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Social

Mercedes taille dans le vif

Publié le 14 octobre 2005

Par Alexandre Guillet
3 min de lecture
Mercedes vient d’annoncer un plan social prévoyant la suppression de 8 500 emplois en Allemagne. Un remède de cheval qui doit permettre à la marque de revenir dans la roue de ses concurrents et de redorer quelque peu son blason. Dans la famille des cost-killers, Dieter...

...Zetsche, nouveau président de Mercedes appelé à remplacer prochainement Jürgen Schrempp à la tête de DaimlerChrysler, est en train de se tailler une place à part. Après avoir validé un plan de 40 000 suppressions d’emploi aux Etats-Unis entre 2000 et 2004 pour redresser Chrysler, il vient d’annoncer un plan social portant sur 8 500 emplois pour remettre Mercedes sur de bons rails. Soit 9 % des effectifs de l’entreprise qui emploie actuellement 94 000 salariés en Allemagne ! Cette annonce a été reçue comme une décharge électrique par une industrie automobile allemande déjà ébranlée par les licenciements massifs attendus chez Volkswagen ou Opel par exemple et par les difficultés rencontrées par certains de ses équipementiers de renom. Pour les salariés du groupe et leurs représentants syndicaux, c’est un coup de massue car les prévisions les plus pessimistes tablaient auparavant sur 5 000 suppressions de postes. Groggy, Jörg Hoffmann, responsable de la section syndicale d’IG Metall sur le site historique de Stuttgart, a dénoncé “une coupe douloureuse décidée et développée dans les étages supérieurs de la direction sans base concrète, la direction du groupe restant dans le brouillard sur la mise en place et la justification de ces réductions d’effectifs”.

Un coût de l’ordre de 950 millions d’euros pour Mercedes

Les salariés allemands étant “protégés” par l’accord de garantie d’emploi signé en juillet 2004, Mercedes ne devrait pas avoir recours à des licenciements secs. Il incitera plus vraisemblablement près de 3 600 salariés à opter pour la préretraite et 5 000 autres à partir via un système de primes qui reste encore à préciser. Par ailleurs, 1 400 employés pourraient constituer une équipe de main-d’œuvre itinérante intervenant au gré des besoins. Ces mesures, qui doivent être appliquées dans les douze prochains mois, représentent un coût de l’ordre de 950 millions d’euros pour le constructeur. Mercedes ne remet cependant pas en cause ses prévisions 2005 et notamment la hausse de son bénéfice d’exploitation. Pour justifier ce traitement de choc, Dieter Zetsche met en avant la nécessité de redonner de l’air à Mercedes Car Group (Mercedes, Smart et Maybach), qui est passé dans le rouge au niveau de l’exploitation pour la première fois depuis treize ans au 1er trimestre 2005 avant d’afficher un chétif bénéfice de 12 millions d’euros au 2nd trimestre. Minée par des problèmes de qualité et de fiabilité, comme en a témoigné le vaste rappel de 680 000 Classe E, Mercedes est mise à mal par ses concurrents, Audi, Lexus et surtout BMW. En outre, la marque porte comme un fardeau les pertes financières et les dérives stratégiques de Smart. Les analystes financiers et la Bourse ont bien accueilli l’annonce de ce vaste plan social, mais le doute relatif au maintien de la paix sociale au sein du groupe subsiste néanmoins. En effet, les sites de Sidelfingen, Untertürkheim, Mannheim et Brême ont récemment été le théâtre de mouvements sociaux et suite à la réforme de “la santé” et à la législation Hartz contre le chômage, l’humeur de la classe ouvrière allemande tourne aujourd’hui à l’exaspération. Le risque de grèves et de débrayages intempestifs existe donc bel et bien.


Alexandre Guillet

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