Les défaillances d'entreprises auto ne sont pas terminées
Il faut encore s'attendre à un certain nombre de défaillances d'entreprises dans la filière automobile française, tant du côté des équipementiers que des distributeurs. Les immatriculations y sont toujours à la baisse et le transfert de valeur entre les constructeurs et les équipementiers ainsi que les sous-traitants devrait rester d'actualité jusqu'en 2025 (la part des équipementiers dans la création de valeur dans le secteur devrait passer de 61% en 2012 à 69% en 2025, selon une récente étude d'Oliver Wyman).
La Coface vient en outre de faire passer l'indice de risque de crédit de l'ensemble de la filière automobile à très élevé dans l'Europe des quinze (il est de modéré en Asie et de moyen en Amérique du Nord)*. "Il y a eu trois millions d'immatriculations en moins dans l'Europe des quinze depuis 2007", explique Khalid Aït-Yahia, économiste senior à la Coface.
Des défaillances en hausse de 11%
Très logiquement, il faut donc encore s'attendre à une augmentation des défaillances d'entreprises dans le secteur auto en France. "Depuis juillet 2012, elles ont augmenté de 11,1% en nombre, avec 2265 défaillances, de 35,4% en coût, avec un coût financier pour les fournisseurs de 206 millions d'euros, et enfin de 5,78% en effectif, avec 5500 emplois supprimés", souligne Patrice Julé, responsable de l'arbitrage de la branche secteurs métaux et automobile de la Coface.
Les catégories de professionnels concernées majoritairement par les défaillances comptabilisées depuis juillet 2012 ? Les équipementiers et les distributeurs automobiles. Ces derniers ont participé aux défaillances à hauteur de 74% (ont notamment fait partie de ces défaillances celles des équipementiers SEG, Quinton Hazell France, et des distributeurs Moselle Automobiles et PCN Automobiles). "Nous devrions donc continuer à assister au développement de groupes de distribution multimarques", poursuit Patrice Julé
Intérêt et importance des marchés turque et russe
Autre phénomène susceptible de continuer à marquer le secteur automobile européen : l'intérêt croissant des constructeurs pour les marchés turque et russe. Mais rien d'étonnant à cela. Avec un coût horaire du travail moyen de 4,5 dollars (40 dollars en France, 25,9 dollars en Espagne et 19,1 dollars en Grèce), la Turquie est devenue une véritable plateforme d'exportation pour nombre de constructeurs (Renault y a créé un JV avec le fonds de pension Oyak et le groupe Fiat un JV avec la famille Koç). "La production locale de véhicules a été multipliée par deux entre 2000 et 2012 en Turquie", relève Emmanuelle Hirsch, économiste senior à la Coface. La part de production exportée y oscille elle entre 63% et 88%.
Côté Russie, il s'agit surtout pour les constructeurs de contenter un marché intérieur où les marques étrangères sont de plus en plus demandées. "En 2012, la Russie est devenue le second marché automobile (2,76 millions de véhicules vendus, soit +10% sur un an) en Europe, après l'Allemagne (3,1 millions d'unités vendues, en recul de 2,9% sur un an) et le 6e mondial, indique la Coface. Elle devrait ravir sa place de numéro un à l'Allemagne en 2015." La Russie compte 260 véhicules pour 1000 habitants et la Turquie 151 (613 en Europe de l'Ouest).
Incitation gouvernementale
"Le gouvernement russe souhaite augmenter la part de l'automobile dans le PIB russe de 1% actuellement à 2,5% d'ici à 2020", poursuit l'assureur-crédit. Ledit gouvernement incite au développement d'infrastructures, cofinance des projets et offre sa garantie d'investissement, tout ceci afin d'attirer le maximum d'investisseurs étrangers. "Le ministre de l'Industrie espère que plus de 5 milliards de dollars d'investissements iront dans les différentes parties liées à la production et à la fabrication de composants", relève aussi la Coface. Cela explique peut-être que de nombreuses alliances ont été scellées ces dernières années et mois en Russie…
*L'indice de risque en Amérique du Nord est susceptible de passer à modéré avant la fin 2013, nous a fait savoir la Coface (les ventes de véhicules ont augmenté de 13% aux Etats-Unis en 2012 avec 14,8 millions d'unités et elles ont enregistré une hausse de 7,3% sur le premier semestre 2013).
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