Ambiance glaciale chez Saab
Le divorce est-il consommé entre Saab France et son réseau ? Quand, à la mi-décembre nous braquions les projecteurs sur une liste de distributeurs en partance (JA n°1101), nous ne mettions alors en lumière que les prémices d'une révolution sans précédent au sein de la marque suédoise. Un signe avant-coureur, témoin d'un mal plus profond. Les choses ont drôlement évolué depuis. Elles se sont envenimées, pourrait même-t-on dire.
Début janvier, exaspérés, les concessionnaires se sont unis et ont fondé le Groupement des distributeurs et réparateurs agréés Saab de France, placé sous la présidence de Christian Chauvot, concessionnaire à Mâcon. Ce dernier, fort d'une expérience identique au sein du groupement Hyundai, a emmené son bureau à la rencontre d'Yves Pasquier-Desvignes, lundi dernier.
Saab, la marque sans statut
"Nous n'avons aucune réponse à nos questions" s'indigne Christian Chauvot. Celles-ci portaient dans un premier temps sur la situation juridique. "GM est incapable d'affirmer le statut de Saab AB", rapporte le président du groupement. Sont évoqués les termes de "processus de cession avec repreneur" ou encore de "processus d'aménagement des structures à un tiers partenaire qui n'est pas antinomique d'une cession". En clair, ce n'est pas clair !
"On travaille à une réorganisation à long terme ", tente d'élucider Yves Pasquier-Desvignes.
Dans ce contexte, les concessionnaires ont jugé légitime de savoir quelle mesure allait donc être adoptée à leur encontre. "Rien", leur a-t-on répondu. Il n'y a officiellement aucune directive.
A l'heure où les réseaux de marque sont informés sur les objectifs annuels, celui de Saab n'a reçu pour seule consigne que de "poursuivre sans baisser la voilure". Yves Pasquier-Desvignes n'a fixé aucun objectif de volume, "or nos business plan sont calculés en fonction des prévisions de vente", se permettent de rappeler les membres.
Dénoncer les fautes graves
Décrite de telle sorte, la situation concernerait donc l'ensemble des distributeurs Saab d'Europe. Mais nul ne fait mine de monter au créneau. "Nous tentons de prendre contact avec nos homologues en Grande-Bretagne entre autres, confie Remi Gasquet, vice-président du groupement français. Il faut rallier l'Europe", s'insurge-t-il. Il évoque aussi la piste du groupement des concessionnaires américains.
En attendant, ils vont mener une action forte. Locale. "Nous allons attaquer le constructeur", préviennent les membres du groupement. Sur les conseils de Me Renaud Bertin et Me Valérie Dor, du barreau de Lyon, ils vont, ce vendredi, menacer le constructeur de résilier les contrats "pour provoquer une négociation".
Christian Chauvot et les 36 autres distributeurs membres du groupement baseront leur argumentaire sur les trois faits graves reprochés à Saab et GM. En premier lieu, la défaillance du constructeur qui se trouve incapable d'assurer la pérennité des investissements récemment réclamés au réseau, notamment la mise aux normes "Saab Unlimited".
Un fait qui s'accompagne en second lieu d'une "dissimulation de la situation". "GM a fait de fausses annonces", martèlent les distributeurs. En effet, alors que la santé financière de la marque dépérissait, "le constructeur a soutenu à son réseau et à sa clientèle que tout allait bien et qu'il fallait continuer à investir", explique Christian Chauvot. Pour preuve, l'été dernier, une vague de courriers prévenait chaque client du rachat de Saab par Koenigsegg, une information délivrée qui n'a jamais été corrigée depuis.
En troisième et dernier lieu, le groupement compte attaquer son constructeur pour le motif "d'imprévisions totales", évoqué plus haut.
"Ils veulent nous laisser mourir"
Dans les rangs de GM France, le silence est total. Yves Pasquier-Desvignes a refusé de commenter la situation. "Tous les éléments que nous avons en notre possession ont été transmis au groupement et nous ne souhaitons pas interférer dans les discussions en cours", a-t-il fait savoir par l'intermédiaire d'une porte-parole.
Me Renaud Bertin prévient : "Si nous n'aboutissons à rien par cette voie, nous les attaquerons quand même pour escroquerie et incitation à l'escroquerie", faisant référence à la commercialisation en ligne de la Nouvelle 9-5, indisponible en France, jusqu'à preuve du contraire.
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