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Constructeurs

Bio-éthanol : un lancement en grandes pompes

Publié le 9 juin 2006

Par David Paques
4 min de lecture
Le Super Ethanol 95, l'E85, est officiellement homologué en France. Il n'est pas encore disponible mais la préfecture de la Marne donne l'exemple avec l'acquisition de 7 Focus BioFlex. "Le Super Ethanol 85 est officiellement né". Par cette annonce des plus...
Le Super Ethanol 95, l'E85, est officiellement homologué en France. Il n'est pas encore disponible mais la préfecture de la Marne donne l'exemple avec l'acquisition de 7 Focus BioFlex. "Le Super Ethanol 85 est officiellement né". Par cette annonce des plus...

...solennelles, François Loos, ministre délégué à l'Industrie, met la France sur la voie des bio-carburants. Paru le 1er juin au Journal Officiel, l'homologation de l'E 85 est désormais officielle. Pour l'heure, les quelques propriétaires de Focus BioFlex ou Saab Bio-power peuvent toujours chercher des pompes aux quatre coins de l'Hexagone, leur quête restera encore veine. Mais peut-être plus pour longtemps. Car si la préfecture de la Marne est pour l'instant la seule à utiliser le procédé, bientôt d'autres collectivités, comme la ville de Paris, suivront. L'objectif du gouvernement est, en effet, d'autoriser complètement ce carburant à compter du 1er janvier 2007. A ce moment précis, du bio-éthanol coulera-t-il peut-être de nombreuses pompes. "Nous souhaitons que les bio-carburants représentent 7 % de la consommation nationale d'ici 2010 et 10 % d'ici 2015. Cette homologation ne constitue qu'une étape", rappelle François Loos. Une escale incontournable qui s'accompagne d'une volonté industrielle claire : l'Etat a décidé l'allocation de 2 milliards d'euros pour la construction de 16 sites de production. La capacité de production française de bio-éthanol devrait ainsi atteindre les 900 000 tonnes de bio-éthanol en 2008, contre 100 000 aujourd'hui. Un programme d'envergure qui devrait, par ailleurs solliciter 25 000 emplois, selon le ministère.

"Le bio-éthanol mérite une fiscalité juste"

S'il est, somme toute, légitime de s'enorgueillir de la volonté du gouvernement à développer les bio-carburants, une donne cruciale reste encore à paramétrer. La mise en place d'un programme industriel et la reconnaissance légale des produits ne peuvent suffire à garantir le succès de ces carburants "propres". Seule une fiscalité appropriée semble, en effet, être en mesure de séduire constructeurs, distributeurs et consommateurs. "Le gouvernement ne peut pas installer une fiscalité désavantageuse. Ce serait ne pas aller au bout de ses objectifs", commente Eric Saint-Frison, P-dg de Ford France. "Le bio-éthanol mérite une fiscalité juste, ajoute René-Paul Savary, président du Conseil général de la Marne. Nous devons donc avoir un écart tarifaire conséquent entre les carburants verts et les carburants fossiles", persiste-t-il même. Des dispositions d'autant plus nécessaires que les propriétés kilométriques du bio-éthanol se montrent moins avantageuses que celles de l'essence traditionnelle. Entre 20 et 30 % selon les modèles. En Suède, où plus d'une centaine de pompes distribuent quotidiennement l'E 85, le gouvernement a, par exemple, fixé son prix à 0,60 € le litre, contre 1,10 € à l'essence classique. Charge à l'Etat français de plancher rapidement sur la politique à tenir. Et à ce sujet, l'exemple du Brésil peut sans doute inspirer le gouvernement. Grâce à une politique fiscale cohérente et l'adhésion des filières agricoles et automobiles, les véhicules fonctionnant au flexi-fuel, ont représenté 75 % du marché en 2005, contre 3 % deux ans plus tôt. Dans la foulée de cette homologation, le gouvernement vient donc d'installer un groupe de travail associant le secteur de l'automobile, les distributeurs de carburants et les représentants du monde agricole. La vie du bio-éthanol en France est lancée.


David Paques





3 QUESTIONS A

Michel-Edouard Leclerc, P-dg du groupe Leclerc


"Nous sommes pionniers"


Journal de l'Automobile. Coiffer les pétroliers traditionnels au poteau est pour le moins surprenant pour un groupe comme le vôtre ?
Michel-Edouard Leclerc. C'est, en effet, la première fois que nous sommes pionniers en la matière. Il est assez intéressant de noter que cela s'est fait sans rivalité et sans heurts. Car, habituellement, dès que nous tentons de casser le monopole des pétroliers, cela se finit en procès contre nous. Nous allons donc pouvoir continuer à travailler sur le sujet. D'ailleurs, notre réseau est prêt à monter petit à petit en puissance pour la distribution de ce carburant.


JA. Quels sont les étapes qu'il reste à franchir avant une distribution de masse ?
M-EL. Pour nous, il subsiste encore deux obstacles. D'abord, cela dépend de l'offre de véhicules adaptés à ce carburant. Ford est le premier, Saab est également prêt. Nous savons que Renault y travaille, mais d'autres constructeurs doivent pousser dans cette voie. L'autre point déterminant sera, à mon avis, la fiscalité. Celle-ci doit être rapidement définie pour que nous puissions lancer véritablement la machine.


JA. C'est finalement une très bonne opération de communication pour vous ?
M-EL. Certainement. Mais ce n'est pas aussi simple. Le gros problème que nous avons, c'est que la communication des majors, concernant les carburants traditionnels, sont souvent basées sur la pureté et l'homogénéité de leur produit. Comme certains disent que si nous vendons de l'essence moins cher, c'est parce que nous encrassons plus, il est donc difficile pour nous de communiquer clairement sur la qualité de ces nouveaux carburants.

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