Batteries : bientôt des cellules européennes ?
Difficile de se priver de 40 % de la valeur d'un véhicule. C'est pourtant ce qui arrive aujourd'hui aux constructeurs européens avec les véhicules électriques car la très grande majorité des cellules constituant les batteries arrivent d'Asie et principalement de Chine, de Corée du Sud et du Japon.
Les européens ne sont donc pas vraiment maîtres de leur stratégie et/ou de leur approvisionnement même si des accords, parfois décennaux, existent. Une dépendance que l'Union européenne a identifiée, très tardivement, et à laquelle, elle tente aujourd'hui d'apporter une réponse avec la mise en place d'un "Airbus des batteries". Un catalyseur nécessaire pour tenter d'exister à l'avenir face à la Chine qui concentre déjà plus de 60 % des capacités mondiales de fabrication de cellules lithium-ion.
Cependant, les constructeurs n'ont pas attendu l'UE. La dernière annonce privée en date concerne Volkswagen. Le constructeur investira "près d'un milliard d'euros" pour implanter à Salzgitter, en Basse-Saxe, un site de production de cellules de batterie. Bien que stratégique, la production des cellules, qui relève de la chimie avant tout, n'est pas un domaine réellement investi par les constructeurs. Sauf peut être par Toyota qui vient de créer une coentreprise avec Panasonic réunissant leurs compétences dans le domaine.
Plus largement, tous les constructeurs ont signé des accords avec des spécialistes asiatiques (CATL, LG Chem, Panasonic, etc.) afin de sécuriser leur approvisionnement et produire au plus près des marchés avec l'implantation d'usines en Europe. C'est par exemple le cas du chinois CATL qui va bâtir une usine en Allemagne pour fournir BMW et VW semble se diriger vers cela avec son annonce. Audi assemble une partie de ses batteries à Bruxelles, pour l'e-tron Quattro, mais les cellules (ainsi que des batteries complètes) arrivent de l'usine polonaise de LG Chem.
Toujours est-il que, dans ce cas de figure, les constructeurs ne maîtrisent toujours pas la technologie et ses valeurs ajoutées. L'Airbus des batteries, où 5 à 6 milliards d'euros, dont 4 milliards d'argent privé, vont être investis, changera-t-il la donne ? Peut-être à long terme mais pour les générations de voitures électriques de la décennie à venir il y a peu de chance.
Mais cet exemple des batteries sera peut-être utile pour ne pas "manquer" la prochaine évolution stratégique. La Chine vient d'intégrer dans le rapport de travail annuel du gouvernement le soutien et la promotion des véhicules à hydrogène. La pile à combustible et l'hydrogène, qui ne sont toutefois pas oubliés dans les politiques publiques actuelles, mériteraient bien qu'un Airbus décolle à l'heure.
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