En Chine, la production se prépare à redémarrer mais pas la consommation
Un pays arrêté, des usines qui redémarrent à peine et toujours une inconnue sur la date de reprise du commerce en Chine. Sur les deux premières semaines de février 2020, le marché chinois se serait effondré de 92 % avec à peine 5 000 voitures vendues contre près de 60 000 sur la même période en 2019, selon les dernières données de la Fédération chinoise des constructeurs de voitures individuelles (CPCA).
Selon l’Association chinoise des constructeurs automobiles (CCAM), autre grande fédération du secteur, les immatriculations ont plongé de 9,6 % en 2019, sur fond de conjoncture de guerre commerciale avec les Etats-Unis et auraient donc entamé leur 19e mois de repli.
Une production qui redémarre, une consommation à l'arrêt
Pourtant l’activité industrielle montre des signes de reprises. Chez Valeo notamment, Jacques Aschenbroich, lors de la présentation des résultats financiers du groupe, a annoncé que 32 sites, sur les 34 usines que compte l’industriel dans le pays, ont repris la production. "La chaîne logistique s’améliore de jour en jour", affirme le PDG de l’équipementier. "C’est un travail très dense et précis. Mais il est à ce jour impossible de chiffrer l’impact sur les affaires, de connaître les risques sur les constructeurs et les fournisseurs implantés. Nous n’avons pas la vision de ce qui se passe chez les concurrents, ni pour l’ensemble de la supply chain. Mais surtout, nous ne savons pas à quel rythme les consommateurs chinois vont revenir acheter des voitures. Prédire si nous pourrons rattraper le retard est irréalisable."
L’impact de la crise liée à l’épidémie de coronavirus ne pénalise pas trop l’industriel français pour lequel la production chinoise reste dédiée au marché local à 95 %. Seule 5 % de celle-ci est ensuite exportée. Le chiffre d’affaires de Valeo en Chine pèse pour 12 % de ses ventes totales pour l’année 2019. "Nos 800 fournisseurs en Chine ont redémarré leurs affaires. Nous avons pu trouver des solutions de contournement pour certains d’entre eux qui exportaient vers d’autres usines du groupe et nous pourrons donc fournir nos clients", poursuit Jacques Aschenbroich.
Faurecia, de son côté, prévient cependant que ses objectifs 2020 "n'incluaient pas le risque d'un impact éventuel de l'épidémie de Covid-19 (coronavirus, ndlr) sur la chaîne d'approvisionnement mondiale", dont la Chine représente un maillon essentiel. Et pour cause, de nombreux constructeurs ont déjà ralenti, voire stoppé certaines de leur production.
Début février, Fiat Chrysler a déclaré que l'une de ses usines européennes serait obligée d'arrêter la production dans quelques semaines car elle avait du mal à s'approvisionner auprès de ses fournisseurs chinois. Tous les constructeurs doivent faire face à des pénuries : Toyota, Hyundai, Volvo et PSA ont indiqué que le coronavirus perturbait leurs chaînes d'approvisionnement, ou risquait de le faire dans les prochaines semaines.
En Asie, Hyundai et Nissan ont fermé leurs sites en Corée du Sud. Et Jaguar Land Rover a reconnu au travers d’une déclaration de Ralph Speth, son directeur général, à la presse britannique, que des pièces étaient parvenues en Grande-Bretagne par avion, dans des valises afin de protéger durant quelques jours la production de ses usines.
Diversifer les sources d'approvisionnements
Vendredi 21 février 2020, une réunion se déroulait à Bercy avec Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et les représentants de nombreuses filières économiques. Pour l’instant, aucune annonce réelle n’a été réalisée et notamment pour qualifier cette épidémie comme un "cas de force majeure" permettant aux industriels de se tourner auprès de leur assureur pour incapacité de production ou même pour étaler certaines charges.
Seul un appel à "maintenir toutes les mesures d'étalement de charges, d'activité partielle ou de dérogations sur les heures supplémentaires", qui avaient été mises en place lors du mouvement des gilets jaunes et des
grèves contre la réforme des retraites, a été annoncé par le ministre.
D’autres catastrophes majeures, comme le Tsunami au Japon, ou encore l’épidémie du Sras (Syndrôme Respiratoire Aigüe Sévère apparu en 2002 en Chine) ont déjà impacté l’activité industrielle du secteur mais celle-ci pose clairement la question de l’optimisation de la chaîne d’approvisionnement. Comme le précise le PDG de Valeo "accepte-t-on le risque ou peut-on le baisser ? Avoir deux sources d’approvisionnement dans une zone géographique permet de le diminuer."
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.