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“Savoir se réinventer”

Publié le 1 juillet 2015

Par Tanguy Merrien
4 min de lecture
Didier Mahé, dirigeant d’ouestfrance-autos.com estime que le marché des infomédiaires subit les mêmes évolutions que celles apparues dans la distribution automobile.
Didier Mahé, dirigeant de Ouestfrance-auto.com.

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Le possible rachat d’Autoreflex par l’Argus va-t-il changer la donne sur le marché des infomédiaires ?
DIDIER MAHE.
Je ne suis pas sûr. Bien entendu, je ne suis pas dans les coulisses du projet, mais à la lecture des différents communiqués de presse, je crois comprendre que l’Argus cherche à augmenter l’efficacité de ses sites et à densifier son équipe commerciale. Au global, je ne crois pas que cela change les règles du jeu. En revanche, nous sommes tous conscients que le secteur de la distribution automobile a changé, s’est concentré, et il est donc évident que celui des infomédiaires évolue de pair. Certains choix doivent être faits afin de sauver les rentabilités, c’est le cas d’Autoreflex… Je pense que le modèle économique que nous avons connu a vécu et qu’il faut peut-être en changer

JA. Justement, quel doit être ce nouveau modèle économique ?
DM.
Je suis convaincu qu’il faut savoir évoluer et se réinventer, comme nous l’avons fait avec Zoomcar notamment. Le modèle existant vit du volume du distributeur. Or, depuis la crise de 2008, nous avons constaté que le paysage des distributeurs automobiles s’est concentré et que seuls les plus forts sont restés. Par conséquent, les négociations commerciales ont aussi évolué et se sont durcies. En outre, l’amélioration des process au sein des groupes de distribution automobile a conduit à diminuer le volume des véhicules sur parc et à améliorer les taux de rotation. Je crois donc qu’il faut savoir s’adapter rapidement et de manière efficace car nous sommes basés sur les volumes de VO au sein des professionnels.

JA. Quelles solutions, dans ce cas ?
DM.
Je pense que la publication des VO n’a plus beaucoup de valeur, même si elle a du sens. Les clients savent quels véhicules choisir car ils ont fait leur démarche au préalable sur Internet. Leur visite n’a pour but que la négociation. Ce que les distributeurs attendent de nous, c’est de leur amener des acheteurs sur site et de les faire vendre ou acheter rapidement. Nous devons être le nécessaire relais des professionnels vis-à-vis des clients, tout en étant rapides, efficaces et au tarif adéquat. Sans ces conditions, le nombre d’infomédiaires peut vite se réduire.

JA. Vous croyez donc à une concentration du secteur ?
DM.
C’est une bonne question. Autant, il y a deux ans, j’aurais répondu par la négative à cette question, autant aujourd’hui, je reste plus circonspect. Ce sont les distributeurs qui décideront. J’espère qu’il y en aura encore trois ou quatre dans les années à venir, ce qui est sûr c’est que les deux secteurs ou du moins leurs évolutions vont de pair.

JA. Par ailleurs, quel bilan faites-vous de votre activité en 2014 et de ce début d’exercice 2015 ?
DM.
Excellent puisque nous avons connu une progression de notre CA de l’ordre de 5 % quand notre audience évoluait de son côté de 40 % ! En outre, nous avons changé le format de nos process avec une meilleure efficacité du site. Sans oublier la grande nouveauté, à savoir le lancement de Zoomcar. Quant à 2015, la tendance est très bonne et nous connaissons une nouvelle croissance de notre audience. Nous travaillons pour cela car la moindre défaillance peut coûter cher dans ce métier. Encore une fois, la publication ne suffit plus.

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FOCUS - Autoreflex dans le giron de l’Argus ?

Le 4 juin dernier, à la surprise générale, Mondadori et Axel Springer, les coactionnaires d’AutoReflex, ont annoncé par voie de communiqué la cessation de toute activité commerciale, à fin juin. L’information diffusée en interne indique qu’il s’agit d’une liquidation à l’amiable. En effet, d’après les éléments officiels, la société éditrice du site Internet rencontre de graves difficultés économiques et financières. Le groupe a donc pris la décision d’adopter un plan de reclassement en interne – au sein des groupes Mondadori et Axel Springer – et en externe. Vingt-quatre salariés sont concernés.

Si cela peut jeter un froid sur la profession, elle ne glace pas les ambitions de l’Argus. Le groupe a ouvert des négociations exclusives avec les coactionnaires d’AutoReflex. “Le site autoreflex.com va nous permettre d’apporter à nos clients une visibilité accrue sur le Net”, explique Jean-Pierre Gauthier, directeur général du groupe Argus, sans cacher sa volonté de porter un coup à Lacentrale et Leboncoin, ses deux principaux concurrents. A l’heure où nous écrivons ces lignes, il est convenu que les négociations trouvent une issue sous deux semaines.

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