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Constructeurs

DaimlerChrysler : Le divorce du siècle ?

Publié le 2 mars 2007

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Après l'annonce d'un nouveau plan devant conduire à la suppression de 13 000 emplois d'ici 2009, le groupe Chrysler suscite de nombreuses interrogations. D'autant que DaimlerChrysler n'exclut "aucune option", y compris la vente. En route vers le divorce du siècle ? Le...

...plus gros mariage du 20e siècle aurait-il du plomb dans l'aile ? En tout cas, cette union-fusion de 1998, qui devait conduire le nouvel ensemble vers des sommets de rentabilité n'a pour l'heure pas tenu ses promesses. Ceci étant, est-ce une raison suffisante pour engager une procédure de divorce ? Dieter Zetsche, le patron de DaimlerChrysler et ex-N°1 de Chrysler sous l'ère Schrempp, a annoncé n'exclure aucune option y compris la vente du groupe Chrysler. D'ailleurs, selon l'agence Reuters, un "prospectus détaillé" sera bientôt à la disposition d'éventuels acheteurs. Toutefois, même si des intéressés se font connaître, la vente ne se fera pas avant plusieurs semaines voire des mois.
Cependant, cette annonce doit être tempérée par un passé récent où l'on remettait en cause l'avenir de Smart. On envisageait alors pour la petite marque du Mercedes Car Group, qui n'a jamais dégagé l'ombre d'un bénéfice depuis 1998, une vente voire une fermeture pure et simple. Finalement, Smart a fait des coupes sombres et tente un dernier pari avec la nouvelle fortwo. Toutes proportions gardées, n'est-ce pas le même cas avec Chrysler ? Tom LaSorda vient d'annoncer un nouveau plan de rigueur devant notamment conduire à la suppression de 13 000 emplois (16 % des effectifs), ainsi que la fermeture d'usines afin de réduire la capacité de production de 400 000 unités par an. Dans le même temps, il a annoncé un investissement de 2,3 milliards d'euros dans des groupes motopropulseurs moins gourmands et la recherche de nouveaux partenariats pour développer les ventes à l'international. Ainsi, Dodge sera introduit en Chine dès cette année. De plus, l'offensive produit promise par le groupe Chrysler commence à prendre forme grâce à de nombreux partenariats. Ainsi, la plate-forme de la Dodge Caliber, réalisée avec Mitsubishi, n'en finit plus d'être déclinée, facilitant les économies d'échelle. Côté VUL, le Sprinter de Mercedes s'est ouvert une nouvelle carrière outre-Atlantique sous la marque Dodge. Il en va de même pour le bloc essence 2,4 litres que l'on retrouve sous le capot de nombreux produits Chrysler-Jeep-Dodge. Baptisé World Engine, ce bloc est issu d'une coopération avec Mitsubishi et Hyundai. Quant aux mécaniques Diesel, indispensables à l'Europe, elles arrivent tout droit de chez Volkswagen. Un partenaire allemand qui partage également une plate-forme de monospace avec Chrysler. Le groupe a même signé un accord avec le Chinois Chery sur des petites cylindrées. Voici pour un scénario relativement optimiste avec en toile de fond l'exemple de Smart. Mais il en existe également un autre, le cas Mitsubishi, où DaimlerChrysler n'a pas hésité à tailler dans le vif et lâcher la marque japonaise. Mais les liens n'étaient peut-être pas aussi étroits.

Des acheteurs potentiels se sont-ils déjà déclarés ?

Chrysler a de nombreux partenaires. Ces derniers seraient-ils intéressés par le rachat du groupe ? Volkswagen et Hyundai ont fait savoir qu'ils ne l'étaient pas, tout comme GM ou Renault-Nissan d'ailleurs. Reste peut-être Toyota qui est toujours prêt à discuter. Une autre solution paraît plus probable aujourd'hui : les fonds d'investissements. Selon le Financial Times, quatre fonds auraient tenu des discussions avec DaimlerChrysler. Il s'agirait des fonds Apollo Management, Blackstone Group, Carlyle Group et Cerberus Capital Management, ce dernier ayant déjà racheté à GM une partie de GMAC l'année dernière.
Rappelons que Chrysler a déjà supprimé près de 40 000 emplois entre 2000 et 2005 pour tenter de renouer avec l'équilibre. Ce ne fut pas le cas, ni pour Chrysler ni pour les autres constructeurs américains et les pertes continuent de s'accumuler. En 2006, le groupe Chrysler a dû faire face à une perte opérationnelle de 1,118 milliard de dollars. Certes ce n'est pas les 12,7 milliards de Ford en 2006 ou les 11 milliards de GM en 2005, mais Dieter Zetsche et les actionnaires semblent perdre patience. Et puis, il ne faut pas oublier que les difficultés antérieures de Chrysler ont bien failli faire "plonger" Mercedes, le fleuron du groupe. Après de gros efforts, notamment sur la qualité, Mercedes a redoré son blason et est redevenue une marque rentable, mais il est hors de question pour les dirigeants de revivre à nouveau un tel trou d'air ! Quoi qu'il en soit, Tom LaSorda, le patron du groupe Chrysler, a informé ses salariés que la décision ne serait pas prise avant plusieurs mois.


Christophe Jaussaud

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