Christian Klingler, membre du directoire de la marque Volkswagen.
Journal de l'Automobile. Après huit mois, quel bilan tirez-vous de l'activité de la marque Volkswagen dans le monde ?
Christian Kingler. La marque Volkswagen a enregistré de bonnes performances. Nous avons réussi à augmenter notre part de marché, représentant, ainsi, une bonne partie de la performance du groupe. Nous avons su tirer parti de notre présence sur des marchés porteurs comme la Chine, le Brésil mais aussi l'Allemagne sous l'impulsion de la prime à la casse. D'une manière plus large, nous avons gagné des parts de marché dans 90 % des pays où nous sommes présents. Pour revenir sur le Brésil, la marque Volkswagen est redevenue leader du marché.
JA. Quelles sont les raisons de cette bonne santé ?
CK. Les produits tiennent bien évidemment une place importante. Nous avons eu la chance d'avoir les bons produits au bon moment. Nous avons su anticiper quelques tendances lourdes du marché qu'illustrent parfaitement nos offres BlueMotion sachant marier plaisir de conduire et basses consommations. De plus, nous avons également rapidement mis en place un bon management de crise en agissant notamment très vite sur les stocks. Cet ensemble de raisons expliquent les bons résultats de la marque. Une marque que les clients apprécient de plus en plus. C'est un travail de tous les instants auquel nous croyons beaucoup.
JA. Les primes à la casse évoluent ou vont être stoppées, comme en Allemagne. Cette situation fait-elle naître des craintes sur les conséquences possibles ?
CK. Il y aura évidemment un impact. Après un pic à 60 millions en 2007, le marché mondial devrait perdre cette année près de 13 millions d'unités. Imaginez quel aurait pu être le repli sans l'ensemble de ces aides gouvernementales. Les Etats ont bien réagi avec de beaux succès comme en Allemagne ou en France. Enfin, nous craignons seulement ce que nous ne connaissons pas. En l'occurrence, nous savons ce qu'engendre l'arrêt de ces aides.
JA. Malgré le contexte, le groupe Volkswagen poursuit ses investissements, notamment en Chine ou aux Etats-Unis. Est-ce la condition sine qua none pour atteindre le leadership mondial mais surtout profiter au mieux de la sortie de crise ?
CK. Nous avons une stratégie mondiale et les investissements consentis, en Chine ou aux Etats-Unis par exemple, s'y intègrent parfaitement afin de profiter de la croissance actuelle mais surtout future. Nous allons également lancer la production dans une nouvelle usine en Inde dont on connaît le potentiel. En Russie, même si aujourd'hui les effets de la crise y sont très forts, le potentiel demeure. Nous investissons dans de nouvelles usines et des produits bien ciblés. Ainsi, pour le marché américain, nous avons développé des modèles spécifiques répondant parfaitement aux attentes des clients.
JA. Audi investit fortement dans son réseau, notamment en Europe. Volkswagen fait de même avec son réseau américain. Qu'en est-il de votre réseau européen ?
CK. Nous avons déjà largement fait évoluer notre réseau en Europe et les résultats sont bons. Mais nous n'imposons rien aujourd'hui vu le contexte. Cependant, si des distributeurs investissent dans de nouveaux bâtiments ou entament une lourde restructuration, nous les invitons logiquement à suivre. Puis, nous travaillons également les process, les hommes. Un domaine où nous allons renforcer nos efforts, réfléchir à notre nécessaire adaptation. Y compris réduire notre propre complexité. Nous considérons notre réseau comme un véritable partenaire qui doit améliorer sa performance aussi bien financière qu'au service du client.
JA. Le règlement européen arrive à échéance en juin 2010. Quel est votre point de vue quant à son évolution ?
CK. Je suis avant tout favorable à un partenariat avec les concessionnaires. Il y a et il y aura un règlement, nous nous y conformerons, mais nous ne devrions pas en avoir besoin.
JA. Jusqu'à la présentation ici à Francfort de la e-Up vous aviez été relativement discret sur l'électrique. Vous l'annoncez pour 2013, n'est-ce pas finalement assez tard quand des concurrents annoncent une commercialisation en 2010-2011 ?
CK. Le véhicule électrique se développera mais il est difficile de dire quelle sera sa part de marché dans un avenir relativement proche : 2,3 ou 5 % ? Fidèle à l'une des valeurs de la marque qui est de démocratiser la technologie, nous voulons proposer ici une solution sûre et maîtrisée. Nous serons prêts en 2013. Puis l'électrique ne représente qu'une des solutions d'avenir car il ne faut pas oublier l'hybridation, nous lancerons d'ailleurs un hybride en 2010, mais aussi l'amélioration continue des technologies existantes. Aujourd'hui, une Polo TDi affiche une consommation de 3 litres. C'est inférieur à une Prius plug-in !
JA. Quel sera le rôle de la Up dans votre stratégie 2018 devant vous conduire à la première place mondiale ?
CK. La Up va nous permettre de jouer un rôle plus important sur un segment où jusqu'ici nous n'étions pas très présents. Nous allons offrir des solutions en parfaite adéquation avec les attentes de la clientèle. D'ailleurs, déjà beaucoup de clients de la marque mais aussi des non-clients, ont confirmé cela lors de tests mettant, notamment, en scène le design. Puis la Up sera compétitive tant au niveau des tarifs que du marketing. Je vous rappelle d'ailleurs que l'homme qui a marketé la Fiat 500, Luca de Meo, est maintenant chez nous. Un ensemble d'éléments qui nous rend extrêmement optimistes pour ce produit.
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