Pièces : le problème des retraites
Lorsqu’on interroge Robert Hanser, la patron de la rechange du groupe Bosch, sur la question de la disponibilité des pièces, il n’hésite pas à revenir en arrière, au bon temps des voitures, qui déclaraient forfait au bout d’une quinzaine d’années et pour lesquelles aucun remplacement n’était envisagé. Réparait-on des pièces pour une voiture dont on voyait la route à travers le plancher ? la question se terminait face à la tôle, effondrée. Aujourd’hui, non seulement les voitures durent jusqu’à fêter leurs 20 ans en toute tranquillité et le parc continue de vieillir, tout doucement et sûrement. Pour les équipementiers, le problème s’affiche protéiforme. Tout d’abord, il s’agit d’investir largement et de façon pérenne en logistique, en stockage puis en identification des pièces. Comme on pourra le lire dans les entretiens qui suivent, ce sont des milliers de m2 d’entrepôts que les uns et les autres sont obligés de construire, comme Corteco, Bosch ou encore ZF. Ce sont aussi des relais logistiques que l’on conserve pour répondre à la spécificité locale, Corteco dégage l’export de son centre de Nantiat pour lui réserver les pièces du marché français, quant à Guy Maxis, président de ZF France, il préfère parler du “meilleur des deux mondes” à savoir un centre logistique européen, doublé par un stock France. Sur Equip Auto, le message se voulait clair : choisissez des partenaires qui vous épauleront jusqu’au bout, en mettant à la disposition des pièces pour les voitures plus anciennes plutôt que ceux qui cherchent à faire des coups pour de meilleurs coûts à courte vue… Une bonne retraite, cela se paie !
Identifiez-vous
Parler de logistique sans évoquer la grande question de l’identification des pièces nous conduirait à une impasse. Et le thème s’est invité sur Equip Auto, un peu en double réponse à l’actualité de pré-salon : le retour du débat sur la pièce de carrosserie et l’avancée d’Internet. D’une part, les grands systémiers ont fait part de leur travail de “pédagogie” à Bruxelles afin que les constructeurs facilitent l’identification exacte d’un véhicule - il serait dangereux de se tromper de système de freinage parce qu’on ne réussit pas à mettre en parallèle la voiture et la pièce -, et d’autre part, la vente par Internet, qui progresse et dont les codes méritent d’être éclaircis. Cela amène à d’autres impératifs tout aussi primordiaux comme l’explique très bien Lucia Veiga Moretti, présidente de l’Aftermarket de Delphi, qui travaille à corréler toutes les informations des sites de production première monte avec les codes VIN des véhicules pour établir un véritable catalogue des pièces. Cela induit d’ailleurs une part active de sa stratégie qui consiste à développer la production de pièces dédiées à la rechange dans les sites OE pour élargir le portfolio.
Mécanos à l’heure électro
On notera également dans les préoccupations du salon, la problématique des nouvelles technologies, de l’accompagnement des acteurs du terrain et de la formation. Trois grands axes de développement des professionnels de la rechange. Sur la grande partie des stands, on voyait des démonstrations de matériels les plus divers, de montage et de démontage des pièces, et du passage de la mécanique à l’électronique. Si, bien sûr, le véhicule électrique essayait de se placer au centre du monde, comment réparer un véhicule, aujourd’hui, “ordinateur sur roues” se voulait plus rassembleur. Que des équipementiers comme Bosch et ZF n’hésitent pas à privilégier l’annonce de leur partenariat en termes de formation sur un système complet donne le ton. La montée en puissance de l’électronique va générer de plus en plus d’accords de ce type et renforcer la position des acteurs de première monte. C’est ainsi qu’on a pu voir sur de nombreux stands comme Schaeffler, avec son tunnel d’innovations, Corteco avec les produits Freudenberg qui ne sont pas encore en rechange, NTN-SNR avec les dernières générations de roulements de roues etc. des présentations de produits d’origine que les réparateurs verront d’ici quelque temps en rechange ; Cela pour affirmer la nécessité d’un partenariat entre distributeurs et fournisseurs détenteurs du savoir-faire première monte.
Du diag’ au “reman”
Pour pouvoir suivre la pièce jusque dans ses derniers retranchements, et surtout dans sa participation, en rechange aux enjeux environnementaux et économiques du moment, il convient de s’arrêter un moment sur le diagnostic et les stratégies qui en découlent. En clair, une pièce (ou un système) ne vaut rien, si l’on ne peut pas détecter son mal-être, d’où la profusion des fabricants d’outils de diagnostic sur le salon. Mais, par extension, elle ne peut bien fonctionner que si elle est bien réglée : d’où de nouveaux appareils afin de respecter les taux de CO2 et une bonne utilisation, y compris et surtout pour des pièces anciennes. Du bon usage de la retraite dira-t-on. Cela passera aussi par des centres experts, voir Bosch et Delphi, par exemple. Et pour être complet, par le remanufacturing des pièces qui a été un grand volet d’un salon aux allures d’exhaustivité.