Deloitte anticipe l'impact désastreux du Brexit sur l'automobile
La version radicale du Brexit ramènera le Royaume-Uni dix ans en arrière, au plus fort de la crise financière. Tel est le constat dressé par l'étude de Deloitte, parue ce 8 février 2018. Dans son enquête, le cabinet a évalué l'impact de la sortie de l'Union européenne sur l'industrie automobile et il apparaît que les pertes seront abyssales, dès 2019.
Dans ce scénario du pire, Deloitte estime que le marché va retomber à 2,28 millions d'immatriculations en 2019, contre 2,19 millions d'unités en 2009. En comparaison, IHS Automotive tablait sur un total de 2,83 millions mises à la route, en cas de maintien du Royaume-Uni dans la zone économique, en 2019. Certes, les productions locales seront avantagées en progressant de 17 % (+60 000 unités), mais la France perdra 83 000 exportations (-36 %, à 144 000 unités) et les Allemands pas moins de 255 000 unités (-31 %, à 555 000 unités). Le reste de l'Europe accusera un repli 312 000 unités (-36 %, à 556 000 unités), au profit des productions en provenance du reste du monde (+40 000 unités, soit +7 %, à 610 000 unités).
Traduits en pièces sonnantes et trébuchantes, ces reculs s'élèvent à 12,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Pour l'Allemagne, cela correspond à une perte sèche de 6,7 milliards d'euros, à 15,1 milliards d'euros. La France rendra alors 36 % de chiffre d'affaires, à 3 milliards d'euros, selon Deloitte. Le Royaume-Uni gagnera 17 %, à 11,6 milliards d'euros. Le "hard Brexit" coûtera 900 millions d'euros, dans la colonne du profit, qui s'élèvera en 2019 à 3,7 milliards.
1 800 emplois français sur la sellette
De l'avis des experts du cabinet Deloitte, il en résultera une mécanique d'augmentation des prix. Dans le cas d'un Brexit ferme, un véhicule vendu au Royaume-Uni coûtera en moyenne 15 % de plus, si la hausse des coûts de production et les taxes d'importation sont répercutées sur le consommateur. Il faudra donc compter 3700 euros de plus dans les concessions (à 27 600 euros). Une production française prendra en moyenne 4 300 euros (à 25 100 euros), tandis qu'un véhicule en provenance d'Allemagne grimpera de 5 600 euros (à 32 100 euros). Si les véhicules venus du reste du monde limiteront l'impact, avec 2 300 euros de hausse (à 25 500 euros), ceux originaires d'Europe accuseront 4 300 euros de hausse (à 27 900 euros). Même les productions locales subiront une inflation de 800 euros (à 27 700 euros).
L'étude de Deloitte a de quoi inquiéter de notre côté de la Manche. Dans l'Hexagone, 5 000 personnes participent au commerce de véhicules destinés au marché britannique, dont 3 400 sur les chaînes de production. Potentiellement, les conséquences d'un Brexit seraient alors la suppression de 1 800 emplois sur notre territoire.
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