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Constructeurs

Entretien avec : Jacques Chauvet, directeur commercial France de Renault

Publié le 30 janvier 2009

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
Dacia peut dépasser les 50 000 ventes cette année. Année 2008 plus difficile que prévu pour Renault qui a vu ses prévisions de relance annihilée par l'irruption de la crise. Si les ventes ont bien résisté, les indicateurs...
...financiers en ont pâti. Derrière une prudence de circonstance, Jacques Chauvet se veut pourtant rassurant pour cette année.

Journal de l'Automobile. Au niveau commercial, on imagine que vous êtes plutôt satisfait par les résultats hexagonaux de Renault en 2008, n'est-ce pas ?
Jacques Chauvet. En effet, puisque sur un marché en légère baisse, nous affichons une croissance de nos volumes. Ainsi, la part de marché VP du groupe gagne un point, à 24 %, tandis que la part de marché VP et VUL s'établit à 23,7 %, soit une progression de 0,7 %. Au-delà des chiffres bruts, d'un point de vue plus stratégique, un élément mérite d'être souligné : nos ventes à particuliers ont progressé significativement, alors que nous enregistrons une légère baisse sur les ventes à sociétés et un recul délibérément piloté sur les ventes à loueurs et les VD. Au final, sur 450 000 Renault VP vendus l'an passé, 220 000 l'ont été à particuliers. Si vous incluez Dacia, ce volume monte à 280 000 unités. Par conséquent, sur les ventes à particuliers, notre part de marché progresse de 2,5 % ; une première depuis 2005. Au total, avec plus 637 000 véhicules (VP+VU) vendus en 2008, Renault représente toujours plus d'un véhicule sur quatre vendus en France.

JA. Quelle analyse faites-vous du dispositif bonus-malus sur une année pleine ?
jc. Nous en avons pleinement profité au premier semestre, même si nous aurions pu en tirer encore un meilleur parti si nous n'avions pas eu quelques problèmes d'approvisionnement sur certaines motorisations Diesel. En tout état de cause, ce dispositif est très positif : d'une part, parce qu'il a permis de soutenir le marché d'un point de vue commercial et d'autre part, parce qu'il est écologiquement vertueux. Je pense que nous pouvons dire la même chose de la prime à la casse. D'ailleurs, elle a déjà fait office de ballon d'oxygène en décembre, comme en atteste la hausse des prises de commandes dont on mesurera concrètement l'impact dès février-mars.

JA. A propos de Dacia, vous comptiez développer fortement le réseau de distribution hexagonal, à quel stade d'avancement en est ce chantier ?
jc. Tout d'abord, je rappelle que Dacia a progressé de 33,5 % en 2008 par rapport à 2007 pour s'octroyer 1,7 % de part de marché et intégrer le Top 15 des marques VP. Cette croissance va se confirmer et nous estimons que nous pouvons dépasser les 50 000 ventes cette année et viser le Top 10 à terme. Dans ce contexte, la question d'une distribution plus étoffée et plus exclusive se pose naturellement. Avec l'extension de la gamme (nous lançons le pick-up et le Van Dacia en ce moment), il faudra à terme, des installations dédiées à Dacia pour exploiter tout le potentiel de la marque. Nous y travaillons et nous réunissons d'ailleurs tous nos distributeurs en Roumanie début février pour une convention à l'issue de laquelle nous serons en mesure de vous communiquer de plus amples précisions.

JA. 20 % de vos distributeurs Renault sont actuellement considérés comme très vulnérables:  comptez-vous les aider et si oui, comment ?
jc. Je ne valide pas ce chiffre. Si les temps sont difficiles pour certains, il convient de ne pas noircir le tableau. J'attire votre attention sur le fait que nous n'avons eu à déplorer à ce jour qu'un seul cas de règlement judiciaire. Par ailleurs, je tiens à souligner que nous avons beaucoup aidé le réseau à déstocker et que nos volumes de VN en stock sont moindres qu'à la fin de l'année 2007. Et nous n'avons pas oublié nos 4 300 agents. Enfin, d'une manière plus générale, je rappelle que nous sommes mieux armés que d'autres pour affronter la crise car par le biais de l'après-vente, nous pouvons couvrir les frais fixes. De fait, les marques qui ne disposent pas de cet atout vont fortement souffrir cette année et on peut s'attendre à ce qu'elles fassent du dumping…

JA. En revanche, alors que vous tabliez sur une augmentation de la rentabilité moyenne du réseau, elle apparaît en repli, à 0,6 contre 0,9 fin 2007, comment l'expliquez-vous ?
jc. La crise a forcément des conséquences sur la rentabilité et elle s'est particulièrement intensifiée depuis septembre, comme chacun sait. Dans le détail, on constate que la rentabilité progresse sur le VN, mais qu'elle s'érode sur le VO, tout en restant stable sur le poste PR.

JA. Au final, dans ce contexte tendu et incertain, quels sont vos objectifs pour l'exercice ?
jc. Nous allons pouvoir nous appuyer sur la nouvelle Mégane et Sandero en année pleine et il ne faut pas oublier le lancement important du nouveau Scénic. Ce sera donc une année Mégane et historiquement, ce sont de bonnes années. Dès lors, sans nous prononcer sur les volumes, nous comptons améliorer notre part de marché.

JA. Et quels sont vos motifs d'inquiétude les plus aigus ?
jc. Il y en a principalement deux, qui ont de surcroît des points de convergence : l'attentisme des clients et un crédit toujours rare et cher. Ceci pourrait générer des dérapages, certains de nos concurrents pouvant s'engager dans des braderies et des guerres des prix à outrance… Ce qui serait terriblement dangereux et serait même destructeur de valeur.

Photo : Selon Jacques Chauvet, Dacia pourrait bientôt intégrer le Top 10 des marques françaises. D'où la nécessité de développer un réseau plus exclusif. Histoire aussi de préserver certaines Renault…

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