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PSA, Renault, Seat... : quand les constructeurs se mobilisent dans la lutte contre le coronavirus

Publié le 31 mars 2020

Par Alice Thuot
6 min de lecture
Alors que le monde automobile se mobilise en faveur de la lutte contre le coronavirus, certains constructeurs se sont, en un temps record, organisés afin de fabriquer une denrée rare mais essentielle aujourd’hui, des respirateurs.
En Espagne, dans son usine de Martorell, Seat a mis au point son respirateur OxyGEN.

 

Depuis le début de la crise du coronavirus, le monde de l’automobile se mobilise : sur les réseaux, les annonces des constructeurs, distributeurs, équipementiers et plus globalement acteurs de l’industrie automobile, fleurissent pour mettre en avant les dons de masques, de gants à usage unique, de solutions hydroalcooliques ou encore de housses de siège jetables de voiture. Sans compter les opérateurs de mobilité qui mettent à disposition des véhicules au personnel hospitalier et les réseaux de distribution qui prêtent gracieusement des véhicules à ces professionnels, tout en maintenant leurs ateliers ouverts.

 

Mais certains constructeurs ont souhaité aller bien plus loin en entamant une reconversion plutôt étonnante : de fabricants de véhicules, qui ne trouvent de toute façon pas preneurs en ce moment, ils souhaitent devenir aujourd’hui producteurs de respirateurs, denrée rare et précieuse pour ces milliers de personnes aujourd’hui en réanimation.

 

PSA prête main forte à Air Liquide

 

A l'issu d'un Comité d'entreprise, PSA a officialisé, ce mardi 31 mars, son projet de participer à la fabrication de respirateurs, en collaboration avec l'unique producteur national, Air Liquide, mais aussi avec Valeo et Schneider Electric. "Les équipes de PSA ont été visiter le site de production d'Air liquide à Antony, pour découvrir le projet, et, très humblement, voir ce qu'il était possible de faire", a expliqué Yann Vincent, directeur industriel & Supply Chain chez PSA. Objectif du groupe automobile : aider Air Liquide à rapidement accroître sa capacité de production de respirateurs pour faire face à la demande.

 

PSA interviendra pour ce faire lors de deux étapes : la première, l'assemblage des blocs mécaniques composés d'éléments fournis par Air Liquide. Cet assemblage aura lieu dans la propre usine du constructeur, à Poissy, dans un atelier de 1 000 m2, qui devrait voir le jour cette semaine. Seconde contribution, la participation à l'assemblage final sur le site d'Air Liquide à Antony. Ingénieurs, techiciens, opérateurs : une cinquantaine de collaborateurs PSA seront depêchés pour cette mission à Poissy, tout autant à Antony. "Il n'y a aucun doute que allons avoir plus de volontaires que de besoin, puisque nous répondons à une cause nationale qui ne fait pas débat", reprend Yann Vincent. PSA annonce d'ailleurs la vente de ces respirateurs à prix coûtant. "Nous ne facturerons à Air Liquide que nos coûts spécifiques, dont les salaires. Nous ferons zéro marge", précise Yann Vincent. La production devrait commencer début de semaine prochaine. 10 000 respirateurs devraient être fabriqués d'ici mai, dont la moitié livrée à la fin du mois d'avril.

 

Renault, qui, étonnament, ne fait pas partie de ce consortium, a, de son côté, déjà fabriqué son premier modèle, après deux semaines de travail de 150 collaborateurs issus de tous les corps de métier. "Les premiers prototypes sont effectivement en test, a confirmé Eric Marchiol, chargé de l’usine du futur chez Renault à France Info. Il y a encore des problèmes à résoudre. Il faut que nous trouvions, Renault ou autre, une solution industrielle. Ce sera peut être une combinaison de solutions entre une solution automobile et des choses qui peuvent se faire dans l’électroménager ou ailleurs." Le constructeur français espère pouvoir produire dès la semaine prochaine 500 respirateurs dans son Technocentre de Guyancourt. 

 

Un modèle final déjà en validation chez Seat

 

Certains constructeurs ont déjà largement dépassé ce stade de l’expérimentation. C’est le cas de Seat qui s’est lancé dans la production de respirateurs grâce au moteur de ses essuie-glaces, dans son site historique de Martorell. "Passer de la production de voitures aux respirateurs en un temps record est le fruit du travail intense de nombreux collaborateurs de Seat et d'un moteur très puissant : la solidarité", explique le constructeur. Depuis une semaine, ce sont en effet 150 employés qui travaillent sur un modèle final après avoir réalisé pas moins de 13 prototypes. Chaque respirateur possède plus de 80 composants électroniques et mécaniques.

 

"La modification d'une chaîne de montage qui fabrique des châssis pour la production de respirateurs a été un travail difficile dans lequel de nombreux secteurs de l'entreprise ont été impliqués, et nous l'avons fait en un temps record", explique Sergio Arreciado, de la zone d'ingénierie des processus de Seat. A l’heure actuelle, le modèle final, baptisé OxyGEN, subit un test à long termes dans le cadre du processus d’approbation.

 

Ford et GM sous pression

 

Outre-Atlantique, sous pression de Donald Trump, les constructeurs nationaux ont aussi annoncé se lancer dans ce défis. GM s’est ainsi s'est rapproché de Ventec Life Systems, un fabricant d'appareils médicaux, pour mettre au point des respirateurs artificiels dans son usine de Kokomo, dans l’Indiana. Les premiers exemplaires, approuvés par l'agence fédérale du médicament (FDA), seront livrés à partir d’avril. Le constructeur fabrique également des masques pour médecins dans son usine de Warren dans le Michigan.

 

Ford a de son côté indiqué avoir déjà commencé à livrer des dizaines de milliers de masques de protection aux hôpitaux et à la police, dont celle de New York. Des équipes du constructeur travaillent avec GE Healthcare, division santé de General Electric, afin d’accélérer la production des respirateurs simplifiés, et avec 3M pour augmenter la production des respirateurs d'épuration d’air. 50 000 ventilateurs seront ainsi produits dans les 100 prochains jours, dans l’usine de Ypsilanti, dans le Michigan.

 

A l’arrêt, la Formule 1 se mobilise

 

La Formule 1 n’est pas non plus en reste, alors que les courses sont aujourd’hui toutes déprogrammées jusqu’à début juin. Sollicitées par le gouvernement britannique, sept écuries, dont le siège se trouve dans le pays, se sont associées dans le projet Pitlane. Mercedes AMG Petronas Formula One Team, Red Bull Racing, McLaren Racing, Renault F1 Team, Racing Point F1 Team, Haas F1 Team et Williams F1 Team vont ainsi analyser du matériel médical pour le reproduire, fabriquer des pièces pour respirateurs puis enfin, concevoir en intégralité ce matériel. Le process n’est pas inconnu pour certaines écuries comme Williams F1 Team, qui dispose déjà d’une division créant une passerelle entre la F1 et le secteur médical.

 

Ce travail collaboratif a son importance puisque les résultats des équipes seront partagés au sein du Projet Pitlane. "La capacité unique de la F1 à répondre rapidement à des défis techniques et technologies permettra à l'association d'apporter son aide", précise la Formule 1 dans un communiqué de presse. Trois autres écuries de F1 songent à rejoindre l'effort commun. Scuderia Ferrari et Scuderia Alpha Tauri, basées dans le pays le plus touché au monde par le coronavirus, souhaitent aussi fabriquer des respirateurs. Alfa Romeo Racing (Sauber) a indiqué s’être rapproché du monde médical pour apporter sa contribution.

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