Entretien avec Pascal Schmitt, directeur général Nissan West Europe : "2007 est une année clé"

...de l'Automobile. Avant d'évoquer les résultats de Nissan France, comment passe-t-on de REA Group Suisse à Nissan West Europe ?
Pascal Schmitt. D'une manière assez simple dans le cadre de l'Alliance, mais aussi d'un cursus de carrière assez classique. Au-delà des échanges de technologies ou de plates-formes, Renault-Nissan offre également des ponts dans les ressources humaines. D'ailleurs, je ne suis pas le premier et sûrement pas le dernier.

JA. Pourquoi Nissan West Europe regroupe-t-il la France et les Pays-Bas ?
PC. Sur l'ensemble de l'Europe, nous avons fait le choix de créer des Regional Business Units qui permettent de regrouper en plaques géographiques cohérentes certains pays afin de faire jouer un maximum d'efficacité en matière de systèmes, de process, de ressources humaines… Différentes plaques existaient déjà, avec notamment la plaque nordique ou celle d'Europe centrale. Depuis le 1er janvier, nous avons créé trois nouvelles RBU : celle que l'on appelle Centre réunit l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse, une autre nommée Iberia englobe l'Espagne et le Portugal, puis celle qui nous concerne, rassemblant aujourd'hui la France et les Pays-Bas.

JA. Venons-en à vos résultats de 2006 en France, quel regard portez-vous sur le rapport volume/rentabilité enregistré par la marque ?
PC. La rentabilité a été au rendez-vous en 2006 malgré une performance commerciale en retrait, de façon incontestable, par rapport à 2005. Une partie de cette baisse est imputable à notre volonté de couper certains volumes non profitables tels les loueurs courte durée mais aussi certaines flottes. Le volume pour le volume, la part de marché pour la part de marché ne servent à rien. Notre stratégie est axée sur le profit, mais nous sommes toutefois conscients qu'il passe par un certain volume. L'autre explication de notre baisse tient au cycle de vie produits. En se tournant vers l'avenir, nous allons avoir des produits plus forts. Cette année 2007 sera la première année pleine pour le Note, nous pourrons également compter sur le Qashqai qui démarre très bien, puis le nouvel X-Trail qui sera commercialisé dès juillet. 

JA. Quelles sont vos ambitions pour 2007 ? Allez-vous réconcilier volume et rentabilité ?
PC. Avec des immatriculations en baisse de 8 % sur les deux premiers mois de l'année, nous restons dans la même logique : nous ne nous focalisons pas sur la part de marché. Puis le Qashqai n'était pas encore là. Le mois de mars marquera le début de notre redressement. Plus généralement, nous visons 52 000 unités VP + VUL. Nous affichons une vraie volonté de croissance. Il serait inexact de dire que l'on privilégie seulement la marge au détriment du volume. Comme le réseau, qui doit remplir ses objectifs de volume pour être rentable, nous devons faire de même. Il faut trouver le bon équilibre.

JA. Comment le réseau a-t-il traversé l'année 2006 ? Quelle a été sa rentabilité ?
PC. La rentabilité a atteint 0,4 % en moyenne. C'est insuffisant ! Nous avons travaillé avec lui afin qu'il puisse rapidement retrouver un chiffre plus élevé. Ceci passera par un partenariat étroit mais aussi par sa capacité à se développer sur le business des VO. Aujourd'hui, nous disposons d'un label, mais il doit être renforcé. Le réseau devra également poursuivre le développement de son activité après-vente. Le taux de couverture des frais fixes par l'après-vente, un indicateur clé de saine gestion, est encore trop faible dans la majeure partie des cas. Sans oublier que ce travail sur la profitabilité de la concession permettra également d'offrir un meilleur service aux clients.

JA. Sa densité est-elle aujourd'hui satisfaisante ?
PC. Globalement, notre couverture territoriale est satisfaisante. Il y a bien quelques points de couverture à parfaire, des ajustements à effectuer, mais nous ne sommes pas dans une logique de Big Bang.

JA. Pourriez-vous revenir sur le lancement du Qasqhai ? Quel est le volume de commandes déjà enregistrées ? Mais surtout, atteignez-vous la cible souhaitée ?
PC. Nous avons déjà enregistré près de 4 000 commandes en France correspondant au mix produits que nous avions prévu avec 80 % de deux roues motrices et une domination du dCi 106 chevaux. Cette offre semble répondre parfaitement aux attentes avec notamment des niveaux de consommations et de rejets de CO2 très attractifs. Quant à la cible visée, dans cette phase de démarrage, nous réalisons un fort taux de conquête, principalement sur des berlines du segment C, comme attendu.

JA. A quoi va ressembler Nissan dans trois ans ?
PC. Nissan sera une marque plus présente et encore plus attractive à la fois pour nos clients et notre réseau. Avant cela, 2007 est une année clé pour nous, l'année du renouveau. Après une année 2006 décevante en volume, même si nous avons su dégager une profitabilité honorable, 2007 doit nous permettre de concilier profitabilité et volume. Ce sera la première année d'un plan de croissance qui profitera à tous. Et que dire de 2009 et 2010 qui seront des années particulièrement riches en nouveautés. 

 Propos recueillis
 par Christophe Jaussaud