Les enjeux de l’entretien professionnel
Promulguée en mars 2014 et effective depuis le 1er janvier dernier, la réforme de la formation professionnelle ne cesse de susciter débats et interrogations. Après les questions soulevées par l’introduction du futur Compte personnel de formation (CPF) en remplacement du Droit individuel à la formation (DIF), une autre mesure phare de la réforme concentre aujourd’hui l’attention des entreprises et des organismes de branche. Passée presque inaperçue, l’obligation pour chaque entreprise de s’astreindre d’ici mars 2016 à la réalisation d’entretiens professionnels biennaux pour chaque salarié s’avère être une révolution. Distincts des entretiens annuels d’évaluation, ces derniers ont vocation à sécuriser les parcours professionnels et les emplois en mettant l’accent sur les actions de formation et sur l’acquisition de compétences. Un esprit aux antipodes du côté légal et fiscal de l’ancienne mesure dans laquelle les entreprises devaient contribuer de manière uniquement financière à l’effort de formation, à hauteur de 0,9 % de leur masse salariale. “Avec cette réforme, nous rentrons dans une démarche où l’accès à la formation devient une ardente obligation pour toutes les sociétés tout en posant de véritables enjeux pour elles”, estime Michel Mourgue-Molines, directeur général d’Intergros, l’OPCA du négoce et de la distribution. Tous les deux ans, les salariés pourront faire le point sur leurs perspectives d’évolution au sein de l’entreprise tant en termes de qualification que d’emploi. Cet échange donnera lieu à la rédaction d’un document récapitulatif légal.
Une construction qui a du sens
Cette introduction se trouve complétée par un autre entretien, réalisé quant à lui tous les six ans, censé répondre à un double objectif : celui de vérifier si les entretiens biennaux ont bien eu lieu, mais aussi si le salarié a bien bénéficié, durant ces six années, d’une évolution de sa rémunération, d’une action de formation et d’une évolution de sa qualification. Trois points clés susceptibles de faire l’objet de sanctions en cas de non-respect, comme l’explique en détail Michel Mourgue-Molines : “En l’absence de deux de ces trois mesures ou de la tenue des entretiens, le salarié bénéficiera d’un abondement correctif synonyme de 100 heures de formation supplémentaires créditées sur son CPF et utilisable sur son temps de travail sans que son employeur puisse s’y opposer”. Ce dernier se verra par ailleurs apposé une pénalité de 3 000 euros pour un salarié à temps plein à verser soit à l’OPCA, soit au Trésor public (les choses étant encore en cours de définition). Des sanctions censées encadrer la mise en place de cette réforme et non contraindre les entreprises à s’y plier, Intergros estimant d’ailleurs que les choses ont été construites avec bon sens. Son directeur général se veut rassurant : “On peut penser que cette réforme posera problème aux petites et moyennes entreprises, mais, dans les faits, il leur sera possible de remplir au moins deux des trois critères, le plus difficile concernant l’évolution du niveau de qualification.”
70 réunions d’information
Pour prévenir les doutes et les interrogations, l’organisme multipliera les actions dans les prochains mois. Parmi elles, 60 formations clés en main sur ce sujet seront réalisées tout au long de l’année dans la France entière, complétées par 70 réunions d’information plus générale organisées en comité restreint de sorte à n’éluder aucune question. Alors que les inscriptions viennent d’ouvrir, la tendance prouve qu’Intergros ne s’est pas trompé, le succès étant déjà au rendez-vous. Pour éviter le syndrome de la page blanche, les équipes de l’organisme vont également outiller les entreprises avec des matrices d’entretien professionnel construites et validées par les partenaires sociaux de la branche. Adaptés à chaque métier, ces documents guident le manager dans cette démarche, mais aussi le salarié en détaillant leur échange et en étayant les buts de celui-ci. Pour compléter le tout et répondre à la vocation formatrice de ces entretiens, Intergros s’est également attaché à cartographier les formations accessibles à chaque entreprise et communiquera dessus lors des prochaines semaines. A un an de l’échéance finale, tout semble donc prêt pour que cette nouvelle mesure soit adoptée, en douceur et sans grande difficulté.
Romain Baly
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