mis en lumière les défis auxquels nous sommes confrontés et auxquels personne n’avait pensé. La lucidité est la première des vertus. Malheureusement, elle est apparue après la décision", a-t-il ajouté faisant référence à la mainmise de la Chine sur les métaux rares.

 

La Chine domine en effet entre 60 et 70 % l’accès aux métaux nécessaires à la fabrication des batteries et entre 70 et 75 % l’industrie de la transformation de ces métaux. La question de la diplomatie et de la sécurité des ressources relève bien des gouvernements, tout comme le soutien financier à l'achat des voitures électriques. "L’État a fait son devoir en subventionnant les voitures électriques, qui ont un petit défaut car elles sont chères à cause des métaux, des batteries et des logiciels. Tant que nous n’aurons pas réduit nos coûts pour rendre ces véhicules plus abordables, cette aide publique doit continuer. Si elle disparaissait, nous serions dans les pires difficultés pour les vendre et donc pour respecter les normes CAFE d'émission de CO2. Nous sommes solidaires dans cette histoire", a-t-il ajouté.

 

Faisant ainsi référence par exemple au contrôle des exportations de graphite, élément essentiel de l'anode d'une batterie, que le gouvernement a décidé de mettre en place, le président du constructeur a tenu à rappeler les engagements publics nécessaires.

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