Le syndicat américain UAW radicalise son discours
La politique et l'industrie automobile font rarement bon ménage, sur la partie visible de l'iceberg tout du moins, c'est-à-dire dans la chambre d'écho grand public médiatique. Après le lamento des syndicats italiens face à la partition proposée par Sergio Marchionne, après l'endiablé bal des hypocrites cadencé par les hommes politiques français (à l'exception d'Eric Besson) autour de Renault Tanger, voici que Bob King, charismatique président de l'UAW, jette un pavé dans la mare Outre-Atlantique...
Force symbolique : la saillie de Bob King a eu lieu à Flint, 75 ans après la grève historique qui avait permis aux syndicats d'infléchir la position des dirigeants de GM. Bob King est clairement entré en campagne et a d'ailleurs appelé à tout faire pour assurer la ré-élection de Barack Obama.
Si ses précédents discours s'arcboutaient déjà sur la défense des classes moyennes, ils introduisaient cependant des éléments de modernisme pour la définition d'un nouveau pacte social. A Flint, Bob King est revenu à un syndicalisme plus radical, voire caricatural.
Extraits. "Nous devons tout faire pour ôter notre pays des mains de l'aile droite républicaine qui a pris la démocratie en otage", stigmatisant que 1 % de happy few dictaient leurs lois aux autres 99 %. "Nous devrons manifester davantage", en donnant rendez-vous le 25 avril à Detroit lors de l'assemblée des actionnaires de GE. "Il est totalement immoral que des entreprises qui dégagent des milliards et des milliards de dollars ne payent pas la moindre taxe".
Plusieurs éléments permettent d'expliquer ce changement de ton. Tout d'abord, la campagne américaine se précise. Par ailleurs, Bob King a récemment été attaqué au sein même de l'UAW, certains représentants lui reprochant un manque de fermeté dans les négociations avec les grands dirigeants automobiles.
En outre, le syndicat a beaucoup perdu en représentativité ces dernières décennies (1,5 million de membres à la fin des années 70 pour 370 000 environ à la fin de l'année 2010) et un repositionnement sur les classes moyennes peut lui permettre de gagner du terrain chez d'autres constructeurs, étant entendu que les effectifs des constructeurs américains ne peuvent plus augmenter significativement. Enfin, si la nomination de Bob King est confirmée au Board d'Opel, cela lui permet de préparer le bras de fer avec la direction générale. Bob King a d'ailleurs appelé les ouvriers allemands à s'inspirer de l'UAW pour assurer la survie de la filiale Adam Opel AG.
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