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Constructeurs

Entretien avec GILLES MICHEL, directeur général de Citroën.

Publié le 24 octobre 2008

Par Benoît Landré
5 min de lecture
Gilles Michel expose les ambitions de Citroën sur les marchés émergents et revient sur le plan de réorganisation du réseau qui devrait s'accélérer en 2009.Journal de l'Automobile. Est-ce que l'évolution...
...du mix des ventes en faveur des petites cylindrées vous a pénalisé ?
Gilles Michel. Vous avez dix points de marché qui ont basculé des véhicules de plus de 160 g de CO2/km vers les véhicules de moins de 130 g, donc des véhicules à malus aux véhicules à bonus, et c'est véritablement l'écotaxe qui a déclenché le mouvement. Au milieu, ça n'a pas bougé. C'est très net et spectaculaire. La tendance est certainement générale même si elle n'est pas aussi marquée qu'en France. Mais cela n'a pas du tout pénalisé Citroën. Le groupe PSA a le plus bas taux d'émissions de CO2 en Europe, le leader n'est pas un Allemand ou un Japonais, c'est PSA Peugeot-Citroën. En ce qui nous concerne, nous avons plus de 50 % de nos ventes qui se font à moins de 140 g de CO2/km, la part de marché sur les véhicules de moins de 110 grammes est de 25 %. Notre offre est donc très bien positionnée.
Enfin, ce n'est pas nécessairement les plus petits véhicules qui sont bonussés, mais des véhicules moins émetteurs en CO2, comme la C4 restylée qui est une berline moyenne dans le segment européen et qui émet 117 g de CO2.

JA. Comment pensez-vous compenser la chute du marché espagnol et les difficultés des marchés italiens et anglais ?
gm. Compenser je ne sais pas. Parce que tout dépend des pronostics que l'on peut avoir sur le marché lui-même. J'attends d'avoir les chiffres de septembre pour me positionner (NDLR : entretien réalisé le 23/09). Mais il semble évident que le marché européen va continuer de baisser, reste à savoir dans quelle proportion puisque le marché espagnol est en forte récession. Depuis quelques mois il est sur des bases de - 30 % à - 35 % de baisse par rapport à 2007. Le marché italien confirme qu'il est en récession, le marché anglais a basculé, et puis les autres marchés ralentissent aussi. Les commandes sont maintenant inférieures à l'an dernier, les tendances ne sont pas bonnes.

JA.  Quelles sont vos réponses face à ce contexte délicat ?
gm. Premièrement, on peut défendre les positions commerciales, c'est-à-dire les parts de marché, sous réserve de le faire en préservant la profitabilité. Il ne s'agit pas d'immatriculer pour immatriculer, nous ne le faisons pas et ne le ferons pas. Il faut une position commerciale sélective, rendue possible par des produits attractifs, innovants, technologiques.
Deuxièmement, on peut aller chercher la croissance là où elle existe, il y a encore des zones de croissance en Europe, plutôt du côté de l'Est, en Russie par exemple. Et en Amérique du Sud, sans aucun doute. Il y en a aussi en Chine que l'on a un peu plus de mal à aller chercher.

JA. Quels sont vos objectifs chiffrés en Russie ?
gm. En 2008, l'objectif en Russie est d'augmenter de 50 % nos ventes. Nous avions fait 11 000 voitures l'année dernière et l'objectif est de faire entre 15 000 et 16 000 unités cette année, ce qui n'est pas beaucoup par rapport au potentiel du marché russe. En 2009, nous souhaitons doubler nos ventes.

JA. Où en êtes-vous de votre développement en Inde ?
Le marché indien n'est pas le plus gros marché aujourd'hui, ce n'est pas celui où la croissance est la plus forte. Néanmoins, le potentiel existe, la croissance est là, et nous n'y sommes pas du tout. Donc le groupe nous a invité à ce que nous regardions de plus près les perspectives sur ce marché.

JA.
Lors de votre arrivée, vous aviez évoqué un plan de réorganisation du réseau. Où en êtes-vous de ce plan ?
gm. Nous devons encore améliorer notre qualité de service, qui n'est pas mauvaise, mais mon ambition est qu'elle soit la meilleure. Nous sommes en train de nous organiser pour pouvoir le faire de façon méthodique, systématique, professionnelle et engagée. J'ai donné rendez-vous au réseau français, notamment, en début d'année 2009 pour leur dévoiler les objectifs et les moyens pour réaliser cela.
La deuxième chose est que nous avons besoin d'améliorer la performance économique, notamment de notre réseau propre, c'est-à-dire les filiales qui représentent environ 30 % de nos ventes. C'est donc significatif. La performance commerciale est bonne, la performance économique n'est pas bonne et nous sommes en train de mettre en place les modalités et les contenus des changements d'organisation et de fonctionnement à venir.

JA. Pourrait-on alors se diriger sur un plan de reventes de filiales comme Renault l'an passé ?
gm. Il y a eu des reventes et même des rachats. Cela peut se faire dans les deux sens. C'est vrai en France comme en Europe. Cette année nous avons fermé quelques sites et nous en avons racheté. Donc, sur ce point-là, il y a une grande ouverture. En revanche, il faudrait le faire à un rythme plus soutenu pour la France.

Photo : "Nous avons besoin d'améliorer la performance économique de notre réseau propre"

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