Detroit : Dernier round d’observation ?

...est encore de mise.

Bien qu'écartés du hall principal d'exposition, les constructeurs chinois n'ont toutefois pas fait le voyage pour rien. Après une phase de curiosité évidente, qui dure depuis leur première apparition en Occident avec notamment des copies devenues célèbres, aujourd'hui se pose la question de leur arrivée sur le marché. Américain en l'occurrence. Les constructeurs présents directement tels Geely, BYD ou Changfeng n'avancent pas réellement de dates, annonçant simplement "aussi vite que possible" ou "d'ici 3 à 5 ans". Seul Chamco Auto, un importateur basé dans le New Jersey annonce clairement la couleur : "Nous voulons être la première société à importer des voitures chinoises aux Etats-Unis, au Mexique et au Canada, dès la fin de cette année." Et une discussion avec William Pollack, le président de Chamco Auto, nous en apprend davantage. Comptant déjà un réseau de 75 points de vente aux Etats-Unis et 50 au Canada, le président annonce d'ores et déjà ses objectifs pour 2008 : 8 000 unités au Canada et 18 000 aux Etats-Unis. Il s'agira d'un SUV et d'un pick-up respectivement facturés 13 750 et 13 250 dollars. Deux produits fabriqués par ZXAuto, un constructeur chinois qui exporte dans 52 pays. Et comme pour crédibiliser encore cette démarche, cet importateur exclusif expose son organigramme tel un trophée avec notamment Steve Saleen, le fondateur de la marque Saleen. Toutefois, cet optimisme doit être tempéré car pour l'heure les dits véhicules n'ont pas encore reçu leur homologation pour le marché nord-américain. Le dernier point est d'ailleurs le seul trait commun avec les autres constructeurs chinois présents à Detroit, qui eux sont nettement plus prudents.

"Ne pas rater son entrée sur le plus gros marché du monde"

Geely, le premier constructeur privé chinois qui ne cache pas ses ambitions à l'horizon 2010-2015, affirme simplement vouloir vendre "aussi vite que possible" sur le marché américain. Dans la même veine, BYD ne veut "pas hâter les choses" pour ne pas rater son entrée "sur le plus gros marché du monde". "Nous nous efforçons d'apprendre des constructeurs du pays et nous écoutons beaucoup de distributeurs, d'analystes…", explique-t-on chez BYD. Dans cette optique d'implantation "sérieuse", certains envisagent même une production ou de l'assemblage CKD dans la zone Alena. La menace semble donc sérieuse mais pas immédiate. Rick Wagoner, le patron de GM, estime en effet qu'entre 5 à 10 ans seront nécessaires pour que les constructeurs chinois soient des concurrents sérieux. Selon lui, cela découle notamment du fait que l'industrie automobile chinoise est encore trop fragmentée avec pas moins de 300 constructeurs actuellement. Puis le président de GM a parlé de la capacité des chinois à "retenir les leçons du passé", évoquant leur aptitude à s'inspirer des succès enregistrés par les constructeurs japonais et coréens. Reste le problème de la distribution, et là Tan Mingan, président de l'association de promotion des entreprises chinoises à Detroit, a été clair : "la distribution est la clé". Mais une distribution pour quels produits ?

Les véhicules hybrides chinois sont prêts

Si dans un premier temps, les constructeurs chinois ont laissé penser que le prix serait leur principal atout, il semble que ce ne sera finalement pas le cas. En effet, si jusqu'ici la quasi-totalité des constructeurs chinois s'est illustrée avec des copies de modèles occidentaux, certains prennent soin aujourd'hui d'y ajouter de la technologie. Les voitures hybrides et électriques sont devenues incontournables pour eux. Ainsi BYD Auto, en plus de sa célèbre copie, la F8 mariant l'avant d'un CLK et l'arrière d'une Mégane CC, présentait sa technologie hybride et hybride rechargeable. Rappelons que BYD Auto est une filiale de BYD, une société spécialisée dans les batteries pour téléphones portables depuis 1995. En 2003, BYD a racheté un constructeur d'Etat pour se focaliser notamment sur ces motorisations d'avenir. Le constructeur revendique d'ailleurs le dépôt de 1 000 brevets par an dans ces domaines. La F6DM, présentée ici sera même commercialisée en Chine avant la fin de l'année. Même chose chez Geely qui présentait l'Hifun, une berline tricorps hybride. Ces offres seront-elles suffisantes pour mieux respirer pendant les prochains Jeux Olympiques de Pékin ? Rien n'est moins sûr.

Photo : Les constructeurs chinois suscitent toujours l'intérêt. Ici, le stand Geely durant sa conférence de presse.