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Un marché mature qui cherche un second souffle

Publié le 12 mars 2013

Par Frédéric Richard
5 min de lecture
Dans le contexte que l’on connaît, certains se satisfont de chiffres stables. Toutefois, l’orage gronde et le marché se prépare à des lendemains plus difficiles. La rentabilité, en chute depuis quelques années, génère des stratégies de défense basées sur la baisse de prix, qui risquent de mettre en péril nombre de centres.
Dans le contexte que l’on connaît, certains se satisfont de chiffres stables. Toutefois, l’orage gronde et le marché se prépare à des lendemains plus difficiles. La rentabilité, en chute depuis quelques années, génère des stratégies de défense basées sur la baisse de prix, qui risquent de mettre en péril nombre de centres.

En 2012, le marché du contrôle technique a affiché une quasi-stabilité, à + 0,95 % en volume de contrôles, pour 22 658 812 visites. Un gâteau toujours de plus en plus disputé, puisque désormais convoité par 5 992 centres, soit 137 de plus que l’année dernière si l’on compte le solde d’installations auxiliaires. Si chacun des acteurs en place s’accorde à reconnaître le trop grand nombre d’exploitants, tous ont vu leurs effectifs gonfler, à l’exception de Dekra, qui affiche un solde négatif de quatre centres par rapport à l’année dernière, par le jeu des fermetures de centres auxiliaires. Avec ce même mode de calcul, l’ensemble des réseaux gagne entre six et une trentaine de centres, la palme revenant aux indépendants, sixième “puissance” de contrôle technique en France, qui a vu ses rangs gonfler de 68 centres en 2012. Ils représentent aujourd’hui pas moins de 650 sites dans l’Hexagone.

Quant aux parts de marché, les deux seuls présentant de la croissance sont Securitest (+ 0,5 %) et les indépendants (+ 0,73 %). Le palmarès 2012 confirme ainsi les positions de 2011, avec un groupe Securitest (centres Securitest et Auto Sécurité) à 33, 5 % du business, suivi de Dekra Automotive, qui draine 25,47 % des CT en France.

Concernant les taux de contre-visites, ils continuent de baisser d’année en année et s’affichent à 20,93 % en 2012, contre 21,27 % en 2011. Un chiffre qui mérite que l’on s’y attarde, car, dans le même temps, souvenons-nous que le nombre de points soumis à contre-visites est passé de 67 à 72 l’année dernière ! Plusieurs explications possibles. Soit les nouvelles occurrences, mal choisies, n’ont mis en lumière que très peu d’avaries, soit le parc s’est beaucoup amélioré en un an (sic), soit la chute des contre-visites met en avant la propension de certains centres à “laisser passer” des défauts afin de contenter des clients dont le bouche-à-oreille est de plus en plus précieux compte tenu du contexte concurrentiel qui se durcit… On peut notamment s’étonner du taux de contre-visites dans l’Hérault, qui ne dépasse pas 11 %. Les voitures du Sud bénéficieraient-elles aussi du climat confortable ?

Plus d’acteurs sur un marché stable

“Chacun sait que nous travaillons désormais sur un marché mature. Nous n’attendons pas de miracle !”, martèle Bernard Desbouvry, directeur général d’Autosur, en décrivant un début 2013 peu engageant. Il est vrai que 6 000 centres, cela fait un peu peur. Car ce chiffre rappelle que, désormais, les centres qui ouvrent n’ont plus le même potentiel, cet eldorado du contrôle technique qui a tant fait rêver une génération d’entrepreneurs. Si les études de marché des uns et des autres validaient les projets aux alentours de 3 000 visites annuelles dans les années 2000, l’ensemble des réseaux s’accorde à reconnaître que la moyenne actuelle des ouvertures est en dessous des 2 000 contrôles obligatoires.

Selon le ministère des Transports, dont dépend le contrôle technique, il appartient au responsable de centre de faire son étude de marché pour savoir si son activité sera rentable. Les pouvoirs publics considèrent donc que leur rôle se limite au respect de la réglementation. Le reste ne regarde enfin que les réseaux et les exploitants. Du coup, il semble inéluctable que la situation se poursuive en l’état. Et donc, tout aussi logiquement, la baisse de la rentabilité des centres devrait conduire de plus en plus de centres à fermer par manque d’activité. On peut s’offusquer de laisser des entreprises courir à leur perte, mais ce que vit le contrôle technique est appelé “loi du marché” dans tous les autres secteurs. C’est une règle de base du commerce qui démontre qu’à un moment donné, les moins performants ou les moins bien placés disparaissent. Le plus ennuyeux est plutôt que chacun laisse faire.

Et si le problème datait de très longtemps ? Dès 1992 et la mise en place du contrôle technique obligatoire, la France a choisi d’ouvrir totalement le marché. Alors qu’il était possible de faire autrement. Avec le recul, les pays qui mettent ou ont mis en place le CT récemment, l’Espagne ou le Portugal par exemple, ont fait preuve de plus de discernement. Là-bas, le nombre d’ouvertures est défini, ou bien la distance minimum entre les centres.

Mais ce constat n’est pas le seul problème structurel auquel doit faire face le contrôle technique. Ainsi, les acteurs du secteur eux-mêmes, vingt ans après le début de l’activité, peinent à analyser les mutations du métier. “Beaucoup de centres qui se plaignent sont des gens qui ont vécu confortablement de la manne automatique qu’a représentée le CT pendant longtemps. C’est-à-dire que les clients affluaient mécaniquement, du temps de la pénurie de centres. Personne ne leur demandait de faire du commerce”, détaille Hervé de Labriffe, directeur général du réseau Autovision VL. Alors, il est exact qu’aujourd’hui, forcément, certains exploitants ne comprennent pas l’ampleur des défis qui les attendent, s’ils veulent continuer. Et Hervé de Labriffe de poursuivre : “De nombreux centres n’utilisent pas les outils que nous mettons à leur disposition pour faire augmenter leur business. Par exemple, la relance des 3A, permettant de récupérer les clients de véhicules qui arrivent à 4 ans. Bref, ils s’excluent seuls de ce marché très concurrentiel.”

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